Iain Levison
- Smartphones : orientez votre appareil à l'horizontale pour bénéficier d'un confort de lecture optimisé -
#Thriller #Polar #Noir #Style #Suspense #ÉtatsUnis #Société #Sagesse #Destins #Misanthropie #Politique #Guerre #Absurde #Santé #Gay
L'Uber-killer de Iain Levison
Introduction
Iain Levison est un auteur à part. Il est né en Ecosse, en 1963, a débarqué aux Etats-Unis, en 1971, et a exercé différents métiers qui sont la source d’inspiration de la plupart de ses livres. Des romans plutôt noirs… Pas vraiment policiers. Ni sanguinolents, ni déprimants. Mais à chaque fois on retrouve, avec plaisir, son style, si particulier. On entend une voix. Celle d’un dur à cuir solitaire, mais juste. Pas forcément un honnête homme, ni un citoyen parfait mais un homme libre, indépendant. Hors norme, vous disais-je.
Cette fois, dans Un voisin trop discret, il est question d’un certain Jim… Jim Smith (un nom on ne peut plus passe-partout aux States), qui vit seul et préfère le rester. Pour donner le change, et s’occuper, plus que pour gagner sa croute, il est chauffeur Uber, sans enthousiasme. Il a une soixantaine d’années, se contente de peu. Ce qu’il veut, c’est qu’on lui foute la paix. C’est ce qu’il dit à un médecin, lors d’une visite de routine, lequel lui conseille de consulter un psy.
Or, ce qui déprime Jim, c’est le monde tel qu’il est devenu. Un peu comme le flic en fin de carrière de No Country For Old men, de Cormac Mc Carthy (et du film des frères Cohen), il trouve que tout va de mal en pis, en général et à tout point de vue. La réalité ne lui donne pas tort, mais il vieillit, tout simplement. Jusqu’au jour où une nouvelle voisine emménage. Il la croit mexicaine… Elle est d’origine portoricaine et fauchée.
A l’instar du personnage incarné par Clint Eastwood, dans Gran Torino, cette fois, Jim est non seulement de plus en plus misanthrope mais parait limite réac-raciste… Du moins, crois-ton, car c’est plus complique que ça. La preuve, lorsque cette jeune voisine, mère d’un enfant en bas âge, se retrouve malmenée par son militaire de mari, il vole à son secours. Elle a besoin d’argent (que son mari en mission lui piqué). Jim lui propose mille dollars en petites coupures. Au fond de lui, c’est un généreux. Et ce grain de sable, qui se glisse dans son quotidien monotone, va lui donner un coup de jeune.
Plus jeune, on devine qu’il n’était pas un saint… On pense à Edward Bunker d’Aucune Bête aussi féroce.
© Liana Lévi
Vous avez aimé Un Petit boulot et Tribulations d’un précaire, ou, plus récemment Ils savent tout de vous… vous aimerez Un voisin trop discret. Et si vous n’avez jamais lu Levison, vous aurez envie de lire ces romans précédents. Comme Bukowski, il est d’une sagesse brute de décoffrage. Comme Dave Eggers, il écrit chaque fois un livre différent sur notre société actuelle. Comme le Douglas Kennedy des débuts (Cul-de-sac), il sait entremêler les destins de ses personnages, dans un roman plein de surprises, et de drôleries.
Ça fait beaucoup de « comme », vous me direz… Mais Iain Levison ne copie personne. Je me sers de ces références pour vous donner envie. Iain Levison nous livre une fois encore sa vision du monde, ni pessimiste, ni optimiste, juste proche de la réalité. Il semble désabusé mais donne toujours une chance à l’humanité.
Impossible de deviner comment va se terminer chacun de ses romans. C’est déjà une grande qualité. Déjà trois de ses récits ont été adaptés au cinéma. Construit comme Short-Cuts, de Robert Altman, Un voisin trop discret fera un bon scénario.
Un voisin trop discret, de Iain Levison,
traduit de l’anglais (Etats-Unis) par Fanchita Gonzales Battle,
218 p, 19 €
Vous aimez cette chronique littéraire ? Ne manquez pas de contribuer en cliquant sur l'image située à gauche.
Même modeste, un don sera toujours apprécié !
Écrire commentaire