ROMANS : QUATRE MAISONS D'ÉDITION INDÉPENDANTES


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Où il est question de littérature "exigeante"





Introduction


Et si on s’intéressait au travail courageux de quatre petites maisons d’édition indépendantes ? Les Editions de l’ogre, mu, Quidam éditeur, et Le Quartanier, sise à Montréal, au Québec (Canada de langue française, faut-il le rappeler ?). Cette dernière publie un roman qui a obtenu une bourse du Centre National du Livre (CNL), donc ça doit forcément être bien, se dit-on. Aurélie, la libraire du Monte-en-l’air, à Paris-Ménilmontant, l’a dit et répété, et l’attachée de presse fait bien son boulot, alors on lit et on s’accroche. 


Couverture L'Instruction #Roman #Policier #Feuilleton #Documentaire #Comédie #Quête #Banlieue #Justice #Enquête #Prison #HuisClos #Métaphysique #Romance #Famille #Crime
© Le Quartanier
© Justine Latour Le Quartanier
© Justine Latour Le Quartanier


« L’instruction », d’Antoine Bréa, raconte l’histoire de Patrice Favre, qui a suivi les traces de son père magistrat. Sorti d'école, il est nommé temporairement juge d'instruction en banlieue parisienne (une banlieue lointaine, « mi-réelle mi-fantomatique », dixit la 4e de couv’). On observe les débuts de Favre, ses premières audiences au Palais de justice, ses investigations dans le cas criminel, dont il a hérité : le meurtre d'un détenu emprisonné pour crime sexuel. Son prédécesseur – Herzog, un magistrat décati, énigmatique, en tout cas plus expérimenté – s'y est épuisé avant de se donner la mort.


Au fil de son enquête, où il progresse, pour l'essentiel, en reprenant l'instruction qu'a menée Herzog, le dit Favre est renvoyé à ses dilemmes, à ses choix de vie, à sa propre histoire familiale et au récit national trouble, à toute la comédie sociale qu'il faut jouer pour tenir le rang dans son milieu et son métier. 

 

Voilà, voilà… « L'instruction » ressemble à un documentaire. Il questionne la société française contemporaine à travers le prisme technocratique, judiciaire, carcéral et policier. C'est une « manière d'anti-polar », dixit l’éditeur, again… où l'enquête consiste surtout dans la recherche existentielle, voire métaphysique, d'une solution au malaise croissant de l’enquêteur, qui illustre celui inquiétant de la justice.


Couverture Aucune tere n’est promise  #Roman #Récits #Polar #Enquête #Juif #Utopie #Empire #Errance #Dinosaure #Expédition #Réfugiés #Introspection #UniversParallèles #SFFF #ConflitIsraéloPalestinien #rMeurtre #Russe #Suisse #Anglais
© mu éditions
Lavie Tidhar
© sous réserve de droits


Même chose pour « Aucune terre n’est promise », de Laviez Tidhar, auteur israélien, né dans un kibboutz, en 1976, et qui a roulé sa bosse en Afrique et au Laos. Avec un titre pareil, on se dit que ça va déchirer sa race. Nous sommes à Berlin. En Allemagne… ça commence bien pour un juif. D’autant plus qu’on lui suggère d’écrire un polar avec Hitler comme détective privé… 

 

Bref, Lior Tirosh, écrivain de seconde zone, embarque pour la « Palestina », fuyant une existence minée d’échecs. Il espère retrouver à Ararat City (Arafat aurait été plus marrant) la chaleur du foyer, mais rien ne se passe comme prévu : la ville est ceinturée par un mur immense, et sa nièce, Déborah, a disparu dans les camps de réfugiés africains. Traqué, soupçonné de meurtre, offert en pâture à un promoteur véreux, Lior est entraîné malgré lui dans les dédales d’une histoire qu’il contribue pourtant à écrire ; sous forme de roman SF, ce qui lui permet de délirer un max. 

 

Lavie Tidhar questionne nos identités, et le prix qui leur est attaché. « Aucune terre n’est promise » est un roman sur les enjeux d’Israël, microcosme du monde (le peuple élu, quoi !). L’humour, l’amour et la poésie sont les seuls remparts à la guerre. Soit, mais il faut aimer le genre « dystopie ».


