ROMAN : COUREURS DE NUAGES

Pierre Luciani


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Descente à sky


Coureurs de nuages #Auteur #Style #RocknRoll #SculpteurDeMots #Anticipation #ScienceFiction #Épique #Planète #Terraformation #Ecosystème #Consortium Pierre Lucian
© Melmac-Cat



Introduction


« Coureur des nuages » est un beau titre. Rien à voir avec le carnet de route d’un pilote du Grand Nord, d’Auguste Jausseran (Canada), ni avec Vance Huxley, qui avait déjà utilisé cette métaphore pour écrire un nouvel opus de la série « Sur le Chemin des Brumes ». C’est la nouvelle œuvre de Pierre Luciani, artiste pluridisciplinaire (il est musicien et enseignant), auteur d’un premier roman remarqué, « Le sang des pères » (Editions Les Orfèvres »), que nous avions chroniqué ici-même (très noir, Corse et marseillais), en 2019. Prolixe, il est également auteur d’une nouvelle, intitulée Panopticon, parue dans l’ouvrage intitulé « Passer la Porte » (Passer la Porte éditions), et fait partie du collectif des Polardeux de Marseille (Melmac).


Cette fois, pour la couverture, aussi colorée qu’aérée, il a fait appel au grand illustrateur Franck Biancarreli, lequel a été fidèle à son univers qui entremêle science-fiction et récit épique d’un tournage en galère. Publié dans la collection « Ailleurs », dirigée par Patrick Coulomb pour Melmac, il confirme son éclectique talent.

 

Voici le pitch : le réalisateur Stonewal Richardson tourne dans la Sierra Madre l’adaptation d’un roman dont la figure centrale est Noriaka, une planète lointaine entourée de nuages éternels sur lesquels on peut glisser avec des « répulseurs », sorte de ski pour sky… Mais rapidement, les figurants indiens se désintéressent du projet de film et se mettent à prendre des risques insensés pour eux aussi courir sur les nuages de leur montagne… John L. Landolfi, un explorateur désenchanté, est envoyé par le Konsortium en négociateur auprès des indigènes.


Nuages science fiction

 

Pierre Luciani n’a pas fumé la moquette. Quoiqu’il prenne, c’est de la bonne, il nous fait voyager. Les aficionados de la SF ne seront pas déstabilisés par ses inventions et libertés créatrices : « De fait, Oneyabor n’avait pas eu son mot à dire. Il savait que si les skieurs des nuages devaient venir en masse, des pans entiers de l’écosystème planétaire, se verraient terraformer avec Atmoscorrect™, Sunconform™, et tout la panoplie associée à ce genre de chantier ? ». Il joue avec les mots, le langage, donc les sonorités, comme un musicien, un artiste-plasticien, un sculpteur avec de la matière. Les autres, moins enclin à se laisser embarquer dans le « bizarre », comme dirait un Tonton flingueur » doivent lâcher prise et se laisser séduire par le « feedback habilement contrôlé d’une guitare électrique ».


Nuages science fiction

En effet, l’auteur passe non pas du coq à l’âne, mais alterne entre le récit du tournage, écrit dans un style rock mais plus « classique », que les passages ayant trait à cette autre planète qui abrite ces drôles de personnages descendeurs de nuages. Il est question des premiers « vendredistes », qui ont gardé des relations avec la « vieille Terre » et Elmira, une « exobreed » qui combine deux origines stellaires et deux genres sexuels. Lors d’une opération militaire menée par l’Agrégation sur Rialtho IV, sa mère, capitaine de corvette terrienne avait été capturée, violée (…) puis finalement dévorée par un chef de guerre Xycarp juste après avoir enfanté…

 

Je ne spoile pas, rassurez-vous, Ielle n’a aucune intention d’agresser les Merinih (ce n’est pas une famille Corse), je vous donne une idée de l’atmosphère, davantage ambiance rock-fun Gardiens de la Galaxie, mâtiné du plus trash Starship Troopers, que du aujourd’hui désuet Star Wars. On aurait aimé qu’il développe, à propos de cet être hybride, comme son livre, court, mais dense (comme la Corse… et Napoléon, qui était petit, court sur pattes, mais costaud).


Affiches Apocalypse Now, Fitzcarraldo, Don Quichotte

Les cinéphiles apprécieront les références au mythique Apocalypse Now, de Francis Ford Coppola, ou au Fitzcarraldo, de Werner Herzog. On peut penser également au fiasco répété du Don Quichotte de Terry Giliam, finalement bouclé en 2018 (L’Homme qui tua Don Quichotte)Hasta la vista, humains niquemères ! On est à des années-lumière des romans d’anticipation (« quelle émancipation ? » se demande notre anti-héros désabusé, revenu de tout… même de la Corse, c’est dire !) « J’ai presque fini le bouquin de Pieri, écrit Luciani, c’est vrai que les évènements de son space-opéra-planet-adventures à l’ancienne, au-delà de leur aspect tiré par les cheveux, recoupent ce qui se passe ici de manière assez troublante… ». 

 

Vous l’aurez compris, l’auteur joue avec les codes et se moque des règles de bon usage. Il laisse libre cours à son inspiration et ses fulgurances, qui ne sont pas des improvisations, comme avec une guitare : 

 



nuages terraformation

« Les nuages étaient descendus des hauteurs déverser leur douces trombes d’eau tiède au fond des canyons (…) Les plateaux de montagnes se parsemèrent de milliers de ces êtres primordiaux. Un cœur discontinu de sons flûtés saturait l’atmosphère maintenant renouvelée, culminant en de joyeuses ululations mélodiques. Ce chant se percutait jusqu’au ciel, jusqu’à envelopper le globe entier, rasant des millions de vagues océaniques qui léchaient les rives de l’anneau minéral entourant la planète. Les cieux s’étaient dégagés. L’air n’était plus toxique (…) Dans l’autre hémisphère sous les rayons croisés de deux soleils strabiques, d’autres nuées majestueuses venaient en troupeau peupler la voûte céleste. Et partout, autour de Noriaka, un hymne émanant d’innombrables torses, aux couleurs arc-en-ciel résonnaient dans la joie, célébrant le retour du peuple des nuages. »

 

Toussa sans Peyotl ni Ayahusca, mais de gros joints de mota : « Tout le monde était pour ainsi dire, sur un nuage », s’amuse Pierre Luciani. Pieri, d’ordinaire si sobre, avait tiré quelques barres, il avait bien mangé et pas mal bu. » Nous, on a pas ma lu. Nous avons la peau du ventre bien fendu.

 

Guillaume Chérel

 

 

 

« Coureurs de nuages », de Pierre Luciani, 182 p, 14 €, 

Melmac, collection ailleurs(s).






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