Romain Puértolas
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L'extraordinaire voyage de l'ex-flic qui ne voulait pas rester enfermé dans un genre littéraire... ou l'inspecteur Puértolas mène l'enquête de main de maître.
Introduction
Avant de publier un best-seller rédigé en partie sur son smartphone (« L'extraordinaire voyage du fakir qui était resté enfermé dans une armoire Ikéa »), Romain Puértolas a été capitaine de police et ça se sent dans son nouveau livre : « Les Ravissantes », roman-enquête basé sur un fait divers étrange et pénétrant.
Que s’est-il réellement passé en mars 1976, dans la petite ville de Saint Sauveur, en Arizona ? That is the question... Le journaliste Neil Sheehan est confronté à une énigme qui divise la population : la disparition, sans mobile apparent, de plusieurs adolescents.
Très actif sur les réseaux sociaux, l'auteur éclectique (il chante du rap, entre autres) qui vit à Malaga (Espagne), compense son absence du territoire français par des « posts » tous plus sympas les uns que les autres. Quand on ne le voit pas réceptionner son courrier (en fait des services de presse), il joue de la musique, range sa collection de premières éditions (exclusivement) dans sa bibliothèque, et fait baver ses fans qui vivent sous la pluie, en nous montrant sa piscine extérieure sur fond de mer étincelante au loin. Et encore, elle pourrait brasiller ! Je vous passe les barbecues, sa famille modèle (joke) et son sourire éclatant. Cet homme respire la joie de vivre et ça fait plaisir à voir sur Insta, sans chichi. On se croirait entre amis.
Mais derrière cette façade se cache un homme qui lit « L'assassin habite au 21 » (1942), de Stanislas-André Steeman. Son chiffre magique, le 21, confesse t-il. Montre-moi ce que tu lis, je te dirais ce que tu écris... Blague à part, Romain Puértolas tourne le dos, avec délectation et savoir-faire, à sa veine humoristique pour livrer un roman noir au coup de théâtre à l'ancienne (Agatha Christie first, Conan Doyle deuze...). Les amateurs d'énigmes apprécieront. Il faut en avoir (du talent), pour oser s'aventurer sur le terrain d'illustres devanciers. C'est là que son ancien métier a dû lui servir. Car il faut de la rigueur et un bon sens de l'observation pour être un bon enquêteur. Que ce soit dans le journalisme, ou la police.
Ainsi, tandis que le shérif Liam Golden s'échine à résoudre le mystère, les mères des disparus accusent une communauté de marginaux qui s’est installée un an plus tôt dans le secteur. Au même moment, d’étranges lumières apparaissent la nuit (des OVNIS ?!), et la tension monter entre les deux camps : étrangers / locaux. À qui donner tort ou raison ? Comment démêler le vrai du faux ?
Recoupant témoignages et informations basés sur des faits réels, Romain Puértolas dirige l’enquête de main de maître. Car chaque page instille le doute. Le résultat, c'est un « page-turner » addictif. Cet anglicisme décrit un lecteur qui n'a qu'une envie : tourner les pages pour savoir ce qui va se passer, tout en redoutant d'en avoir terminé, tellement il prend du plaisir. Romain Puértolas confirme son talent de raconteur d'histoire. Un don que peu d'auteurs possèdent. On l'a ou on ne l'a pas. Les américains, comme Douglas Kennedy, sont des spécialistes du genre. Puértolas est français, môssieur, et il l'a indéniablement, ce talent (qui peut se travailler aussi (mais… c'est un don, vous dis-je). Il le prouve dans ce polar hors norme. Olé !
Comme on dit à en Espagne – le pays de Don Quichotte – ou Cervantès a prouvé qu'on sait également y raconter de bonnes histoires. Romain Puértolas a sans doute trouvé un nouveau filon, dans lequel il est à l'aise. Sa plume est déliée, précise, sans fioritures. Elle va au but, tel un scalpel, tout en étant subtile Du travail de chirurgien et d'orfèvre en même temps. Olé !
Les Ravissantes, de Romain Puértolas,
432 p, 20, 90 €, Albin Michel.
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