ROMAN : J'AI MILLE ANS...

Jean-Marie Quéméner


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#Soudan #Mère #Fille #Exil #Migrantes #Survie #Errance #Rejet #Mort #IndifférenceGénérale #Humanité


Pavé de bonnes intentions


J’ai mille ans… #Soudan #Mère #Fille #Exil #Migrantes #Survie #Errance #Rejet #Mort #IndifférenceGénérale #Humanité  Jean-Marie Quéméner



Introduction


Les nouvelles éditions Récamier, dirigées par Céline Thoulouze (ex-Plon), donnent le ton de cette rentrée littéraire, avec deux romans français dont les sujets sont au cœur de l’actualité. Si nous avons dit ici notre intérêt pour « Le dernier amant », d’Oscar Lalo (une métaphore, en prose poétique, sur l’exploitation par l’Homme de la Terre-mère, jusqu’à détruire son écosystème), on est plus réservé pour « J’ai mille ans », de Jean-Marie Quéméner.


L’intention est louable : raconter l’odyssée d’une « migrante », depuis sa naissance jusqu’à l’exil : « J’ai mille ans… Je viens de naître. » Cette phrase revient comme un refrain. La petite Amal (« espoir » en arabe) née au milieu de rien, d’une mère prostituée dans une maison close en contrebas d’un village d’orpailleurs et de contrebandiers, interdit aux femmes, au Nord du Soudan près des frontières égyptiennes et libyennes. À peine née, Amal est jetée avec sa mère sur la route de l’exil, du Nord du Soudan à la Méditerranée. Ce bébé et sa mère vont quitter leur village, franchir le désert, arriver jusqu’à la mer et tenter de survivre à la traversée, la mort et l’amitié s’invitant sur leur voyage.


Dans cette « fable moderne », la nouvelle-née est censée raconter son périple avec la fraîcheur de celle qui ne sait pas encore parler, « l’indicible expérience des migrants : ce qui les conduit à l’exil puis l’exil lui-même ». Le problème, c’est que ça ne fonctionne pas. La mayonnaise ne prend pas. Même si le tragique est censé prendre une tournure moins dramatique vu par les yeux d’un bébé… On reste extérieur, observateur de la tragédie. C’est là que le bât blesse. Qu’un adulte, blanc, français, entende donner sa voix à un gamin, africain de surcroit, c’était casse-gueule. L’auteur a pourtant été quatre ans correspondant au Soudan. Mais ça ne se sent pas. Ça ne se voit pas. 
L’errance de la petite fille n’est (malheureusement) pas « ponctuée de personnages hauts en couleur », comme l’annonce l’argumentaire : du propriétaire du bordel, au milicien, en passant par les archéologues français, les autres migrants et les amis de passage.


Le Grand Quoi de Dave Eggers Soudan

J’ai hésité à écrire cet article, parce qu’a priori, je trouve important d’écrire un roman ayant pour sujet les « migrants », plutôt que sur papa, maman, ma bonne et moi, moi, moi… Car ils sont maltraités, rejetés, et /ou meurent en mer, sur terre, dans l’indifférence quasi générale. Mais je me suis souvenu du fameux livre de l’américain Dave Eggers, « Le grand Quoi » (What is what, Gallimard, 2006). Dans ce pavé de 600 pages, l’écrivain donne sa plume à un jeune soudanais, Valentino, qui raconte comment il a fui le Darfour pour ne pas devenir un enfant-esclave, comme comment il finit par obtenir un visa pour les Etats-Unis.

 

Dans ce récit haletant, on est avec lui quand il échappe aux milices armées par Khartoum – qui ont brulé le village de ses parents -, avant d’être traqué par les lions, pour survivre enfin dans un camp de réfugiés en Ethiopie. Last but not least, il est attaqué par un afro-américain, à Atlanta, qui tente de lui voler son maigre pécule. Là, on est dans la tradition orale, le récit picaresque, grâce à l’empathie d’un écrivain de talent. Je ne fais « que » mon boulot de critique, en avançant cela, en toute objectivité, confraternellement. Tout en nuançant, car ce n’est « que » mon avis. Mon ex, Angela (la mère de notre fille), a bien aimé, alors… J’attends votre avis.

 

Guillaume Chérel

 

 

"J'ai mille ans" de Jean-Marie Quéméner

213 p, 20 €, Editions Récamier.






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