Isabelle Simon, Kumi Sasaki, Emmanuel Arnaud
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Manuel de castration


« Conjoint, parents, enseignant, patron, chef d’état ou empereur universel, apprenez à écraser tout ce qui grouille autour de vous !, écrit Isabelle Simon.
Pour cela, un seul moyen, radical et définitif : l’émasculation (…) On n’a jamais inventé meilleur moyen que l’ablation des couilles pour soumettre de façon durable. Un mari, un élève, un employé, un peuple impuissant s’écrase sans protester. Tendre et confiant tel un jeune veau, le caractère conciliant, docile et fidèle, il vous reste acquis ».
Contrairement aux apparences, Le Manuel de castration n’est ni un pamphlet féministe, ni un essai sur le
célèbre film d’Oshima, L’Empire
des sens. Mais une « satire à l’argument volontairement réducteur ! », revendique l’auteure gardoise (originaire de Paris), Isabelle Simon.
Autrice-écrivaine, correctrice de son métier, appelez-là comme vous voudrez, du moment que vous lisez son livre insolite, publié chez un petit éditeur indépendant, Simorgh Du Gard.
Mais de quoi parle-t-on ? "D’un manuel à usage conjugal, familial, professoral, gouvernemental et international". Soit. Blague à part, ce livre, quasiment publié sous le manteau, est en réimpression. Parce que non seulement il est drôle, avec ses métaphores castratrices, mais on ne peut plus sérieux lorsqu’il détaille les différentes formes que prend la domination dans le monde.
Adressé à ceux qui la pratiquent, ce guide théorique pourrait (peut-être) se révéler utile à ceux qui la subissent... et pas seulement aux femmes sous le joug des hommes. N’oublions que des hommes aussi subissent, ou ont subi, des rapports de pouvoir, que ce soit au boulot, dans un pays ou en famille ; voire en couple. Il n’est pas question ici du harcèlement sexuel. Mais plutôt moral.
Exploité(e)s et dominé(e)s des deux genres, et de toutes espèces, ruez-vous sur ce Manuel de Castration, de ce dont on vous a amputé (la liberté). Ce vrai-faux
guide (pour rire) se donne pour mission de favoriser, puis de consolider, votre position dominante, à quelque niveau que vous vous positionniez.
Dans sa forme, le texte s'efforce de faire rire (et y parvient plutôt bien !) mais le fond exprime sérieusement ce que l’auteure pense du monde autoritaire, en
général.
De cet essai « topirien » (cf. Roland Topor), Isabelle Simon en a tiré une conférence, à l’université de Montpellier, qu’elle a découpée en six parties, correspondant aux chapitres du
livre, où elle évoque le « salon des tyrans domestiques », la « journée solidaire des parents abusifs », les « mercredis des maîtres », mais aussi intitulé un
des chapitres : « performer par la diminution des effectifs », « sommet supérieur des chefs à la tête dirigeante des puissances dominantes », « symposium universel du
paradigme global »…
Tout ceci est bien évidemment satirique. Messieurs, rassurez-vous, vos valseuses ne sont pas en danger… quoique.
Manuel de castration Isabelle Simon, 165 pages.
Prix : 15, 90 €. Editions : Simorgh Du Gard
Tchikan


Plus sérieusement, dans Tchikan, la japonaise, vivant en France, Kumi Sasaki, raconte le harcèlement des femmes dans les transports en commun, et tout particulièrement des très jeunes filles.
Une réalité quotidienne largement taboue au Japon. On appelle « Tchikan » ces prédateurs et leur forme d'agression sexuelle par attouchement. Ce sont des hommes ordinaires, de tout âge, des salaryman en costume cravate, qui opèrent dans la foule compacte aux heures de pointe, et se collent aux mineurs pour les toucher, caresser, fouiller.
Personne ne les voit, ou ne veut les voir, et les familles, tout comme la société, restent dans le déni de cette violence masquée.
Kumi Sasaki en a été victime toute son adolescence, dès l'âge de douze ans, et c'est son histoire à hauteur d’enfant, illustrée de ses sobres dessins, qui nous est racontée ici.
Ecrit simplement, avec l’aide d’Emmanuel Arnaud, les éditions Thierry Marchaisse ont publié ce témoignage avec le scandale Harvey Weinstein, accusé de violence et de harcèlement sexuel.
On pourrait croire que c’est une particularité japonaise mais nous savons que ça existe aussi dans nos transports en commun… d’ailleurs, l’auteur de ces lignes peut en témoigner pour avoir subi des attouchements quand il était gamin dans le métro, de la part d’un pédophile, donc.
Un ouvrage tout en pudeur, très touchant parce qu’après l’agression (sexuelle), c’est l’indifférence de l’entourage qui est vécue comme une double peine. Le genre de traumatisme qui peut durer toute une vie, si on ne fait pas de thérapie.
La résilience de Kumi Sasaki fut de quitter le Japon et d’écrire un livre.
Tchikan, de Kumi Sasaki et Emmanuel Arnaud, 125 p, 14, 90 €, Editions Thierry Marchaisse

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CHÉREL (jeudi, 23 novembre 2017 23:54)
Merci à Pascale pour la relecture. ..
Pascale (vendredi, 24 novembre 2017 12:57)
C'est un plaisir, je découvre des auteurs et éditeurs...
Bonne journée.
Pascale
Eunuque . (lundi, 15 juillet 2019 12:26)
Bonjour.
Pour être un bon soumis qui ne souffre pas de sa castration psychologique , pourquoi ne pas remettre au goût du jour l'ablation des testicules ?
Dans le passé, cette méthode était courante .