BIOGRAPHIE : FOOT SENTIMENTAL

et LE SPORT NE FAIT PAS DE QUARTIERS

DOMINIQUE ROCHETEAU, JEAN-PHILIPPE ACENSI, OLIVIER VILLEPREUX


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L'ange vert de la colère

ET L'INCLUSION PAR LE SPORT DANS LES QUARTIERS





Introduction


Il était beau, avait les cheveux longs, et sentait l’herbe… verte. Même si vous n’aimez pas le foot, vous avez forcément entendu parler de Dominique Rocheteau. Cet ancien « pro » est né le 14 janvier 1955, à Étaules, en Charente-Maritime (ce détail à son importance). Il évoluait aux postes d'attaquant de pointe, et d'ailier droit, à l’As Saint-Etienne (ASSE), tout d’abord, puis au Paris-Saint-Germain (PSG). Il a également été longtemps en équipe de France (coupes du monde 1978, 1982, championnat d’Europe 1984, et Mundial 1986), comme Michel Platini, à qui il a volé la vedette (chez les « Bleus »), lors de l’épopée des « Verts », en 1976.


Équipe de Football des Verts 1976
© sous réserve de droits

Un journaliste sportif de Onze le surnomma « l’Ange Vert ». Ce surnom l’horripila toute sa vie, car sur le terrain, même s’il recevait des coups des défenseurs sans broncher (il ne reçut que deux cartons jaunes de toute sa carrière, et aucun rouge), il n’avait rien d’un ange. Il pourrait même passer pour un « rouge », un « gauchiste », comme Eric Cantona, des années plus tard, ou Lilian Thuram, qui ont suivi son sillage d’athlète à la tête bien faite.

 

Les apprentis « footeux » des années 70-80, dont je fus, avaient tous un poster de cette gueule de rock-star. Il nous ressemblait, comme le chanteur Renaud, parlait de musique, de littérature et de politique. Un demi-siècle plus tard, il a pris quelques rides, mais son livre : « Foot sentimental » (clin d’œil à Alain Souchon), écrit en collaboration avec le journalise Eric Chaumier, raconte comment il a signé son premier contrat d’aspirant, à seize ans, pour seulement 800 francs (à peine plus de 150 euros d’aujourd’hui) – une petite fortune, pour lui qui venait d’une famille d’ostréiculteurs. Il revient sur vingt ans de carrière, pendant l’essor du foot-business.


Équipe de Football des Verts 1976

Rocheteau livre une multitude d'anecdotes savoureuses, notamment quand il se faisait « chambrer » pour avoir fait une pub pour des slips (Mariner, dont le slogan était : »Y’a pas que le foot dans la vie ! »), quand « Platoche » en faisait lui pour « Fruité et les voitures de marque Renault. Il raconte comment il a vécu la tentative d’enlèvement du sélectionneur Michel Hidalgo (qu’il considérait comme un second papa), avant d’aller en Argentine pour jouer leur première coupe du Monde (1978). Il était un des rares footballeurs politisés, et pensait qu’il valait mieux condamner la dictature du général Videla sur place, plutôt que de boycotter la compétition.

 

Rocheteau croyait en des valeurs comme l’éthique, la sportivité. Le match perdu par la France, contre l’Allemagne, en 1982, est devenu l’emblème de ce « romantisme » perdu : « J'avais des choses à dire et à transmettre. C'est pour partager avec tous les supporters qui m'ont suivi pendant ma carrière et après. J'ai toujours des marques d'affection, de sympathie et j'avais envie d’écrire aussi pour eux ».


Dominique Rocheteau, 16 buts mythiques entre 1975 et 1986


Mission accomplie. Dominique Rocheteau évoque l'évolution du football actuel, comme celle du rugby, du cyclisme et de la musique. Il aborde aussi des thèmes comme la violence, l'argent. Et le foot amateur auquel il est resté « très attaché » : « L'armée de l'ombre », il appelle ces bénévoles et ces éducateurs, dont on ne parle que pendant les éliminatoires de la Coupe de France, lorsqu’un « petit » club de province élimine un gros club d’une grande ville.


Blasons clubs e Football et hymne des verts 1976

Ce qui nous fait une transition parfaite avec le livre d’un autre utopiste pragmatique, j’ai nommé Olivier Villepreux, journaliste sportif engagé, qui a écrit un livre intitulé : « Le Sport ne fait pas de quartiers ! », avec Jean-Philippe Acensi, président de l’Agence pour l’Education par le sport, qu’il a cofondé avec Jean-Claude Perrin, grand entraîneur de saut à la perche… Où il est question de l’inclusion par le sport. Ce n’est pas la panacée, mais là où les politiques publiques échouent, parce qu’elles sont déconnectées de la réalité, pour résoudre les inégalités sociales, le sport est d’une grande efficacité pour lutter contre le décrochage scolaire, par exemple.


L’Amicale des Educateurs de Football

Nourri de nombreux témoignages (sportifs de haut niveau, issus des cités HLM, élus, anciens ministres, chefs d’entreprises, chercheurs, stagiaires, etc), cet ouvrage montre qu’il existe des possibilités quand tout semblait allait contre une voie de sortie (monoparentalité, déficit d’éducation, violence, « économie souterraine » - pour ne pas dire trafic de drogue -, racisme, sexisme, discrimination à l’embauche…). Le « Plan Banlieue » de Jean-Louis Borloo, présenté au président Macron, en 2018, abordait ces questions… restées en suspend (et suspense). Une vision sociale du sport est envisageable, si elle ne se contente pas de mettre l’accent sur le sport-business et le culte de la performance et de la compétitions, mais s’appuie sur des valeurs d’égalité, de mixité, de fraternité. Et vive la France (qui se bouge le c…).

 

Guillaume Chérel

 

« Foot sentimental », de Dominique Rocheteau, 208 p, 18, 50 €, Le Cherche-Midi, et « Le sport ne fait pas de quartiers », de Jean-Philippe Acensi et Olivier Villepreux, 208 p, 19 €, Editions de l’Aube.






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L'ange vert de la colère et l'inclusion par le sport dans les quartiers
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