Par Guillaume Chérel


Le guide à contre-courant
pour être publié

Avertissement
Si vous pensez être trop petit pour changer
quelque chose en ce monde. Dormez dans une chambre avec un moustique et vous verrez lequel des deux empêche l'autre de dormir !
- Le Dalaï Lama -

Prologue en forme d'épilogue
Lecteur inoccupé, tu me croiras sur parole si je te dis qu'à l'instar de l'illustre prédécesseur qui a inspiré ce prologue, je voudrais que ce livre, comme enfant de mon intelligence, fût le plus beau, le plus élégant et le plus donquichottesque qui se pût imaginer.
Hélas, je n'ai pu contrevenir aux lois de la nature, qui veut que chaque être engendre son semblable. Aussi, ayant gardé dans ma main celle de l'enfant que j'ai été, comme le préconisait Cervantes, il sera à mon image : foutraque, fougueux, sage, profond, léger, grave, enchanteur, et aussi futile qu'engagé. Bref, imparfait.
Mais que pouvait raconter un esprit libertaire et mal éduqué comme le mien, sinon l'histoire désordonnée d'un fils de l'univers, fantasque et plein de pensées étranges que nul autre n'avait conçues ?
Sache donc, lecteur désoeuvré, que ce récit est l'humble imitation de ce que fut ma vie mouvementée dans le monde de l'édition française ; autant dire germanopratine...
Les situations et les personnages décrits, bien que parfois tirés de la vie réelle, sont en dessous de la réalité. Toute ressemblance avec des écrivains, éditeurs, journalistes, lecteurs et autres sorcières, ayant existé, ne serait que pure inconscience, créée par mon imaginaire paranoïaque, aussi débordant qu'inventif.
On est d'accord ?
On ne dirait pas mais ce livre est une suite à Un bon écrivain est un écrivain mort. Pour celles et ceux qui ne l’auraient pas (encore) lu, il s’agit d’un pastiche des Dix Petits Nègres, d’Agatha Christie, mettant en scène dix grands « zécrivains » germanopratins, dont j’ai légèrement changé les noms.
Et, à cette heure, c’est mon premier succès (relatif) de librairie. Soit plus de 10 000 exemplaires vendus. Et là vous vous dites : tout va bien pour lui.
Pas si simple, comme vous l’allez voir : Un bon écrivain est un écrivain fauché…
Il s’est passé des choses, pendant la promotion du dit livre, qu’il me parait intéressant de raconter à celles et ceux qui ont rêvé, comme moi, d’écrire. De publier, en réalité.
Parce qu’un écrivain sans lecteurs, c’est comme… (je vous laisse choisir la métaphore qui vous parait la plus imagée : un aveugle sans son chien ? Un chien sans son maître ? Un maître sans son élève. Un élève sans… etc).
Déjà, sachez qu’il faudrait un 0 en plus à ces 10 000 exemplaires vendus pour en vivre correctement (même sans dettes, ce qui fut longtemps mon cas). C’était mon but quand j’ai commencé à écrire : vivre de ma plume.
Prenant ainsi modèle sur mon « maître », Jack London, qui affirmait : tout ce qu’un homme a pu réaliser sur cette terre, je dois pouvoir le faire (à son époque, il évoquait le fait de savoir diriger un attelage de plusieurs chevaux au galop), j’ai décidé que non seulement je réussirai à publier mais qu’en plus j’en vivrai.
Le problème, c’est qu’il faut vendre…
Des livres. Beaucoup de livres.
Dont je ne touche que 2 euros, en moyenne, par exemplaire acheté.
Je n’avais pas perçu l’importance de ce détail, lorsque j’ai signé mes premiers contrats d’édition. Je croyais la partie marchande hors de mes prérogatives.
J’écrivais, l’éditeur vendait mes livres et le lecteur les achetait.
N’étais-je pas un artiste ? Voire un poète… très loin de ces bassesses matérielles. Que dis-je : un intellectuel ! Un intello-précaire, oui.
Ce que je ne savais pas, en me lançant dans l’édition (plus qu’en littérature), c’est que l’écrivain (français) doit se comporter en pute de luxe. Ce n’est pas moi qui le dis (j’y reviens plus loin) mais je l’ai vécu.
Or, je veux bien montrer mes jambes (fort belles) et mes biscotos (bof) mais moi, j’embrasse pas.
Je reviens à mes bouffons.
Plusieurs micro-évènements m’ont incité à donner un tour différent au récit initialement prévu. Le premier a eu lieu pendant la promo (cette fameuse période, de quelques semaines, pendant laquelle l’écrivain se transforme en représentant de commerce de lui-même).
Quelle ne fut pas ma surprise de constater qu’on ne me demandait pas ce qu’étaient devenus Frédéric Belvédère, Yann Moite, Michel Ouzbek, Amélie Latombe et consort, à la fin de mon livre ? Mais presque toujours qu’elle avait été leur réaction.
Ce dont je me contrefous, si vous saviez… Je n’ai pas écrit ce livre pour eux, ni « contre eux », et surtout pas pour vous, mais pour moi.
