ROMAN : MALAMUTE

Jean-Paul Didierlaurent


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La dameuse, la neige et l'homme-chien

Ou un conte pour adulte


Couverture Malamute #Récit #Fantastique #Légendes #Drame #HuisCos #Nature #Montagne #Chiens #Tempête #Neige #Poésie #Mystère #Suspense Jean-Paul Didierlaurent



Introduction


Nous sommes à la Voljoux, une petite station des Vosges. Le jeune Basile, qui est saisonnier (il travaille au damage des pistes), doit cohabiter avec un vieux grincheux, nommé Germain Grosdemange, qui se trouve être un membre de sa famille… sur ce arrive une nouvelle employée au service technique des pistes : la belle et mystérieuse Emmanuelle, championne pour conduire la meilleure des dameuses (la PistenBully 600 Polar SCR). Le problème, c’est que cette année-là, il n’y a pas de neige. Une « procession », est organisée (comme dans le temps), pour faire revenir « l’or blanc » (et les touristes), sous les bons auspices d’un prêtre Noir… 


Le beau Basile et la belle Emmanuelle ont chacun un secret, voire un lourd fardeau caché : ils sont faits pour s’entendre. Sur ce, la neige se met enfin à tomber, comme le masque de  chaque personnages de ce roman intitulé Malamute. Du nom de cette race de chiens de traineau très costauds (cousine des loups et des Huskys). Ils vont pourtant rester à la niche… la majeure partie du temps, ces mastodontes, alors qu’avec un titre pareil, Jean-Paul Didierlaurent nous avait alléché avec un roman qu’on aurait pu croire à la Bernard Clavel (Malataverne), cet auteur oublié aujourd’hui, alors qu’il fut populaire, notamment pour son art de raconter de belles histoires du Grand-Dehors.

 

Jean-Paul Didierlaurent (l’homme qui porte quatre prénoms à lui tout seul), s’est fait connaître avec un premier roman (Le liseur du 6 h 27), où il faisait également montre d’un sens de la narration hors pair, confirmée deux fois de suite, lorsqu’il remporta le prix Hemingway de la nouvelle « tauromachique », lui qui vient des Vosges et n’avait jamais assisté à une corrida de sa vie. Autant dire que le bougre sait « mentir-vrai », pour paraphraser Aragon. Il n’a sans doute jamais conduit une dameuse non plus, mais il réussit le tour de force de nous intéresser à ces mastodontes des neiges (jusqu’à nous expliquer les détails techniques, sa mécanique). 

Comme Clavel, Didierlaurent sait ce que c’est que de travailler de ses mains, ça se sent, se lit, ses descriptions de la vie des gens du peuple sont réalistes. Il connait la vie dans les villages de montagne, notamment que si on ne déneige pas devant sa porte, personne ne le fera pour vous.

 

Bref, avec un titre pareil, on s’attendait à un récit d’aventure, à défaut de Grand Nord, du Grand Est (vosgien), façon Jack London (cité dans le livre). Que nenni. Les chiens, voire le méchant loup, ne sont pas le sujet principal de ce conte pour adulte, à lire un soir d’hiver, devant une cheminée, avec un chocolat chaud (ou du schnaps, pour les amateurs d’alcool blanc), à portée de la main (un bon confinement fera aussi l’affaire). Il a beau citer aussi Les Grandes Gueules, le film de Robert Enrico, avec Bourvil et Lino Ventura dans les rôles de bucherons virils, ça reste correct, voir léger.

 

L’atmosphère, dans ce huis-clos montagnard, qui se veut oppressant, composé de mystères, et personnages truculents, reste de bon aloi. Il y nait même une jolie histoire d’amour gaie, drôle et sensuelle, et le vieux bourru s’est vite détendu. Pourtant, tout y est : le bar de village (mais plutôt qu’une taverne l’auteur nous décrit un joli zinc, façon Hooper) ; les « grandes gueules » (des collègues sont jaloux, mais à part un coup de boule, ça reste tranquillou) ; la tempête de neige… mais tout le monde est sain et sauf, grâce aux fameuses dameuses ; et les secrets sont bien vite éventés. 

 

Malgré ce bémol, le nouveau roman de Didierlaurant est agréable à lire, parce que c’est un excellent raconteur d’histoires (un storyteller, en « anglish »). Ce n’est pas un hasard s’il manie l’art de la Short-storys, comme on dit l’autre côté de l’Atlantique, encore une fois, chez les anglo-saxons. C’est un genre très apprécié aux Etats-Unis, moins respecté chez nous, où le roman est mis sur un piédestal. Pas simple de tenir sur la longueur, quand on est bon sprinteur. Il faut du souffle pour devenir marathonien. La chute est un peu tirée par les cheveux, et certains éléments du récit semblent invraisemblables (comme faire tenir un journal écrit en bon Français par une slovaque, de naissance, dont l’auteur répète qu’elle maîtrise mal la langue de Molière). 

 

Ceci dit, répétons-le, le sieur Didierlaurent est tellement doué pour créer des personnages sympathiques, que ça passe, tellement ils sont attachants. On se sent bien en leur compagnie. La lecture de « Malamute » réserve de bonnes surprises. Savoir raconter une histoire est un don. Savoir la structurer, c’est du travail. Le style, somme toute classique, et pur, de Jean-Paul Didierlaurent, rappelle les romans fleuves d’un Roger Martin du Gard, ou les sagas humanistes d’un Panaït Istrati, ou Romain Rolland (excusez du peu !). Il en a le potentiel. Le talent. Contrairement à ce qu’on pourrait croire, cette chronique n’est pas négative (la critique est Thésée mais l’art est Hyppolyte…), au contraire, je viens de lui faire un énorme compliment.

 

Guillaume Chérel

 

Malamute, de Jean-Paul Didierlaurent, 

353 p, 18 €, Au Diable Vauvert.







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