CHRONIQUES : MERDE À L'AN 2000

Alphonse Boudard


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Le bonheur tarifé d’Alphonse Boudard


Merde à l’an 2000  #BijouLittéraire #Auteur #Scénariste #Personnalité #Authentique #ExTaulard #Style #Souvenirs #TitiParigots #CulturePopulaire Alphonse Boudard



Introduction


Alphonse Boudard n’était pas fortiche en orthographe (la « science des ânes », disait le Corse Napoléon), mais ses livres ne trichent pas : « J’intéresse plus par mon casier judiciaire, hélas, que par mes subtilités plumitives qui passent très au-dessus de la tronche du chaland qui paie, et encore plus de celles de critiques qui, eux, ne lisent qu’en biais, submergés qu’ils sont par des livres qui leur parviennent chaque jour par tombereaux. Et mon déclic de faire fortune en écrivant s’est déglingué. J’en fourguerai jamais assez pour me tirer aux Bahamas. Je reste rivé à ma chaîne, à ma machine. Je ne rêve plus à rien, tenez. » 


Romans d'Alphonse Boudard, la métamorphose des cloportes, les sales momes, le banquet des léopards

C’est du Boudard tout craché – à ne pas confondre avec Lucien -, ni Dard (Frédéric), ou Audiard (Michel), encore que… ça rime. Les deux derniers cités sont de sa famille d’écriture, comme Simonin (« Touchez pas au Grisbi », le premier auteur Français de la Série Noir) et Blondin (en moins argotique mais ça rime aussi).

 

Les éditions Le Dilettante ont l’heureuse idée de rééditer des textes de ce braqueur de mots (lui cambriolait, sans arme à feu). Le feu, il l’a connu pendant la Résistance. Ce qui ne l’empêche pas d’admirer le style de Louis-Ferdinand Céline, qui « doit tout à Zola » (Emile), écrit-il, dans une de ses chroniques, publiée en vrac ; en Dilettante. Il y en a pour tous les goûts, parce qu’il en a, et du goût et ce que vous savez… J’ai pu en juger, de visu, puisque j’ai eu la chance de l’interviewer (pour VSD), peu avant qu’il tire sa révérence, en janvier 2000. Cette fameuse année, promise au grand Bug, à qui il dit merde (le titre de l’ouvrage). C’était à Nice (lui qui est né dans le 13e, à porte de Choisy, avant l’arrivée des Chinois), où il s’était installé, et pleurait depuis peu la mort de son pote Louis Nucera.


Couverture du magazine BD L'Epatant

Ça respire les bons copains dans ce bijou littéraire comme on en fait plus. Pas un hasard s’il doit tout aux Pieds Nickelés, donc à Louis Forton, raconte-t-il, avec humour. Croquignol, Ribouldingue et Filochard sont des malfrats-bricoleurs à la petite semaine, des branquignols pas méchants ; des baltringues sympathiques. Il lisait les BD dans l’Epatant. Toute une époque ! Il ne les échangerait pas contre un baril de Sartre, Camus, Saint-Ex, Drieu, Claudel, ni même la « mémé Beauvoir », comme il la surnomme. Il n’est pas tendre non plus avec Aragon, sans s’appesantir – qui dirigeait les Lettres Françaises - , coupable à ses yeux d’avoir fermés les siens sur les crimes de Staline (ce qui n’est pas faux). Ce qui n’empêche pas le talent, voire le génie du papa d’Aurélien. Boudard, qui se gardait bien de faire de la politique, raconte s’être tout de même mobilisé pour empêcher les communistes d’interdire la Série Noire, à la bibliothèque de la prison de Fresnes, où il était incarcéré, sous prétexte que les ouvrages défendaient « l’impérialistes US ». 


Romans Marcel Aymé, Jules Renard, Jean Giono

Alors qu’outre le marxiste Dashiell Hammet, les auteurs étaient Simonin (again), mais aussi James Hadley Chase, Chandler, Goddis, Cain, McCoy, bref des auteurs d’un genre nommé aujourd’hui « Roman Noir » (donc engagé). Lui, sa came, c’est plutôt des titi parigots, genre André Pousse, l’ex-Cyclard, ou Ventura (Lino) l’ex-catcheur, pas des intellos. Et surtout… Cherel !!! Qui l’appelait Gros Mec ! Un ex-taulard, comme lui.

 

Il est beaucoup question de littérature, et d’auteurs qui l’ont sauvé de l’ennui, et de la récidive, en prison : Jules Renard ; Hardellet ; Lacassin (Francis, que j’ai aussi bien connu, spécialiste de BD et de littérature dite « populaire », préfacier de Jack London) ; Giono, qui le fit voyager en Provence ; Cendrars, le suisse « mytho », qui embarqua le patron de presse Pierre Lazareff, avec sa « Prose du Transsibérien » ; Marcel Aymé, qu’il fit découvrir à Claude Jean-Philippe, l’homme du ciné-Club, qui passait après Apostrophes.


Lino Ventura Francis Lacassin André Pousse

De cinéma, il est également question, puisqu’il fut scénariste pour gagner sa croûte. Il est question de Becker (Jacques), Clouzot, Autant-Lara, René Clément. Une autre époque, vous dis-je, puisque Boudard se souvient avec émotion avoir vu la « môme » Piaf chanter. Dominique Gaultier, son éditeur posthume, lui rend un bel hommage en le mettant « en vitrine », tel un « souteneur » qui relève les compteurs. S’il le renvoie sur le « trottoir », ce n’est pas pour faire de la retape à deux balles, plutôt en digne combattant du « petit bonheur » : 19 euros la passe littéraire, c’est donné.

 

Guillaume Chérel

 

Merde à l’an 2000, d’Alphonse Boudard, 

250 p, 19 €, Le Dilettante.







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