ROMAN : UN BON FÉMINISTE

Ivan Repila


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Un roman d'un drôle de genre


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© Éditions Chambon
Ivan Repila
© Vincent West




Introduction


Un bon féministe, de l’espagnol Ivan Repila (43 ans), est un roman poil à gratter. Un jeune journaliste se rend compte que ses colocataires sont d’insupportables cons misogynes. En y réfléchissant bien, il réalise qu’au sein de sa propre famille le machisme a toujours régné et que sa propre mère a sacrifié sa vie personnelle au profit de son mari et de ses enfants, comme des millions, des milliards de femmes avant elle. Il se demande comment être un véritable « allié » masculin à la cause féministe, et soutenir efficacement la lutte pour une réelle égalité entre les femmes et les hommes. Pour ce faire, il commence par aller à une conférence de l’autrice Siri Hustvedt… qu’il connait surtout comme étant la compagne de l’écrivain Paul Auster. 


Il s’ennuie mais remarque une belle féministe, prénommée Najwa, à qui il demande des conseils de lecture. D’abord méfiante, elle obtempère, pour la cause, sans doute, et ils finissent par devenir amants.

 

Convaincu que seule une révolution radicale pourra arracher une conquête sociale, il décide de se lancer dans une campagne anonyme de sexisme extrême. Son but ? Provoquer un électrochoc dans la société. Il commence par créer un compte Twitter anonyme où il se fait passer pour une féministe radicale et provocatrice. Ça fonctionne au-delà de ses espérances, ce qui le pousse à aller plus loin. 

 

Sous le pseudo de Garbo il crée « l'Etat Phallique », groupuscule composé des plus fervents machos misogynes du pays, qu’il recrute dans les bars en les écoutant parler (mal) des femmes, le plus souvent. Les actions (style Acte-Up et Fémen au masculin) se succèdent, les luttes s'intensifient, la violence s’installe, jusqu'au point de non-retour…. Car pour « l'allié », le prix à payer de ce jeu malsain est dangereux : devenir l'homme qui déteste le plus la femme qu'il aime. Oubliant par la même occasion l’un de ses préceptes (il adore faire des listes) : « Un bon féministe n’a pas besoin de se dire féministe ». Il l’est, ou pas…

 

Les dialogues sont intelligents et savoureux. Les propos sont bien étayés, bien documentés. Les scènes imaginées sont provocantes et l’auteur, comme son narrateur, est parfois horripilant parce qu’on ne sait pas s’il use de cynisme, ou de franche naïveté. C’est le genre de roman qui se prête, s’offre, afin de continuer le débat. Car la lutte pour la parité est loin d’être terminée. Elle ne fait que commencer, si l’on en juge par la lenteur des (vrais) changements. 

 

N’oublions pas que si ça bouge (enfin) un peu ici, chez nous, en Europe, et dans l’occident, les ¾ des femmes dans le monde sont maltraitées, dominées, rabaissées, exploitées comme si elles étaient des êtres inférieurs.

 

Ecrit peu avant l’explosion #MeeToo, « Un bon féministe » (« El Aliado », en espagnol, « l’allié ») a été publié en 2019, en Espagne, alors que la chasse aux (« sorciers ») machistes y était enfin ouverte. Là-bas, comme en France, la violence faite aux femmes est une cause majeure prise, enfin à bras le corps par les politiques et la société civile. Ce livre attaque le sujet à la fois au niveau des organes génitaux mais aussi et surtout coté cogito, puisqu’il réussit le tour de force de proposer à la fois un farce dystopique, où l’humour se dispute à la provocation, mais aussi une manière d’essai sociologique et politique. 

 

Pari réussi. Iván Repila est un écrivain brillant, horripilant à souhait. Dans la vie professionnelle, il est éditeur et administrateur culturel espagnol, co-fondateur des éditions Masmédula, qui publient principalement de la poésie contemporaine, il a collaboré avec différentes structures et institutions nationales et internationales autour de la production de projets culturels (théâtre, musique et danse).

Guillaume Chérel


© 10/18
© 10/18
© Éditions Chambon
© Éditions Chambon
éditrice Jacqueline Chambon
© sous réserve de droits


Il est l'auteur de deux autres romans, dont « Le Puits », publié dans plusieurs langues, et en France, chez Denoël, en 2014. « Prélude à une guerre » est son troisième roman, le premier publié chez la très discrète mais excellente éditrice Jacqueline Chambon. Laquelle vient de prendre sa retraite (elle a publié notamment l’auteur catalan Sergi Pamies), léguant sa maison au jeune David Cressot, d’où le « nouveau » nom de Chambon, sous la férule des éditions Actes Sud. Longue vie aux (nouvelles) éditions Chambon !

Guillaume Chérel

 

 

Un bon féministe, de Ivan Repila,

traduit de l’espagnol par Margot Nguyen Béraud, 246 p, 22 €, Chambon éditions.


Illustration féministe





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