BD : JE SUIS TOUJOURS VIVANT

Roberto Saviano, Asaf Hanuka


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Saviano est l'Immortel


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Introduction


Que vous ayez lu, ou non, Gomorra, le roman-enquête de Roberto Saviano, son autobiographie en BD est poignante. Rappelons, pour celles et ceux qui ne connaissent pas non plus la série italo-napolitaine du même nom, qu’il a courageusement décrit l'empire criminel de la camorra. Paru en 2006, le livre a connu un succès mondial. Condamné à mort par la mafia napolitaine, Roberto Saviano vit depuis quinze ans sous protection policière, comme ce fut le cas de Salman Rushdie, frappé par une fatwa (levée depuis peu de temps), avec qui il a échangé, en 2008. Ce dernier lui avait confié que l’opinion publique lui reprochait d’essayer de continuer à mener une existence « presque » normale (écrire des livres, se rendre à des réunions publiques). En somme, il serait coupable tant qu’il serait toujours vivant.


Je suis toujours vivant, c’est le titre de ce récit dessiné par Asaf Hanuka (primé aux Einsner Awards). Ce dernier est aussi talentueux que lui dans son domaine, le roman graphique (cf : la série Le Réaliste 1 à 4). Cet israélien, de Tel-Aviv, était l’illustrateur parfait pour raconter l’enfer vécu par Saviano. Il sait ce que c’est de vivre sous la menace d’une bombe. Sauf que lui peut continuer à faire la fête, malgré tout. C’est ce qui ressort de cette œuvre commune magnifique. En osant expliquer comment fonctionne la mafia napolitaine, et en nommant les « camorristes », qu’il connait depuis son enfance à Naples, il s’est condamné lui-même à vivre en solitaire. Mais comme Charb, assassiné à Charlie-Hebdo, il a préféré risquer de mourir debout, plutôt que de (sur)vivre couché. Soit dit en passant, c’est le Che (Guevara) qui rendu cette formule célèbre…

 

Roberto Saviano raconte pour la première fois, dans ce roman graphique noir, pourquoi il a osé « balancer » (la pire accusation chez les mafieux). Il raconte comment, gamin, il a vu un homme courir dans la rue pour fuir un homme armé. Il s’est caché sous une voiture mais s’est pissé dessus, ce qui a alerté le tueur. Depuis ce jour, Roberto Salviano a décidé qu’il n’aurait pas peur de dénoncer, dans un livre, des salopards capables d’exécuter un être humain sans défense. Mais pas de n’importe quelle manière, avec talent et honneur.

 

A la manière de Truman Capote, dans son roman « De sang-froid », écrit de manière journalistique, il allie la crédibilité des faits réels, l’immédiateté d’un film (ou reportage), et la liberté de la prose poétique ; bref de la vraie littérature qui dit le monde. Celle que défendait Albert Camus : « Il y a la beauté et il y a les humiliés. Quelles que soient les difficultés de l’entreprise, je voudrais ne jamais être infidèle ni à l’une ni à l’autre. ». 

 

C’est réussi. Mais la rançon de l’art et de la vérité, fut de perdre la liberté de se promener dans la rue, de faire ses courses, et de jouer au subbeteo (sorte de baby-foot italien) avec son frère infirmier (qui a dû s’exiler au Nord), et d’avoir une réelle histoire d’amour « normale ». En dénonçant des criminels, Saviano n’a pas vendu son âme, il a signé un contrat avec l’immortalité. Quoiqu’il arrive, son œuvre restera. Il aura agi justement. Il peut se regarder dans un miroir.

 

Guillaume Chérel

 

Je suis toujours vivant, de Roberto Saviano et Asaf Hanuka,

traduit de l’italien par Vincent Raynaud, 138 p, 20 €, Gallimard/Steinkis

 

 


Roberto Saviano 

à La Maison de la Poésie (2018)

© Gallimard/Steinkis
© Gallimard/Steinkis





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