ROMAN ET RECUEIL DE NOUVELLES: "CHANGER DE VIDE" ET "PASSER LES PORTES"

STÉPHANE MENU, ANGELA FERNANDES, LOLITA GODINEZ, EMMA DERIEN, GUILLAUME ORIGONI, PIERRE LUCIANI, PATRICK COULOMB...


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Auteur.e.s de talent en quête de diffusion


Changer de vide et Passer la porte #Écriture #Création #ChangementDeVie #MaisonIsolée #QuestionnementsPhilosophiques #Récits #Perles #AliénationSalariat #PassageInitiatique #LolitaGodinez



Introduction


Les apprenti.e.s écrivain.e.s veulent tous, et toutes, s’entendre dire qu’ils sont géniaux. Ils et elles ne souffrent pas la critique, même si elle se veut constructive. Quand ielles demandent l’avis de « pros » - qu’ils soupçonnent d’avoir découvert la clef magique pour être publié (non, on ne couche pas) - la conversation peut devenir gênante, voire désagréable. Parce qu’il ne s’agit que de travail (donc de persévérance), d’un peu de talent, et de pas mal de chance (laquelle se provoque) : rien ne tombera tout cuit. Personne ne nous attend (à part au tournant, pour nous faire un croc en jambe). Ça se bouscule au portillon. Tout le monde croit savoir écrire et pense mériter d’être publié. Ce long préambule pour présenter deux ouvrages qui mériteraient d’être connus, bref diffusés : « Changer de vide », de Stéphane Menu, et « Passer les portes », recueil de nouvelles.



Le premier, « Changer de vide », porte bien son nom (comme l’auteur), car il y a du potentiel, des fulgurances, du talent, mais ça n’est pas édité, ni distribué. Et c’est dommage, car le récit de ce journaliste de métier, en fin de carrière, n’a rien à envier à bien des daubes publiées à longueur d’année, par de « grandes » maisons d’édition peu regardantes sur la qualité d’écriture, du moment que ça se vend. C’est donc tout à l’honneur de Melmac, édition indépendante marseillaise, dirigée par un « cher confrère à la retraite », Patrick Coulomb, de publier ce long soliloque d’un homme qui rêve d’être considéré comme écrivain. Un vrai. Or, ça se ne décrète pas, ça se prouve. 

 

Stéphane Menu a déjà rempli sa part du contrat, puisqu’il a terminé un livre (ce qu’il y a de plus dur). Dommage qu’il ne soit pas distribué, car un écrivain est fait pour être lu. Le regard des autres est essentiel. Voici le mien : nous avons à faire à un érudit – et il le fait savoir – qui ne se prend pas pour de la m… tout en passant son temps à s’autodénigrer, bref à se mordre la queuleuleu. A se regarder écrire. C’est très français, au sens proustien : je me regarde écrire en train d’écrire ma mise en abyme. C’est parfois brillant, souvent touchant mais lassant à la longue. Une bonne séance chez le psy aurait sans doute fait l’affaire. L’auteur lui-même a l’air soulagé d’en avoir (enfin) terminé. Mais encore ? Le plus dur est fait. On attend la suite…


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Toujours à Marseille, « Passer la Porte » a publié un recueil de textes qui a du mal à la passer, la porte, parce qu’il n’est pas distribué, diffusé non plus. Et c’est bien dommage parce qu’il y a des perles, parmi les nouvelles publiées. Outre Guillaume Origoni, Pierre Luciani et Patrick Coulomb, cité plus haut, trois auteurs déjà confirmés, et quelques autres inconnu.e.s. (dont la liste serait exhaustive), nous choisissons de mettre en exergue trois femmes, pas seulement parce qu’elle sont débutantes. Angela Fernandes (63 ans), tout d’abord, née à Lisbonne, installée à Marseille, après avoir grandi à Paris, vécu à la Réunion et à Toulouse. Elle s’est inspirée de sa vie professionnelle, dans la communication et le journalisme (Le Matin de ParisLe Nouvel ObsRolling Stone…), pour écrire « Gagner sa vie, c’est du boulot », une nouvelle teintée d’ironie, qui décrit fidèlement l’aliénation du salariat longtemps dominé par le patriarcat. C’est à la fois drôle et corrosif. Cette dernière vient de boucler un premier roman, dont le titre provisoire « Oasis ».

 

Quant à Emma Derien, étudiante en hypokhâgne au prestigieux lycée Thiers, de Marseille, elle nous offre un conte, « Le sixième prince » que l’on dirait écrit par un vieux sage persan, tellement le style coule de source. Sur le thème de la « porte » à franchir (comme chez les «francs-maçons ?), ou pas, elle propose plusieurs manières d’affronter le monde : avec prudence, comme Prince Craintif, ou en rusant, comme son aîné, Prince Vicieux ; de manière téméraire, à l’instar de Prince Impulsif… Vous avez compris, le couard a aussi pour frère, Prince débauché, et Prince Fou : chacun lui prodiguant des conseils, à suivre ou pas, encore une fois. Mais comment savoir ce qu’il y a derrière la porte si on ne la franchit pas ? Un dernier frère saurait peut-être répondre à cette belle métaphore poético-philosophique. Déjà lauréate du prix « Coup de cœur » de la meilleure nouvelle, au concours Marcel Pagnol 2020-21, c’est assurément un talent à suivre. Une révélation qui, à n’en pas douter, trouvera un éditeur à la hauteur de son talent. Ceci dit, bravo à Louis Jauffret, coordinateur de l’ouvrage, et Guillaume Origoni (l’éditeur) de l’avoir dénichée.

 

Enfin, c’est le cas de le dire, l’ouvrage se termine avec « Digne, ding, dong » de feu Lolita Godinez (1941-2020), qui narre la sexualité débridée d’une plus que séniore dans une maison de retraite rendue Rock & Roll grâce à la personnalité enjouée d’une vieille dame indigne et fière de l’être. Ancienne monteuse, à la télé, Lolita Godinez souffrait de la maladie de Parkinson quand elle a écrit cette nouvelle hilarante. Ancienne communiste, et féministe, sa vie militante a inspiré une pièce de théâtre, intitulée sobrement « Je m’appelle Lolita Godinez ». La fameuse porte, elle l’a passé, elle, mais nous avons toujours de ses nouvelles. Rien que pour ça, qu’on se le lise ! Il est déjà collector.

Guillaume Chérel

 

 

 

« Changer de vide », de Séphane Menu, 207 p, 14, 90 €, Melmac Editions, et « Passer les portes : récits et nouvelles », 243 p, 14, 90 €, Passer la Porte Editions (on peut commander l’ouvrage à la librairie Cultures Obliques, à Marseille).





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