ROMAN : UN COIN DE CIEL BRÛLAIT

Laurent Guillaume


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L'enfant soldat et les vautours du diamant


Couverture Un coin de ciel brûlait  #Polar #Noir #HardBoiled #Action #Afrique #Traffic #Pillage #Manipulation #Cynsime #Camps #EnfantSoldat #ChiensDeGuerre #Criminels #Ultraviolence #Vengeance #HérosOmbre Laurent Guillaume



Introduction


Sierra Leone, 1992. La vie de Neal Yeboah, douze ans, bascule sans prévenir dans les horreurs de la guerre civile qui ensanglante son pays. Enrôlé de force dans un groupe armé, il devient un « enfant-soldat ». Ce gamin sensible et intelligent, dès lors qu’on l’oblige à tuer son propre père, devient une machine à tuer redouté (on le surnomme « bande-la-guerre »). Alors qu’il a horreur de la violence et de l’injustice. Il ne massacre pas sans discernement, comme ses chefs (dont Mosquito et ses « frelons »), qui vont jusqu’à devenir cannibales (ils bouffent le foie de leurs ennemis…). Lui épargne les faibles et innocents. Et ne tire que sur des adversaires armés. Il n’a qu’une obsession : s’échapper et retrouver sa mère. Devenu adulte, Neal va règler ses comptes.


Genève, de nos jours. La journaliste Tanya Rigal, du service investigation de Mediapart, se rend à une convocation de la police judiciaire suisse. L'homme avec qui elle avait rendez-vous a été retrouvé mort dans sa suite d'un palace genevois, un pic à glace planté dans l'oreille. Tanya comprendra très vite qu'elle a mis les pieds dans une affaire qui la dépasse... Ta ta tiiiin !! Trente ans séparent ces deux histoires, pourtant, entre Freetown, Monrovia, Paris, Nice, Genève et Washington DC, le destin fracassé de Neal Yeboah va bouleverser la vie de bien des gens. Celle de Tanya en particulier. Mais aussi de barbouzes et chiens de guerre… Un « affreux » va l’adopter. Il deviendra Neal McCoy. Mais voilà que déboule le vrai Charles Taylor (ancien président du Liberia) emprisonné en Angleterre…

 

Un coin  de ciel brûlant est sans doute le plus ambitieux, et le meilleur roman noir (à nos yeux) de Laurent Guillaume, depuis qu’il a commencé à publier des polars (Mako, en 2009, prix du polar VSD ; Le roi des cranes, 2010 ;  Les Eaux troubles, 2012 ; Black Cocaïne, 2013 ; Là où vivent les loups, 2018 ; Africa Connection, 2019 ; Doux comme la mort, 2020). Les héros hard-boiled ne sont pas morts. Le roman noir bouge encore. Un coin de ciel brulait est un polar qui en a… du talent.  Ancien capitaine de police, l’auteur éclectique est également scénariste pour la télé et le cinéma. Il est surtout consultant, en Afrique, pour de grandes organisations internationales (ONU-UE). Cet homme sait donc de quoi il parle quand il aborde les sujets qui fâchent sur le continent « Noir ». A sa façon, ce disciple de Raymond Chandler, et de James Crumley, est un auteur « engagé », au sens où il met toujours sa plume là où ça gratouille (les beaufs chasseurs, par exemple, dans son précédent livre). Les rapaces du trafic de diamants (entre autres) dans Un coin de ciel brulant, titre tiré d’une phrase de ce roman d’aventures, qui démarre dans les années 90. Ses livres ne sont pas formatés pour plaire au plus grand nombre. Ils suscitent la réflexion, tout en étant des « films d’action ».

 

On sent que Laurent Guillaume écrit des scénarii. Les coups de théâtre sont légion. C’est visuel et truffé de personnages, hauts en couleur (sans jeu de mots…). Il réussit le tour de force de nous rendre attachants des mercenaires, corsaires et autres pirates du monde moderne et dit civilisé. Ça commence comme un polar classique (un mort, assassiné dans un palace, un flic… un « quasi » témoin gênant). Puis ça tourne au thriller. Sauf que les sempiternels serial-killers, dont on nous rebat les mirettes, depuis le grand James Ellroy, et son excellent Dalhia Noir (sans oublier le Silence des agneaux), passent pour des boy-scouts à côté des criminels (de véritables bêtes sauvages) décrits par l’auteur, qui en a vu d’autres, répétons-le. 

 

Soudain, on se croirait dans James Bond, avec une mystérieuse américaine (miss Sharp), qui semble avoir le bras très long. Nous sommes sur la côte d’Azur, où un riche salopard se fait dessouder avec son garde du corps. Les scènes de guerre en Sierra Leone sont d’anthologie. Laurent Guillaume nous transporte dans les camps de fortunes, avec ces gamins d’une dizaine d’années, soldats « d’infortune », qui ne possèdent rien, même pas des chaussures parfois, à part la rage de survivre, la colère et des armes, blanches pour la plupart : seuls les chefs et « bande-la-guerre » ont des fusils mitrailleurs… On les drogue de force. Ils deviennent addicts à la coke, à l’alcool et au sang ; comme les mafieux repus au fric. Les soi-disant rebelles sont manipulés. La journaliste est menée par le bout du nez, alors qu’elle se croyait solide et sans faiblesses. Tous sont des marionnettes qu’on agite, à part quelques individus qui résistent avec leur sens de la morale et de l’équité. Certaines scènes sont insoutenables. 

 

On peut s’y perdre avec les logos, tels que l’AFRC et le RUF mais aussi la MINUSIL, la CEDAO, l’ECOMOG. Il est très bien documenté. Mais l’intérêt n’est pas là. Laurent Guillaume évoque des héros de l’ombre, comme cette infirmière Emilie, et raconte le cynisme froid de ceux qui tirent les ficelles et un avantage du trafic de diamants. Son vrai sujet, c’est un continent (l’Afrique) anciennement colonisé, qui continue à être pillé par les rapaces avides de fric et de pouvoir, alors que les pays sont riches en ressources naturelles et humaines.

 

Guillaume Chérel

 

Un coin de ciel brûlait, de Laurent Guillaume, 

492 p, 19, 95 €, Michel Lafon.





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