ENQUÊTE : SEXPLORATRICES

Dalila Kerchouche


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Quand les femmes "sexe-priment", ça dépote ! Ou, repenser et panser la sexualité féminine.


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© Flammarion
Dalila Kerchouche
© sous réserve de droits




Introduction


« Déboutonnez votre cerveau aussi souvent que votre braguette », disait Clovis Trouille. Pour lire, et apprécier, cette nouvelle enquête de Dalila Kerchouche, qui avait travaillé sur les « Espionnes », mieux vaut enlever ses œillères et abandonner tout postulat sur la question sexuelle. 

 

 

Car s’il est question ici spécifiquement de la sexualité féminine (vaste programme !), je recommande sa lecture aux hommes (ou prétendus tels, tant il est vrai que la théorie du genre passera sans toute pour un archaïsme risible, dans un peu moins d’un siècle, comme la religion… Oups ! Je m’égare). 


 

Revenons à nos « sexploratrices », parties à la conquête du plaisir. Je dois avouer que ne savais pas par quel bout prendre ce livre, pour le chroniquer, tant le sujet (la « fâmme ») est riche en thématiques (historico-socio-psycho-sexologistement…). 

 

Pendant ma lecture, passionnante, j’ai parfois eu l’impression d’être un puceau (ou un coincé), ignorant tout de la « vraie sexualité, ou presque, j’exagère… 

 

Mais on apprend beaucoup. Cela va du « slow sex » à la « sexualité énergétique », la « méditation orgasmique », le tao, je vous en passe et des meilleurs…. 

 

Il est question des désirs profonds des femmes les libérées (car le pire c’est que nombre d’entre-elles ne connaissent pas leur propre corps et ses facultés quasi miraculeuses : il faut le lire pour le croire, parfois, notamment lorsqu’il est question des massages tantriques à 8 ou 10 mains, si si…).   

 

D’abord, qu’est-ce que c’est une « sexploratrice » : 

 

« C’est une femme qui déconstruit la sexualité, que son éducation et sa socialisation lui ont transmise » répond Dalila Kerchouche. « Qui invente une sexualité qui lui ressemble ». 

 

Avec ce livre, elle questionne les normes sexuelles actuelles qui favorisent plutôt le plaisir masculin, pour remettre sa jouissance au centre de la vie des femmes - pas forcément via le clitoris - pour inventer une sexualité moins codifiée, moins conventionnelle, plus libre et donc plus singulière. 

 

La journaliste, dans son introduction, confesse elle-même s’être sentie corsetée, dans son corps de femme, enfermée dans un corsage, dominée par des siècles de patriarcat. Un « corps-sage ». 

 

Dalila aime jouer avec les mots. On sent qu’elle a lu le psychiatre Jacques Lacan : « C’est une femme qui « sexplore » et s’explore. 

 

Ni rebelle, ni soumise, elle est dans l’affirmation d’elle-même, en se reconnectant à ce que Françoise Dolto appelait « le génie de son sexe ».

 

Cinquante ans après la libération sexuelle des années 70, le regard social sur la sexualité féminine est devenu impitoyable et inhibant. Ça part dans tous les sens, du plus radical (détestation des hommes) au plus rétrograde (revoir le droit à l’avortement). 

 

L’idée de l’autrice est que chaque femme, en lisant son livre, élabore sa propre définition de ce mot. Qu’elle réfléchisse sur sa propre sexualité. 

 

Tant d’injonctions contradictoires inhibent et corsètent la sexualité féminine : « Sois sexy, mais pas trop », « Sois désirable, mais pas désirante », « Sois libérée, mais ne te salis pas »… 

 

L’autrice est partie du constat qu’il existe une hypocrisie, et des contradictions, de nos jours, à propos du désir féminin, après deuxième révolution sexuelle de la décennie 2010-2020, accélérée par le mouvement #MeToo.. 

 

De plus en plus de femmes remettent en question les normes hétéro-patriarcales, les rapports de pouvoir et la domination masculine qui se jouent dans leur vie intime. C’est cette révolution féminine invisible qu’elle a voulue mettre en lumière : 

 

« Notre société valorise l’hypersexualisation des femmes, mais stigmatise celles qui cherchent à accéder au plaisir et porte sur elles un regard moralisateur et dénigrant. » 

 

On le constate sur les réseaux sociaux, où la stigmatisation des prétendues « salopes » fait des ravages, tout en véhiculant une image hypersexualisée des stars de la chanson et du cinéma. Elles sont objets de désir et non sujets de leur désir. 

 

Il est question ici de l’élan puissant de ces femmes qui se réinventent une sexualité joyeuse, égalitaire, consciente, relationnelle, émotionnelle et spirituelle. Elles se sont enfin libérées des enjeux d’une sexualité à but reproductif. 

 

Les histoires que ces « Sexploratrices » sélectionnées sont émouvantes, parfois drôle, étonnantes… Ce sont de véritables aventurières de l’intime qui n’ont peur de rien. 

 

Allant pour au moins trois d’entre-elles jusqu’à devenir « travailleuses du sexe », pour ne pas dire pute, afin d’assouvir leurs fantasmes et/ou prendre soin des autres. Des mâles en souffrance, notamment les handicapés, dans la misère sexuelle.  