Je me suis défoulé, en exprimant ce que j’avais sur le cœur, et surtout bien amusé, basta.
Il n’aura pas échappé à ceux qui ont lu mon roman « policé », comme je l’ai surnommé, qu’il se termine en queue de poisson, sans vraie fin. Du moins, sans que l’on sache comment disparaissent la plupart des dix auteurs. Bref, qui tue qui et comment ?
La vraie vérité vraie (de l’arbre en bois de la forêt…), comme dirait un des personnages du village de Saorge, où siège le monastère, lieu du crime (de lèse-majesté), c’est que je manquais de temps.
J’ai écrit ce livre en moins de trois mois. C’est la première fois que ça m’arrive. D’habitude ça me prend un an minium, voire deux en moyenne. Je n’ai eu qu’à presser l’éponge (et à bosser dur, de 7 h du matin à 18 h le soir), que je suis devenu, après une quinzaine d’années dans le milieu (éditorial), pendant lesquels j’ai eu le temps d’observer, grâce à mes activités de critiques littéraire et d’auteur publié, le milieu éditorial français.
Un microcosme avec ses parrains, ses courtisanes, lèche-bottes, hommes de mains, etc… Et là, prenez des notes, car je vais commencer à entrer dans les coulisses de l’édition.
Nous visions la rentrée littéraire de septembre et je n’avais pas écrit une ligne, en mars. Logiquement, il faut avoir rendu la copie au plus tard fin mai, voire début juin. Et encore, même comme ça nous étions à la bourre. Les premiers SP (Services de presse) arrivent dorénavant courant mai).
J’étais vraiment court pour élaborer une vraie intrigue de polar, quand bien même calquée sur celle d’un classique du roman à énigme, surtout qu’à mes yeux elle passait au second plan.
Là n’était pas mon propos. J’ai voulu stigmatiser, au moyen de l’humour, la « pipolisation » et la marchandisation du livre, vendu tel un produit comme un autre et uniquement destiné à faire de l’argent.
J’ai voulu mettre l’accent, sans passer l’essai démonstratif, doncindigeste, sur le nivellement par le bas auquel nous assistons, dans l’industrie de l’édition, passé maître dans l’art de faire passer des vessies pour des lanternes.
Des faiseurs pour d’authentiques auteurs. Des Tartuffe, escrocs, fumistes, usurpateurs, poseurs, charlatans, hypocrites, mystificateurs, simulateurs… en un mot des imposteurs.
(Calme-toi, Guillaume, le message est passé, je crois…).
Je n’en suis pas si sûr. Sinon vous (chère lectrices adorées) ne me demanderiez pas, sans cesse, quelle a été la réaction des « télécrivains » dont je me suis plus ou moins gentiment gaussé.
L’autre raison, c’est que j’ai préféré ne pas faire mourir (même « pour de faux ») des collègues auteurs, notamment Jean De Moisson, vu son grand âge. Imaginez qu’il casse sa pipe à la sortie du livre ! Je connais sa fille, Eloïse, et son gendre, Gilles, C-S, qui défraya la chronique dans Strip-tease…
J’ai côtoyé d’autres auteurs brocardés de très près, dans ma période wanabe (a writer), dont j’ai parfois apprécié certains passages de livres, voire la conversation brillante.
Ainsi, David Mikonos a beau m’agacer, je ne souhaite évidemment pas sa mort (il est si charmant, si souriant, ce brave garçon, que j’ai vu, soit dit en passant, débuter avec son ami Florian Belair dans les salons littéraires de l’amie Anne Fontaine, avec Nicolas Rey).
J’apprécie souvent l’humour de Frédéric Belvédère, qui a écrit des articles élogieux sur mes livres, et a dû se demander quelle mouche m’avait piqué de m’en prendre à lui ainsi (une histoire de putes… cherchez le web vous trouverez).
Je savoure parfois les fulgurances de Yann Moite, qui fut mon voisin, dans le 18e, lorsque nous habitions Porte de Clignancourt.
J’ai également gouté à la gentillesse de Delphine Végane, qui écrivit ses derniers livres près de chez moi, dans le 11e, et celle de Tatiana de Roseray, qui a twitté qu’elle s’était bien marrée avec mon livre(elle y fricote avec Kathy Podcol et balance un coup de poêle à Christine Légo, faut dire…).
Oui, ma crainte était que l’un d’eux décède pour « de vrai.
Et patatra ! J’apprends la mort de Gonzigue Saint-Bras, dans un accident de voiture, lequel est cité à la fin de mon « pamphliche » (moitié pamphlet-moitié pastiche).
J’ai bien connu le zigue Saint-Bras.
Il s’est torché dans ma serviette de bain.
Relecture : Marc Gagnon

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Dalaï (dimanche, 10 septembre 2017 17:13)
Où sont les révélations annoncées en début d'article ?
Guillaume (dimanche, 10 septembre 2017 22:53)
C'est le début du blog.... banane !
Wait and see