ROMAN : VIES ET MORTS DE STANLEY KETCHEL

James Carlos Blake


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Le petit homme qui voulait battre le grand Jack Johnson - ou Les bluesmen du sport


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© Gallmeister éditions
James Carlos Blake
© austinchronicle.com




Introduction


 

Point besoin d’aimer la boxe, cette escrime des poings, pour apprécier « Vie et morts de Stanley Ketchel », de James Carlos Blake, romancier connu dans son pays pour être des meilleurs spécialistes de la guerre de sécession. Ce qui l’intéresse c’est de raconter un des épisodes les plus emblématiques de l’épopée américaine, à la manière de Jack London, dont il a fait un des personnages de cette histoire vraie.


Surnommé « l’assassin du Michigan », Stanislaus Ketchel (1886–1910), alias Stanley Ketchel, est considéré comme l’un des meilleurs boxeurs poids moyens de l’histoire. D’origine polonaise, il fuit un père (qui n’était pas le sien, en réalité) alcoolique et violent, vagabonde à travers un pays misérable, sans foi ni loi, et trouve une place de videur de saloon dans le Montana. C’est un monde de mineurs violents, de capitalistes impitoyables et de prostituées au grand coeur, qui va lui donner sa chance ; dans la grande tradition du grand mythe américain.

 

Dur, agressif et sans scrupule, Ketchel monte sur le ring pour vivre une carrière aussi fulgurante que tragique (il succombe dans la fleur de l’âge d’une mort violente). Il battra par K.-O. tous les adversaires de sa catégorie pour affronter, en 1909, le champion des poids lourds, Jack Johnson, lors d’un combat qui deviendra mythique et changera son destin. Entre les derniers saloons de l’Ouest sauvage et les grands hôtels de la côte Est, à New-York, essentiellement, où il est allé chercher la gloire.

 

On ne sera pas étonné que James Ellroy, le boss du roman noir et violent, ait encensé ce récit passionnant de bout en bout. Avec des mots simples, un sens de la narration efficace, très bien documenté, James Carlos Blake redonne vie à un beau spécimen d’homme épris de liberté, qui finira par être mis K.-O., non pas sur un ring mais d’une balle tirée dans le dos par un mari jaloux, qu’il venait d’embaucher. 

 

Assassiné lâchement, comme Jesse James, quelques années auparavant. Mort comme dans un western, lui qui était fasciné par la légende du gang des frères Dalton.

 

Les plus belles pages ne sont pas celles qui décryptent ses combats de boxe (les spécialistes apprécieront), mais où sont racontées par le menu ses aventures de « hobo » qui « brûle le dur », au risque de sa vie, pour échapper à la misère et voir du pays. Pas étonnant, dès lors, que le vrai Jack London, qui fut également vagabond, dans sa jeunesse, et couvrit les grands combats de boxe de son époque, quand il était journaliste, fasse une apparition remarquée. 

 


Stanley Ketchel portant fièrement sa ceinture de champion
© sous réserve de droits
Jack Jonhson champion black boxe

Gettho Black états-unis 1900
© sous réserve de droits


Comme toute l’Amérique raciste, il voulait voir tomber le premier Noir champion du monde des poids lourds, la catégorie reine, j’ai nommé  (Mohamed Ali de l’époque), un artiste des rings, comme le fut plus tard le poids léger Al Brown… le dit Johnson ne se contentait pas de prouver l’absurdité de la prétendue supériorité blanche, il avait le toupet de séduire des femmes qui n’étaient pas de sa couleur. Ce qui horripilait London, comme Ketchel, lequel crut pouvoir venger sa « race ». 

 

Alors qu’il lui rendait une vingtaine de kilos, et une bonne dizaine de centimètres, il profita d’un coup heureux (lucky punch), lors d’un quasi match exhibition (alors que le combat était arrangé pour faire beaucoup d’argent lors de la revanche) pour faire chuter le colosse. Trahi, Jackson lui fit payer son péché d’orgueil, en mettant K.-O. d’une violente droite qui aurait pu le tuer.

 

L’auteur s’est fait plaisir en réunissant, lors d’une improbable virée nocturne dans un bouge réservé aux noirs, les trois légendes que sont Jack London, Ketchel, et le dit Johnson. Lequel finit presque par voler la vedette au héros malheureux de ce récit passionnant, qui se lit d’une traite. 

 

Dans Moby Dick, d’Herman Meville, le capitaine Achab était obsédé par la baleine blanche. James Carlos Blake, lui, décrit admirablement un Stanley Ketchel persuadé de pouvoir vaincre le géant Noir. Il y croyait parce qu’il savait déjà, à l’époque, qu’en Amérique tout est possible. Ce livre n’a pas pour sujet la boxe. C’est un grand roman sur l’instinct de survie.

 

Guillaume Chérel

 

Vies et morts de Stanley Ketchel, de James Carlos Blake, 

traduit de l’américain par Elie Robert-Nicoud, 377 p, 23, 80 €, Gallmeister éditions.


Jack Johnson boxer en civil
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