 

On le savait, les femmes s’ennuient beaucoup plus vite au que les hommes. Par contre, je ne savais pas qu’elles étaient autant attirées par le « shibari », cet « art » japonais du bondage, ni par le BDSM et le Tantra… Lisez son livre, j’ai la flemme de développer ici. 

 

Ça se confirme, les femmes ont toutes en elle une Lilith qui sommeille, à défaut, potentiellement une Marie-Madeleine, capable de se transformer en « sorcière », si ce n’est en « femme-fontaine » (lisez, vous comprendrez). En femme libérée de tout carcan, tout simplement. 

 

Il n’est jamais trop tard pour s’émanciper et développer sa Libido. Même et surtout à la ménopause. Il n’y a pas d’âge pour faire sa révolution sexuelle. La moyenne des intervenantes est de 40 ans, la période des bilans. L’occasion de rouvrir, et guérir, des blessures intimes. 

La proportion de femmes abusées sexuellement par des hommes dans leur vie est affolante ; et c’est comme ça depuis la préhistoire. Enfin libérée des enfants, maris, elles apprennent à aimer leur corps (l’une des intervenantes écrit une lettre d’amour à son vagin).

 

 

Conclusion : « Sexploratrices », de Dalila Kerchouche n’est pas un énième livre surfant sur la mode du « développement personnel », qui s’avère un mouvement égocentré, nombriliste (voir cet écrivain tendance, Emmanuel Carrère, amateur de Yoga et de méditation qui finit malgré tout en hôpital psychiatrique…). 

 

Elle n’est pas tombée non plus dans le piège de l’essai moralisateur, qui prône le radicalisme sexuel et/ou culpabilise sur l’obligation au plaisir original. Elle a rencontré des femmes qui ont appris à dialoguer avec leurs partenaires (ou à les dominer…). Qui savent bien que la « parité sexuelle » ne se fera qu’avec les hommes, et non contre eux. Car ils ont été élevés d’une certaine manière, machiste, misogyne. 

 

La journaliste termine son enquête par le portrait d’une femme, Fanny, qui donne du plaisir à ceux qui n’y ont habituellement pas droit (vieillards et/ou déficients moteurs et/ou cérébraux). 

 

C’est beau, émouvant, car altruiste, et tout sauf sordide. 

 

Puis elle passe à Morgan, née garçon dans un corps de fille, ce qui l’a aidé à mieux comprendre les femmes.

 

Il est beaucoup question d’énergie, dans ce voyage au pays de la libération sexuelle. Il en ressort que chacun et chacune  peut devenir un, ou une experte de son corps, afin libérer son bassin des tensions qui bloquent l’énergie sexuelle, et de « dégénitaliser » la sexualité, pour explorer la capacité du corps entier à éprouver du plaisir. A se libérer tout simplement. 

 

Cette quête n’est pas seulement hédoniste mais aussi existentielle. Et ça ne concerne pas que les femmes. Rappelons que jusqu’à sept semaines les embryons humains ont tous des organes féminins. C’est après que ça se complique… Dommage, ça a l’air génial d’avoir des orgasmes multiples, grâce un corps épanoui dans la bienveillance et l’acceptation des différences. 

 

Vivement la réincarnation ! 

Ou la transmutation provisoire, selon son envie du moment.

 

Guillaume Chérel 

 

 

Sexploratices, de Dalila Kerchouche, 

315 p, 19, 90 €, Flammarion


Le pitch

 

Elles ont décidé de ne plus subir leur sexualité, mais d’en jouir. Elles défient les conditionnements qui ont verrouillé leur libido pendant des années. Elles bravent l’ordre social tacite qui les a privées de la puissance intime de leur sexe.


Grand reporter, Dalila Kerchouche a rencontré, pendant un an, des femmes qui ont mis leur jouissance au centre de leur vie. 

 

Le jour, elles travaillent comme puéricultrice, businesswoman, ingénieure ou médecin. La nuit, elles deviennent libertines, polyamoureuses, maîtresses dominatrices, initiatrices saphiques, effeuilleuses burlesques ou masseuses tantriques.

 

De tous âges, de tous milieux sociaux, d’orientations sexuelles diverses, elles racontent leurs étonnants voyages sensuels tels des chemins de résilience. 

 

Leur corps, longtemps abandonné, ignoré, qui se met à vibrer. Leur vagin, jusqu’alors inerte, qui s’éveille, s’anime, se tonifie, pulse, s’embrase et irradie. Leurs paradoxes, aussi, quand certaines s’attachent pour se libérer. 

 

Toutes décrivent cette force intérieure organique, quasi viscérale, lorsque le clitoris se gorge de vie et se redresse fièrement.


Elles brisent les codes d’une sexualité passive centrée sur la jouissance masculine pour inventer une nouvelle culture du désir au féminin, qui n’est plus seulement génitale, mais aussi relationnelle, égalitaire, consciente et joyeuse.


En reprenant le pouvoir sur leur sexualité, en affirmant leurs désirs comme leurs non-désirs, elles transforment leur existence. En s’affranchissant de la norme, elles gagnent en liberté intérieure.


Elles sexplorent pour s’explorer et s’exprimer. 

Écoutons-les.





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