ROMANS : LES DAMES DE GUERRE, SAÏGON + REINE

LAURENT GUILLAUME, PAULINE GUÉNA


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Le Beau et la Bête ou deux bons romans

noirs et rouge sang coagulé


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Introduction


Si vous allez aux « Quais du Polar », qui ont lieu à Lyon, du 5 au 7 avril prochains, évitez les autrices de « srillers » formatées, et autres tatoué.e.s de salon (littéraire), qui écrivent toujours le même livre estampillé « polar avec la carte », contournez la file d’attente qui ne manquera pas de se former autour de la table de Guillaume Musso (invité pour ça), et foncez vers les deux authentiques écrivains chroniqués ci-dessous. Littérairement parlant, ils sont largement au-dessus de la moyenne.


« Les dames de Guerre : Saïgon », tout d’abord, le nouveau livre de Laurent Guillaume confirme qu’il continue de s’émanciper du genre dit « policier », et même du genre « noir », pour s’ouvrir au roman de voyage et d’aventures. Il y avait déjà des signes dans certains de ses précédents livres (« La louve de Subure », « Africa Connection »), mais ce virage, il l’a véritablement entamé avec « Un coin de ciel brûlait » (prix Folio/RTL), dans lequel il nous plonge dans le cauchemar des « enfants soldats », sur fonds de guerre civile. Il y avait déjà des journalistes, et la thématique de l’espionnage déjà aussi présente, mais l’action se passait dans les années 2000, et toujours en Afrique.


Les dames de guerre Saigon #QuaisDuPolar #Écrivains #Styles #Histoire #Femmes #Espionnage #Drogue Laurent Guillaume

Cette fois, nous sommes à New York, en septembre 1953. Le reporter de guerre vedette de Life (magazine), Robert Kovacs, a trouvé la mort en Indochine française. Une photographe de la page « mondaine » (aujourd’hui on dirait « people »), Elizabeth Cole, qui s’ennuie, depuis quatre ans, à couvrir des soirées de gala, vernissages, et autres séances de dédicaces d’écrivains prétentieux, se dit que c’est l’occasion de changer de vie. De passer à l’action, même si s’agit, a priori, d’un métier d’hommes… Elle parle français, postule, et est prend la place de la « légende », dont elle va vite comprendre que la disparition n'a rien d'accidentelle. En lui succédant, elle réalise non seulement un rêve (devenir correspondante de guerre), mais elle va devoir se dépatouiller dans un imbroglio mettant en scène gangs criminels, espions « officiels », ou officieux, mercenaires (barbouzes), tueurs à gage, contrebandiers, trafiquants d’armes ; sans oublier de mystérieuses guerrières.

 

Saïgon et Hanoï sont des pétaudières et des paniers de crabes. En se confrontant aux pires dangers, les Hauts-plateaux du Laos, Elizabeth va se prouver à elle-même, en même temps qu’aux autres, qu’elle ne s’est pas trompée de voie. En exerçant pleinement son nouveau métier, et son libre arbitre, dans des conditions extrêmes, elle se sent pleinement vivante.

Au fil des livres (une dizaine, sans compter les scénarii pour la télé), et des années, Laurent Guillaume affine son style, sans fioritures. Grâce à son expérience, il sait passer des scènes d’action aux dialogues, et planter le décor, le contexte, sans passer par d’inutiles scories géo politico-psycho-météorologiques, visant à montrer qu’il connait les guns et les mots à cent dollars de la profession de représentant de l’ordre. Ce n’est pas la seule efficacité qu’il recherche, c’est la justesse (à défaut de justice dans ce monde en désordre). Cet opus, qui remémore un pan de l’histoire de France post-coloniale à peine digérée, laisse augurer une suite.


Reine #TrueCrime #PoliceJudiciaire #Tueur #Cavale Pauline Guéna

Les femmes libres et indépendantes, Pauline Guéna, ça la connait. Journaliste d’enquête, romancière et scénariste, spécialiste de la littérature américaine (notamment du « Grand dehors »), elle s’est inspirée d’une vraie scène de crime, suite à son immersion à la PJ (Police Judiciaire), pour écrire « Reine », son nouveau roman noir. Depuis sept ans, Marco vit au-dessus d'un PMU de banlieue. Pour gagner de l'argent, il rend de « petits services », et à côté de ces activités, il est « tueur à gages ». C'est un professionnel, fiable et efficace, qui a toujours honoré ses contrats, jusqu’au jour où il commet un meurtre, de sang-froid, sans l’être (sous contrat), ce qui le conduit à fuir, pour conserver sa liberté, ainsi que l'espoir de retrouver la femme qu'il aime, Reine : « Un rayon de soleil tombe droit sur elle et la noirceur de sa chevelure est telle qu’il s’y éteint. C’est une créature aquatique, une déesse issue d’un monde ancien. »

 

C’est l’été. La cavale commence, avec aux trousses de Marco, le milieu, la police et un jeune journaliste en mal de scoop. Cette fois encore, c’est efficace, voire poétique, romanesque, mais sans les boursouflures stylistiques d’un.e auteur.e qui se regarde écrire. Ça sonne vrai, tout simplement :

 

« Il y avait une petite pièce derrière le bar avec des armes. Ras la gueule, un calibre 39, un fusil AK, une batte de base-ball, des tasers, la totale. On pense qu’il a essayé de l’atteindre. Mais le tueur est à ses basques, il tire à nouveau , cette fois on le voit faire, bras tendu, et sa victime plonge derrière le bar. Le tueur sort du champ à son tour. Deux éclairs de lumières, nouveaux coup de feu ».

 

- C’est pas la question, la loi c’est la loi. L’école c’est jusqu’à seize ans. Vous êtes tuteur légal, monsieur ?
Le vieux a posé ses mains puissantes et larges comme des battoires sur genoux écarté :
–Vous allez me chercher des poux parce que mon petit-fils a arrêtez l’école deux mois avant la date, au lieux d’essayer d’arrêter votre assassin ?
– Pour arrêter l’assassin, il faudrait un peu de collaboration, mais ça semble intéresser. Et puis on est là pour faire respecter la loi rien que la loi.

 

Pauline Guéna sait de quoi elle parle, comme Laurent Guillaume. Ce n’est pas la panacée, ni un collier d’immunité, mais pour les sujets qu’ielles traitent, ça aide. Le reste n’est qu’une question de travail, et de talent : en avoir ou pas, telle est la question. J’ai dit.

 

Guillaume Chérel

 

 

 

« Les dames de guerre : Saïgon », de Laurent Guillaume, 496 p, 20, 90 €, La Bête Noire / Robert Laffont. Et « Reine », de Pauline Guéna, 256 p, 20 €, Denoël.





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Les dames de guerre - Saïgon ET La Bêt
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