Antoine Blocier
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Blocier classé secret défonce
ou Blocier en a rêvé, Pesquet l'a fait ! Un roman de sf sidérant !
Introduction
Antoine Blocier n’a pas décroché la lune mais une préface de Didier Daeninckx, pour son nouveau roman inclassable. En effet, Sidéral est à mi-chemin entre la SF et la dystopie, comme on dit aujourd’hui, bref un récit de fiction qui décrit un monde (le nôtre) utopique, plus ou moins sombre. En réalité, c’est l’actualité qui l’est, sombre et inquiétante. Un peu comme dans Interstellar, le film de Christopher Nolan, dans un futur très proche, notre bonne vieille planète, usée par des décennies d'exploitation sans vergogne, de pollutions gigantesques, d'épidémies hors de contrôle (tiens, ça nous rappelle quelque chose…), de terrorismes aveugles et une guerre économique sans merci est devenue invivable : la famine provoque des millions de victimes.
Certains cherchent comment fuir vers un astre plus accueillant, d'autres croient encore possible d'y faire cohabiter huit milliards d'individus. Ultime tentative de réconcilier l'Homme avec l'Humain, la mission « Rencontre » est envoyée dans la Nouvelle Station Spatiale. Une douzaine de personnes partent dans l’espace, dont des femmes, depuis Cap Canaveral et Baïkonour (coucou ! Thomas Pesquet…).
Evidemment, tout ne se passe pas comme prévu. Deux morts suspectes à bord de ce fleuron de la technologie internationale vont envenimer la situation. Une troisième victime va s’envoyer en l’air… ou plutôt dans le vide de l’espace (coucou ! Gravity…). Ancien de Scotland Yard, reconverti en auteur à succès, Eliott Purcell va mener l'enquête, tel un nouveau Sherlock Holmes, quatre cent quinze kilomètres plus bas, depuis un porte-avion. Une investigation sous tension internationale, où la rapacité du capitalisme mondialisé et les expérimentations transhumanistes seront de rudes adversaires.
S'il faut un jour quitter la planète, qui en aura la possibilité ? Si les cerveaux sont numérisés pour voyager dans l'espace sur de longues durées, qui sera légitime pour les reconnecter ? Si une exoplanète est à portée d'imagination, sera-t-elle gérée selon les principes libertaliens ? De nombreuses questions éthiques et morales auxquelles l’auteur donne des pistes pour y répondre.
Le but de l’opération Rencontre est d’établir la « preuve matérielle d’une humanité qui se retrouverait autour d’un projet commun, utile à tous les Terriens, capables de faire fi de ses oppositions d’hier. Mieux : les différences deviendraient un atout. » Amen… L’idée est belle. Toutes les références scientifiques (notamment les prédiction de l’astropphysicien Stephen Hawking) du livre sont exactes. Et comme l’écrit Didier Daenickx, dans sa préface, ce n’est pas une mince affaire à laquelle se confronte Antoine Blocier.
Confiant en l’avenir, il imagine un sursaut d’intelligence des nations coalisées pour éviter la mortelle dérive à laquelle nous assistons, quasi impuissants. De nombreuses forces se liguent, dans Sidéral, pour contrecarrer l’utopie Rencontre. Ce serait trop beau et facile pour les « GAFA » (Facebook, Apple, Amazon, Goggle, etc) et les lobbys affairistes de tout poil. Les géants du divertissement et du business, en général, ont intérêt à ce que ça capote. Sans compter la menace de l’intelligence artificielle (IA) qui, on le sait depuis 2001 l’Odyssée de l’espace, de Kubrick, a tendance à n’en faire qu’à sa tête.
Et si la solution venait d’ailleurs ? La métaphore est belle et aisée à comprendre. Il faut changer de paradigme. Ne plus considérer les planètes (et les êtres vivants) comme des conquêtes à exploiter, mais comme lieues de vie et d’échanges, de rencontres (avec ou sans Ti’Punch… private joke).
Auteur d’une vingtaine de livres, dont des nouvelles, un polar de la série du Poulpe (Vol au-dessus d’un nid de cocos, Ed. Baleine, 2001), de la littérature jeunesse et des romans, Antoine Blocier s’est beaucoup documenté pour écrire ce roman d’anticipation, qui lui sert de plaidoyer pour un autre monde, meilleur, évidemment. Progressiste, pour résumer. Sans l’obsession de la compétition, que regrettait le biologiste Albert Jacquard, et la fascination pour la conquête des néo-pionniers, comme Elon Musk, le milliardaire cryptomaniaque, avides de nouvelles richesses, bien loin des préoccupations de l’astrophysicien Hubert Reeves. Le ca-pi-ta-lisme tue la planète à petit feu. Il faut donc en finir avec l’ultra-libéralisme. CQFD, dédé !
Sidéral, d’Antoine Blocier, préface de Didier Daeninckx,
299 p, 18 €, Les éditions du Horsain.
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