ROMAN : LEUR ÂME AU DIABLE

Marin Ledun


- Smartphones : orientez votre appareil à l'horizontale pour bénéficier d'un confort de lecture optimisé -


#Polar #Noir #Suspense #Industrie #Lobby #Tabac #Société #Politique #Mafia #Business  #Violence #Démocratie #Corruption #Marketing #Manipulation #Publicité 


Marin Ledun nuit gravement à l'industrie du tabac


Couverture Leur âme au diable  #Polar #Noir #Suspense #Industrie #Lobby #Tabac #Soau diable  #Polar #Noir #Suspense #Industrie #Lobby #Tabac #Société #Politique #Mafia #Business  #Violence #Démocratie #Corruption #Marketing #Manipulation #Publicité
© Gallimard, Série Noire
Marin Ledun
© sous réserve de droits




Introduction


Le premier sentiment, après avoir refermé Leur âme au diable, pavé de 600 pages de Marin Ledun, c’est : « Quel travail ! »… Il suit neuf personnages, sur une vingtaine d’années, de 1986 au début des années 2000. Leur point commun : business de la cibiche. L'histoire débute par le braquage, au Havre, de deux camions citernes remplis d’ammoniac liquide, destiné à une usine de cigarettes. Bilan : 24 000 litres envolés, sept cadavres et une jeune femme disparue. 


Hélène… Elle s’appelait Héléne. Thomas… Mais elle devra changer de nom. Les « OPJ » (officiers de police judiciaire) Nora et Brun enquêtent. En France, évidemment, jusque dans les travées de l’Assemblée nationale et dans les cabinets de consulting parisiens, mais aussi dans les circuits mafieux italiens et bientôt en Serbie. Ils traquent ceux dont le job est de corrompre, manipuler, contourner les obstacles au fonctionnement de la formidable machine à cash que représente le business des « cigarettiers ». 

 

En premier lieu, David Bartels, le lobbyiste mégalomane, alcoolique et cocaïnomane, qui intrigue pour obliger politiques, hauts fonctionnaires, et même scientifiques (dont le rôle et de contester la responsabilité du tabac dans les cancers du poumon de millions de fumeurs, ce, depuis un demi-siècle), bref, à servir les intérêts de « European G. Tobacco », un conglomérat fictif, mais qui ressemble fort à ce qui existe depuis la seconde guerre mondiale (the Big Tobbaco), aux Etats-Unis, principalement. Il a un concurrent, Edouardo Rojas, qu’il croit pouvoir manipuler, mais rira bien qui rira le dernier… sans oublier Anton Muller, son homme de main, ancien mercenaire, exécuteur des basses œuvres (ça va jusque l’assassinat). 

 

Outre la jeune Hélène, déjà citée, il y a des femmes aussi (pour la caution séduction), comme « Valentina », laquelle embauche la première citée, pour jouer les entraîneuses, pour ne pas dire « pute de luxe » Officiellement, Sophie Calder est à la tête d’une société d’évènementiel sportif. En fait, c’est une proxénète… vous savez, ces filles qu’on voyait déambuler en tenue légère sur les circuits de moto Grand Prix et de Formule 1. 

 

Tout y est : ambition, corruption, violence, appât du gain. Sur la piste de la nicotine, la guerre sera totale. Marin Ledun n’hésite pas à écrire le nom des vrais hommes politiques et sportifs de l’époque.

 

L’industrie du tabac fut la pionnière pour ce qui est de la manipulation des consommateurs, bien avant les vendeurs d’alcool et de produits chimiques. Ces gens-là mentaient comme des arracheurs de dent, bien avant Donald Trump. Peu importe la méthode (violence contre les syndicalistes grévistes, entre autres) et les moyens (corruption par l’argent), la marchandise doit s’écouler à tout prix. C’est le cas de le dire… 

 

Perfectionniste, Marin Ledun s’est documenté avec la rigueur qu’on lui connait. Ceux qui sont nés dans les années 60 retrouveront avec plaisir les émissions de télévision de leur enfance, et avec mélancolie le rappel de la mort de Malik Ousskine, l’hiver 1986, tué par les « voltigeurs », à Paris, alors que Jacques Chirac, grand fumeur de cigarettes, était aux manettes du gouvernement. 

 

Ledun a su doser entre la fiction et la réalité. Il décrit avec minutie, et dans le détail, de manière froide et concise, efficace, sans fioritures, les stratégies marketing, et les manœuvres du lobby du tabac, mais sait aérer le récit (lui évitant d’être indigeste par le trop plein d’informations), en décrivant des personnages, ni tout blancs, ni tout noirs, bref  touchants d’humanité. Le tour de force étant, entre autres, de rendre attachant le plus « méchant » d’entre eux, a priori : Anton Müller, une grosse brute sanguinaire, mais qui est aussi capable de sentiments. Lui-même n’est qu’un outil. Il est également victime du « système ». 

 

On n’ira pas jusqu’à dire qu’on s’identifie à ses personnages, d’un cynique assumé, et qui représentent ce qui se fait de pire dans le capitalisme, mais ils ne laissent pas indifférents. Comme Martin Scorsese, dans Les Affranchis et Casino, Ledun n’en fait surtout pas des héros. Ce ne sont que de piètres marchands de mort. Tous vont mal finir… 

Il ne peut en être autrement : ils ont vendu leur âme au diable. Le dernier sentiment, quand on a lu les 600 pages de ce véritable roman noir (un polar qui trace le portrait d’une société), c’est de prévenir celles et ceux qui fument encore de ce que contient une simple cigarette… car si « fumer tue », lire un bon livre, avec du sens, rend moins con.

 

Guillaume Chérel

 

Leur âme au diable, de Marin Ledun, 

600 p, 20 €, Série Noire / Gallimard.


Campagne anti tabac
Québec sans tabac






Télécharger
Marin Ledun nuit gravement à l'industrie du tabac
Télécharger et imprimer l'intégralité du texte.
Leur âme au diable.pdf
Document Adobe Acrobat 568.9 KB


icône don Paypal

Vous aimez cette chronique littéraire ? Ne manquez pas de contribuer en cliquant sur l'image située à gauche

 

Même modeste, un don sera toujours apprécié !



Écrire commentaire

Commentaires: 0