STEINKIS, l'éditeur de BD en quête de sens

Xavier Bétaucourt, Virginie Vidal, Fabien Grolleau, Ewen Brain


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#RomanGraphique #Guinée #Persécutions #Lutte #AsilePolitique #Démocratie et #Japon #Fukushima #CentraleNucléaire #CatastropheNaturelle #Fermier #Animaux #Humanité


Steinkis, l'éditeur de BD en quête de sens




Introduction


Les éditions Steinkis continuent leur excellent travail en publiant deux BD à la fois belles dans la forme, et fortes sur le fond, car basées sur deux histoires vraies. Tout d’abord celle du « migrant » Seidou, en quête d’asile… Il ne s’agit pas d’un oiseau migrateur. C’est l'histoire d'un jeune homme qui s’est battu pour la démocratie, chez lui, en Guinée, et qui a dû fuir son pays, sous peine d’être tué, ou à nouveau torturé. 


À 33 ans, il n'avait encore jamais quitté sa ville natale, et n'envisageait pas de le faire. Après des études supérieures et avec un bon boulot d'agent commercial en poche, il vivait heureux, à l'aise financièrement, dans sa bonne ville de Conakry. Jusqu’à ce qu’arrivent les élections présidentielles, et les persécutions dont furent victimes les Peuls. Bien malgré lui, Seidou devient l'un des meneurs d'un mouvement de protestation violemment réprimé par le pouvoir. 

 

Devenu un homme à abattre, il doit fuir. Il part pour Bamako, au Mali, où il pense rester un moment, en attendant que les choses se tassent, mais les choses ne se déroulent pas comme prévu... son seul salut est de rejoindre la France, le pays de la Déclaration des droits de l’Homme. Là, il pourra demander l’asile politique, lui dit-on. Mais avant d’y arriver, il faut traverser le Niger, et le désert, « grâce » à des « passeurs », qui sont en fait des « négriers », pour atteindre la Libye, où les noirs sont réduits à l’esclavage. Et enfin, s’il a survécu, la Sicile, par la mer, pour rejoindre l’Italie, donc l’Europe... 


Couverture Seidou en quête d’asile  #RomanGraphique #Guinée #Persécutions #Lutte #AsilePolitique #Démocratie
Planche BD 1
Planche BD 2

© Steinkis éditions


 

Tout au long de ce périple, Seidou doit payer, payer, et encore payer des bakchichs, et quand il n’a plus d’argent, travailler à l’œil, sous peine d’être battu. Mais le pire, c’est que ce parcours, déjà semé d’embuches dangereuses, n’est pas terminé. Sur le sol français, c'est une autre épopée qui débute : le parcours du combattant, cornélien, pour obtenir des « papiers » et le droit… d’avoir le droit d’être considéré comme réfugié politique.

 

L’histoire, à la fois extraordinaire, et malheureusement devenue banale, de Seidou le guinéen, est racontée avec sobriété par Xavier Bétaucourt. Tous les éléments y sont. La brutalité des situations, à la fois moralement et physiquement, comme l’absurdité des tracasseries administratives. Mais aussi, et surtout, la solidarité qui existe, malgré tout, entre certains « migrants », eux-mêmes aidés, et bien accueillis, par des centaines de bénévoles, dans des associations, sans qui ils auraient sombrés dans la misère et la dépression. 

 

Le dessin de Virginie Vidal est au diapason, clair et concis, sans chichis pour faire joli. Le fond doit l’emporter sur la forme et ne pas détourner le regard du vrai sujet. La galère (Seidou a attendu des années d’être « accepté » comme réfugié politique) vécue par ces jeunes hommes, en grande majorité, dans la force de l’âge, dont la double-peine est d’être né au mauvais endroit, au mauvais moment, puis d’être rejetés dans des pays où on ne veut pas d’eux, parce qu’ils sont noirs et pauvres.  


Couverture Naoto, le gardien de Fukushima  #Japon #Fukushima #CentraleNucléaire #CatastropheNaturelle #Fermier #Animaux #Humanité
Planche BD 4

© Steinkis éditions


Dans un tout autre genre, une autre histoire vraie : celle de Naoto le gardien de Fukushima, ce japonais qui ne voulut pas abandonner les animaux de Fukushima, après la catastrophe nucléaire. Nous sommes le 11 mars 2011 au Japon. Un tsunami cause la fusion du coeur de trois réacteurs de la centrale nucléaire. Une catastrophe de l’ampleur de celle de Tchernobyl. Comme tous les habitants de la région, Naoto Matsumura est évacué. Mais ce fermier ne peut se résoudre à abandonner la ferme où sa famille vit depuis cinq générations, et ses bêtes. 


Planche BD 6
Planche BD 5

© Steinkis éditions


Prêt à tout pour sauver une vie, fut-elle animale, il retourne chez lui, en pleine zone interdite. Au grand dam des autorités, il nourrit et sauve des centaines d’animaux familiers, et de la ferme, de toute sa région, qui étaient livrés à eux-mêmes, sans soins ni nourriture. Depuis, Naoto est connu comme « l’homme le plus irradié du Japon ». 

 

Toujours vivant, et pas malade, étonnamment, il fait régulièrement entendre sa colère contre le nucléaire, et manifeste sa résistance en restant sur sa terre, auprès des animaux qu’il a sauvés. Il voyage également dans le monde entier pour éduquer et mettre en garde sur le nucléaire. 

 

Grâce aux dessins, parfois oniriques, d’Ewen Blain, Naoto le gardien de Fukushima est une promenade contemplative sur ces terres dévastées et abandonnées par l’homme. Parcouru de références aux légendes japonaises, le récit, raconté comme un conte moderne, rend hommage au combat d’un homme et à la beauté de la vie, qui reprend toujours ses droits. Le scénario de Fabien Grolleau en a fait une ode à la nature, bafouée par les hommes qui se croient tout puissants et supérieurs aux éléments et à ses amis les bêtes.

 

Guillaume Chérel

 

Seidou en quête d’asile, de Xavier Bétaucourt et Virginie Vidal, 

126 p, 18 €, Steinkis, et 

Naoto, le gardien de Fukushima,de Fabien Grolleau et Ewen Blain, 

136 p, 19 €, même éditeur, Steinkis.


immigration Guinée
© visionguinee.info
Naoto Matsumura
© sous réserve de droits





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Seidou en quête d’asile + Naoto, le gar
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