SPORT : DANS L'OMBRE DU BOXEUR, L'ENTRAÎNEUR

Ingrid Lanzenberg


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La boxe, c'est de l'amour


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Introduction


Quand les femmes se mêlent de « noble art », il n’en sort jamais des banalités. L’essai (De la boxe) de l’écrivaine américaine, Joyce Carol Oates, fait autorité, sur le sujet, depuis 1987. Et les photos, en noir et blanc, de la française Martine Barrat sur les jeunes boxeurs de New York (dès 1979), sont parmi les plus belles du genre. Il n’est donc pas étonnant qu’une ancienne directrice de casting, Ingrid Lanzenberg, se soit intéressée à la part sombre du boxeur : son entraîneur, coach, mentor. Appelons-le comme nous voulons, il est le metteur en lumière d’athlètes, qui se sont entrainés des mois, voire des années, pour monter sur un ring… afin d’affronter un autre frère de galère en colère.


 

Comme le rappelle le journaliste à l’Equipe, Karim Ben Ismaïl, dans son avant-propos, l’entraineur enseigne l’humilité et le travail en salle. En général, c’est un ancien boxeur lui-même. Il sait qu’une simple erreur peut être fatale. Plus que des magiciens, des faiseurs de rêve, ce sont des pères de substitution, des accoucheurs de talent, des libérateurs de colère, comme le fut le mythique Cus D’Amato pour créer la légende de Mike Tyson. 

 

En France, aussi, il y a de bons et grands entraîneurs, peu connus du grand public. Anciens pugilistes eux-mêmes, ils savent qu’il faut éviter le combat de trop. Ils savent aussi qu’il faut être intelligent, sur un ring, pour durer. La plupart sont payés par une mairie, comme Saïd Bennajem à Aubervilliers, et Ali Oubaali à Bagnolet. Ainsi, ils peuvent se consacrer à la fois à la boxe éducative et de loisir, et aux champions en herbe. Lesquels, ils le savent très bien, vont les quitter, comme le propre frère d’Ali, si le succès est au bout de l’entraînement intensif.

 


Saïd Bennajem et Ali Oubaali

La boxe, du côté des « coachs », c’est vraiment l’école de l’humilité. Il y a toujours eu de belles histoires dans cette catégorie, à part, des bluesmen du sport. Celle de John Dovi est de celles-ci. Bon boxeur amateur, il refuse de passer pro pour se consacrer au pôle France de l’Insep (institut national du sport, de l'expertise et de la performance). Lisez, les gladiateurs qui vont s’entraîner, à Cuba, notamment, pour espérer décrocher la timbale : la médaille olympique (d’or), comme Brahim Asloum, et Tony Yoka. Bref, John Dovi a commencé en même temps qu’un certain Jean-Louis Mandengue, boxeur aussi doué que lui, et du même poids (mi-lourd) à Aulnay-sous-Bois. Toute leur carrière, ils vont refuser, éviter de se rencontrer, au point d’annuler une finale. Parce qu’ils étaient amis.

 

L’autre belle histoire est celle de la boxe féminine, si décriée, encore aujourd’hui, sous-entendu : c’est moche, deux femmes ne sont pas faîtes pour se battre, etc… Très bon boxeur amateur, et pro, lui-même, Saïd Bennajem (« L’homme qui parle à l’oreille des boxeuses ») - que rien ne prédisposait à cela (il n’a enfanté « que » des garçons) - est devenu « le » spécialiste de l’entraînement de boxeuses. Peut-être parce qu’il est intelligent… Comme sa boxe l’était. Il avait l’amour du beau geste. Le punch n’était pas sa spécialité. Ce n’était pas une brute. C’était un technicien. Il pratiquait l’escrime des poings. Surtout, il sait écouter. Car oui, il y a des différences, entre entraîner un homme et une femme. Cette dernière ne cherche pas le K.-0 d’emblée, par exemple. Du coup, elle construit son combat, comme un match d’échecs. Tout va se jouer sur la technique et la persévérance. 

 

Bennajem a réalisé, avec Sarah Ourahoume, sa plus belle réussite, combien l’obstination, la volonté sont importantes. Les femmes renoncent moins vite que les hommes (plus orgueilleux et impatients). Elles sont davantage dans le ressenti et la communication. Il les trouve plus fortes.

 



Sans entrer dans les détails, ce qui ressort de ce livre d’entretiens, de témoignages, de confessions, c’est l’amour : « c’est obligatoire, sinon ça ne marche pas », dixit Abadila Hallab. Sous-entendu, le respect et l’écoute. Le bon entraîneur est obsédé par l’intégrité physique, et mentale, de son boxeur. La relation de confiance est primordiale ! « Une victoire se prépare, une défaite se digère », rappelle Giovanni Boggia. 

 

Voilà sans doute pourquoi les femmes se sont vite imposées dans ce milieu on ne peut plus viril, si ce n’est machiste. Alors que tous les plus grands boxeurs (sauf Rock Marciano, un des rares à avoir quitté le ring invaincus) ont connu la défaite. Même the greatest Mohamed Ali… Ils savaient que le plus dur est de se relever et d’y retourner. Les femmes sont championnes du monde, incontestées, dans ce domaine : retourner au charbon, malgré les difficultés, elles connaissent. 

 

Ancienne « casteuse », Ingrid Lanzenberg sait ce que c’est de voir éclore un talent au cinéma, ou à la télé. Pas étonnant qu’après son documentaire sur les entraîneurs de boxe, elle se soit donné pour mission de coucher sur le papier les mots de ces hommes de l’ombre. Une construction par thématique eut été plus digeste, les propos sont parfois décousus, mais l’ouvrage a le mérite d’exister, et les photos, noir et blanc (sauf la couverture) de Karim de la Plaine, notamment, sont belles.

 

Guillaume Chérel

 

Dans l’ombre du boxeur, l’entraîneur, de Ingrid Lanzenberg

(préface de Brahim Asloum), 177 p, 18, 50 €, Exuvie éditions





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