ROMAN : SACCHAROSES

Samir


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La grenade goupillée et les fulgurances d'un écriveur précoce...


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© JC Lattès - La Grenade
JC Lattès, La Grenade
© JC Lattès, La Grenade




Introduction


En mars dernier, les éditions JC Lattès lançaient la collection La Grenade (pas dégoupillée… le fruit), en plein confinement. Scoumoune ou coup de génie ?! A la tête de ce concept (un nouveau souffle… exotique, annonce-t-il), il y a Mahir Guven (né, à Nantes, sans nationalité, de mère turque et de père kurde réfugiés en France, il fut apatride avant d’obtenir la nationalité française à l’âge de 13 ans)auteur du Grand frère, chez Philippe Rey (2017), animateur d’ateliers d’écriture pour enfants, entre autres… à qui il entend apprendre « les fondamentaux de la narration », dixit. 

 

L’idée est louable : enseigner tôt, et de manière ludique, la passion des livres et de la lecture aux jeunes en difficulté. 

 

Après des études de droit et d'économie, et une expérience dans le monde du « conseil » (le ‘consulting’, ça veut tout dire), il rejoint l'équipe du journal Le 1, avant son lancement. 

 

Aujourd’hui, il est directeur exécutif de l’hebdomadaire.

Cool… What a trajectoire !


Parmi la presque demi-douzaine de livres déjà publiés, ‘Saccharoses’, d’un certain Samir (sans nom de famille ?) vient de sortir, avec tambour et trompettes, puisqu’il est « vendu » comme « poète », entre Booba et Verlaine (what a grand écart !!)les Mille et Une Nuits et Mad Men (ça aurait pu être Matrix et Ali Baba et les quarante voleurs… ou Mad Max, Spartacus et Les Sources du Nil). 

 

Il a grandi en banlieue lyonnaise (allez l’OL !) et a vécu entre New York et Londres, où il a fait de la maille, manifestement, puisqu’il aurait fondé deux start-up. 

 

What a golden-boy !

 

C’est bien beau tout ça, mais ce « roman » (qui n’en n’est pas un), dont le style serait « à couper le souffle », ça donne quoi ? 

 

Il est question de trois mecs, trois histoires… 

Trois nouvelles, quoi. Donc pas d’un roman. 

 

Ça commence mal… 

Tromperie sur la marchandise. 

 

Il faudrait que son éditeur lui rappelle ce que sont les fondamentaux du roman. Mais bon, il n’est pas le seul. Le mot « roman » est mis à toutes les sauces aujourd’hui. 

 

Il y en a même qui ne cessent d’annoncer sa mort, sous prétexte qu’il serait obsolète, ce genre, so « classique ». 

 

Sauf que tous les grands écrivains s’y sont essayés, hormis quelques poètes géniaux, encore aujourd’hui.

 

Vous l’aurez compris, je n’ai pas été convaincu par ‘Saccharoses’, que j’ai pourtant lu jusqu’au bout. Et c’est dommage parce que ce Samir a du talent et le début est bon. 

 

Il a des fulgurances, un peu comme « feu » Nicolas Rey (en très mauvais état de santé, lui qui fut si beau et talentueux), qui ne restera pas dans l’histoire de la littérature (trop dilettante), mais aura écrit de belles phrases. De jolies perles… 

 

Ce n’est pas de leur faute. Ils font partie de la génération issue de la ‘Société du Spectacle’, annoncée par Guy Debord, il y a une trentaine d’années. 

 

On leur a fait croire que les loisirs et la réputation (people, Instagram), bref l’image, la forme, pouvaient remplacer la culture, le fond, et la célébrité pour de bonnes raisons. 

 

Ernest Hemingway était connu pour son œuvre, pas pour ses aventures… l’effet d’annonce (le happening), le show, ne suffisent pas pour aller loin et être bon. 

 

Plus besoin de travailler, il suffit d’être malin, croient-ils. 

 

Comme au poker, ils bluffent et tant pis pour les naïfs qui se laissent prendre (les bourges de l’édition)Zarma ! 

 

Samir a écrit, et publié, un livre… 

Donc Samir se la pète écrivain. 

 

En réalité, ‘Saccharoses’ est un court recueil de nouvelles contenant quelques titres qui sautent du coq à l’âne… c’est la génération zapping.

 

Le pitch ? Il y a d’abord Bonbon : 

 

« J'ai mis fin à mes jours un 29 février. Des gamins du quartier m'ont retrouvé dans le local à ordures. Éventré. Dans la même génuflexion que j'adoptais quand je priais encore Dieu. Dans ma poche, des mots griffonnés sur du papier à carreaux. Un poème. Je m'appelais Qaïs. J'avais vingt-huit ans. » 

 

L'histoire de Qaïs commence par deux moments clés de son existence : son premier baiser au collège, et son suicide seize ans plus tard. 

 

Et si ces deux évènements, en apparence si éloignés dans l'espace-temps, étaient en réalité une seule et même chose ? 

 

Le narrateur se la joue briseur de reins, tombeur de jolis boules, mais dès qu’une belle escort le rejette, il va pleurer sa mère : 

 

« Mal assis côté fenêtre, je matais tous ces gens plongés dans leurs écrans comme si Dieu y parlait. Des jeunes. Des vieux. Des gueules cassées et des seins réparés. Ensemble peau contre peau. Ensemble et si seuls. Les portes se sont refermées juste derrière elle. Le souffle court. Les cheveux longs. Un sac calé sur ses genoux à touche-touche avec les miens. Qu'est-ce qu'elle foutait là? On n'a jamais mis la foudre en conserve et pourtant elle était là. » 

 

Soit ? Mais encore ?

 

Notre anti-héros est jeune et il a une belle gueule. Il veut faire du fric facile. Il aurait dû écrire des chansons de rap. C’est court et pas trop fatigant. 

 

Car il a le rythme (ça ne s’apprend pas, on l’a ou on ne l’a pas), ce sacré Samir. C’est ça qui est dommage. 

 

Il a le sens des métaphores et de l’observation. Du vécu, ça se sent. Et il a lu quelques bons livres. Vu d’excellents films. Il est vif. Intelligent. Malin surtout. En donnant la parole à Qaïs (retrouvé mort dans un local à ordures) il donne la parole tous les galériens et autres chiens de la casse des quartiers. 

 

Mais lui, ce qu’il veut, c’est vivre dans l’instant présent. 

 

Un coup il est trader, un coup écrivain, entre deux bons coups de baise.

Mais après ? L’amour, l’amitié, les vrais sentiments ? 

 

Ils sont entre les lignes de ‘Saccharoses’, un vrai-faux roman, écrit par un vrai-faux écrivain. 

 

Au moins, lui, il a essayé, tenté, convaincu un éditeur, pondu un livre. Eté au bout du truc. Comme Yohann Elmaleh - qui se dit « de la race écrite » (voir ma précédente chronique) -, il est de la race parlé. Il a la tchatche. 

 

Or, en lis-tes-ratures, comme au foot, au basket, en musique, et dans tout ce qui compte, les vrais tiennent sur la durée, la longueur, mon pote. Essaie encore.

 

Guillaume Chérel

 

Saccharoses, de Samir

17 euros, éditions JC Lattès

 

 





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