ROMAN : SHIT !

Jacky Schwartzmann  


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#Thriller #HumourNoir #Besancon #Cité #Drogue #Dealer #Suspense 


Weshland ou Vol au-dessus d’un nid de dealeurs


Shit !  #Thriller #HumourNoir #Besancon #Cité #Drogue #Dealer #Suspense Jacky Schwartzmann



Introduction


« Un Breaking Bad hilarant à Besançon », annonce l’humoriste Thomas VDB, sur le bandeau de « Shit ! », le nouveau roman de Jacky Schwartzmann. Son pitch est simple : conseiller d’éducation dans un collège, Thibault (pour ne pas dire « fromage blanc ») mène une existence tout ce qu’il y a de plus banale, lorsqu’il s’improvise trafiquant de drogue à Planoise, quartier « sensible » (pour ne pas dire « pourri ») de Besançon. Il faut dire qu’en face de chez lui se trouvait un « four », tenu par les frères Mehmeti, qui sont albanais, lesquels se font éliminer, laissant en plan 100 kg de came. C’est tentant. De l’or en barre pour « Netfric ».


Mais arrêtons-nous un instant. Avec un nom pareil, Schwartzmann, qui maîtrise bien son sujet, sait très bien qu’il s’agit de maghrébins, les ¾ du temps. Et s’il n’aborde pas la question de l’antisémitisme qui monte malheureusement dans les banlieues ghettoïsées, c’est parce qu’il se méfie des clichés « sociaux-cul’ture » : terrain glissant. A priori, pas de quoi rigoler.

 

Je continue. La voisine de Thibault, madame Ramla, est des plus pragmatiques : le quartier est pauvre, donc ils vont redistribuer les gains de la vente de la came, qu’ils ont découvert sous une baignoire. CQFD. Le petit franchouille – qui ne paie pas de mine -, va donc s’allier avec elle (et Farid, un vrai collègue de l’Education nationale sous-payé, qui va jouer le rôle d’Uber-shit), pour la bonne cause (notamment aider la famille). La morale est sauve ? Que nenni, les aminches. Car cela va se compliquer, évidement.

 

Arrêtons-nous une fois encore. Dans la vraie vie, des spots de deal génèrent de 20 000 à 80 000 euros… par jour ! Dans son livre, l’auteur rappelle qu’un joueur du PSG s’est récemment fait voler, à son domicile, une montre d’une valeur de 600 000 euros. Lui, comme Thibault, son anti-héros, et les mômes des quartiers déshérités, se disent : « Et si je pouvais gagner ces sommes d’argent faramineuses en quelques jours ? ». Suffit de comparer nos fiches de paie respectives – quand on en a – avec le prix de la barrette de shit (20 euros en moyenne).

 

Ayant moi-même sévi dans le registre de l’humour noir (politesse du désespoir…), je sais bien qu’un polar peut être léger et drôle, tout en abordant des sujets graves. Même si, au même moment, des gamins se font descendre au fusil d’assaut pas seulement à Marseille, dans de nombreux quartiers de France et de Navarre. La police est dépassée, comme les politiques hors sol. Ce qui n’est pas le cas de l’auteur de cette comédie sur fond de réalité sociale, comme savent si bien le faire les anglais, ou plus récemment « La daronne » (2017, Points Seuil), de Hannelore Cayre, jouée au cinéma par Isabelle Huppert.

 

Jacky Schwarztmann connait bien le terrain et la violence du contexte (Réda est une petite frappe, une tête brûlée, comme il y en a dans toutes les cités). Il sait bien que c’est un univers dangereux et mortifère, mais il y va quand même, comme Myriam, personnage fort de « shit ! ». Il sait pertinemment que ce sont les femmes, les mères, qui tiennent la baraque, dans les cités. Sans elles et les associations de quartier, le sport, les art, la culture, et la solidarité entre voisins (quand elle existe encore), ce serait encore pire. L’ascenseur social est généralement en panne, mais le rire reste gratuit pour tout le monde. C’est même recommandé pour la survie de l’espèce (humaine). A propos, vous savez qui touche le moins sur le prix d’un livre ? L’auteur ! Quand on vous dit qu’on a de l’humour. Celui de Schwarztmann est fin, argumenté, et nuancé. Sans manichéisme, ni sectarisme. Espérons que les producteurs éventuels du film ne vont pas édulcorer cette part majeure de son travail et ne s’arrêter qu’à l’aspect comédie. Car, en vrai, de base… comme on dit dans les quartiers, l’heure est grave. A suivre…

 

Guillaume Chérel

 

« Shit ! », de Jacky Schwartzmann, 250 p, 

19, 50 €, Le Seuil / Cadre Noir.  





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