Couverture Tiger  #Roman #Noir #Mafia #Secte #Exploration #Sexe #Tendresse #Justice #Fuite #Réseaux #Tigre #Armes #Solidarité #HumourNoir #Corruption #Amour #Prostitution #Adolescence #Crime #Chinoise
© Editions de l’Ogre
Eric Richer
© sous réserve de droits


Tiger, de Eric Richer, se passe en Chine, à Xian (où on a trouvé des vestiges d’une armée enfouie). Dans un futur proche, Xujin s’occupe d’un refuge pour enfants arrachés à la rue et aux réseaux de prostitution, tandis que l’ombre d’Os de tigre, vieille chamane vengeresse, hante la nuit.

 

En Russie, Esad, un trafiquant russe un peu perdu, tombe amoureux d’une jeune prostituée chinoise, Tiger, et tente de la sauver. En fuite, il arrive au refuge accompagné d’un adolescent qui est parvenu à s’échapper du camion où il était retenu prisonnier. Cette arrivée perturbe durablement l’équilibre du lieu et fait peser sur lui une grave menace. 

 

Après « La Rouille », son précédent livre, Éric Richer « poursuit sa double exploration de la faillite de l’amour et de sa possibilité », nous explique l’éditeur. C’est une « manière » de roman noir, porté par une « langue ciselée, mêlée de tendresse et de violence ». ok, ok… Tiger est surtout une plongée dans les marges de la Chine contemporaine, une folle histoire d’amour et de consolation, au milieu du chaos, de la violence et de la corruption. Les personnages sont avant tout des corps meurtris, des « corps objets », marchandises censées donner ou recevoir une forme d’amour physique. 

 

Dans cette Chine soi-disant communiste, ces corps deviennent des outils du capitalisme sauvage. Ils sortent de leur dimension marchande pour se faire justice, ou protéger autrui ? Chacun à sa manière tente d’accéder à une forme d’amour et de paix.


Couverture L’énigmaire  #Roman #Pensées #Poésie #Fiction #Magie #Mystère #Nature #Résistance #Violence #Quête #Deuil #Labyrinthe #Révolution
© Quidam éditeur
Pierre Cendors
© sous réserve de droits


Enfin, « L’énigmaire », de Pierre Cendors. Pour nous le « vendre », Quidam éditeur évoque le cinéaste russe Andreï Tarkovski et Gary Snyder, le poète qui a enseigné le bouddhisme au beatnik Jack Kerouac : « Les profondeurs de l’esprit, l’inconscient, sont nos propres étendues sauvages ». Autant dire qu’il met la barre haute. 

 

Cette oeuvre se veut un « Roman-monde », d’un éclat sombre, car il explore les « arcanes du vivant et nous invite à repenser la violence de la création et celle de l’homme ». C’est avant tout un travail de prose poétique, dite de littérature exigeante : « quant au rapport au terrestre en s’articulant autour de deux pensées, celle d’Elisée Reclus : « L’homme, c’est la nature prenant conscience d’elle-même ». Vous êtes encore là ?

 

Le pitch : Orze, un village bombardé en 1916, a été transformé depuis en zone rouge interdite au public. Des fouilles archéologiques y révèlent une activité géomagnétique anormale et les vestiges d’un ancien culte chthonien. Ceux qui s’y rendent en reviennent inexplicablement changés. Trois inconnus : Lazlo Ascencio, surnommé Little Nemo, le premier « spacien » ; Adna Szor, une musicienne en deuil, et Sylvia Pan, une femme en quête de racines, se confrontent tour à tour aux mystères d’un territoire marqué par les révolutions croisées du règne naturel et de l’homme. Débrouillez-vous avec ça. On est loin des romans formatés pour plaire. Il est ici question de littérature de réflexion, pas de loisir. Vous avez quatre heures !

 

Guillaume Chérel


L’énigmaire, de Pierre Cendors, 227 p, 20 €, Quidam éditeur.

Tiger, de Eric Richer, 243 p, 20 €, Editions de l’Ogre. 

Aucune terre n’est promise, de Lavie Tidhar, traduit de l’anglais par Julien Bétan,

258 p, 21 €, mu éditions.

L’Instruction, de Antoine Brea, 310 p, 21 €, Le Quartanier.   





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