ROMAN : MOUSSON FROIDE

Dominique Sylvain


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Le chien pas stupide de Dominique Sylvain


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Introduction


Dominique Sylvain est décidément une drôle de zébrette… aucun de ses polars ne se ressemblent. Elle le prouve, une fois encore, avec Mousson Froide, un roman noir dont l’un de ses héros est… un chien (Jindo, pédigrée Labrador). Pas bête du tout, lui. Au contraire de celui de Bandini (dans le roman célèbre de John Fante) puisqu’elle en a carrément fait un des narrateurs de son nouveau livre. Il fallait y penser ! 


Ce chien suit son « humaine » (Jade) au doigt et l’œil, ou plutôt à la truffe (son odorat est très affuté) et à l’oreille, puisqu’il apporte son concours dans une enquête qui rappelle d’atroces (et réels) faits-divers (cf : le « dépeceur » de Montréal – alias « l’équarisseur » -, un jeune gay cannibale qui mangeait des parties du corps de ses éphémères amants…). Et il ne se contente pas de flairer, manger, lever la patte, baver, et manger-dormir, figurez-vous qu’il pense et réfléchit.


Séoul, 1997. Des enfants sont maltraités. Un gangster accomplit une vengeance sanglante. Cet homme pue la colère. Il est dangereux pour lui-même et autrui.


Montréal, 2022. Mark, un flic d'origine coréenne, est sur la trace d’un réseau pédopornographique. Jade et Jindo (le fameux Labrador) l’assistent. Ce dernier, surtout, va l’aider à détecter des disquettes de mémoires électroniques camouflées. 

 

Tandis que les premiers coupables de cette sombre affaire tombent, un tueurs en série ensanglante l'hiver montréalais. Il s’agit de l'homme qui a croupi plus de deux décennies dans une prison coréenne. À peine libéré, il a pris un avion, destination le Québec, déterminé à prendre la revanche qu'il ressasse depuis des années. Dans la ville enneigée, on comprend que c’est son passé que cet assassin poursuit en grande partie…

 

Comme à son habitude, Dominique Sylvain sait admirablement planter le décor, avec des phrases simples, mais lumineuses : « Le jour tenait à peine en l’air, pourtant il faisait déjà trop chaud. » (…). Non seulement elle a de l’expérience (une vingtaine de polars publiés) mais elle connaît son sujet, puisqu’elle a vécu en Corée du Sud et que ses deux grands fils travaillent au Québec (Canada). Elle a donc pu y faire du repérage, lors de visites à Montréal : des rues Saint-Denis et Sainte-Catherine, en passant par le Mont Royal, jusqu’au « Plateau », où vécut un certain Maurice G. Dantec…

 

Mousson froide est un roman peuplé de personnages complexes et attachants, même quand ils sont terrifiants. En laissant se croiser le destin de ses personnages, et donc les points de vue, l’autrice longtemps publiée chez Viviane Hamy, montre que changer d’éditeur ne l’a pas perturbée plus que ça. Elle peaufine toujours des intrigues subtiles, où se mêlent amour et haine. Sensualité et violence. Sauvagerie et bonté humaine. La seule différence, peut-être, c’est que - Canada oblige – elle s’est lancée dans de belles descriptions des éléments et de la nature (les grands espaces, les arbres, la forêt, la neige, toussa…), elle qui nous avait habitué à des univers plutôt citadins. Par les temps qui courent, si vous avez besoin de changer d’air et de voyager : lisez Dominique Sylvain.

 

Guillaume Chérel

 

Mousson Froide, de Dominique Sylvain, 

373 p, 21 €, Robert Laffont.







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