ROMAN : LES ENCHAÎNÉS

Franck Chanloup


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Les damnés de la Terre


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© Au vent des îles
Franck Chanloup
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Introduction


 On connaissait Les enchaînés (1946), le film d’Alfred Hitchcock, avec Cary Grant et Ingrid Bergman. Voici Les Enchaînés, bis, premier roman de Franck Chanloup (51 ans). Né au Maroc, résident français en Nouvelle-Calédonie, publié par une maison d’édition de Tahiti (Polynésie Française)Au vent des îles… autant dire que l’apprenti auteur, agent immobilier dans le civil, a l’habitude de bourlinguer à longue distance, que ce soit physiquement (il est à nouveau sur le départ), ou intellectuellement. Féru de littérature, depuis sa jeunesse, Franck Chanloup anime un blog littéraire de bonne qualité.


Pour son premier livre, il a décidé de voyager dans le temps. Nous sommes en 1868, dans la Sarthe, près du Mans. Victor est le cadet d’une famille de brigands qui enchaîne les menus larcins. Jusqu’au jour où une agression tourne mal. Un homme est tué. Son paternel se laisse accuser du meurtre (il sera guillotiné), mais avant d’être exécuté il le convainc de disculper son grand-frère, chargé de famille, et énucléé. Victor n’avait fait que le guet mais il accepte par bonté d’âme. Ou peut-être naïveté. Trop bon, trop c…

 

À seize ans, alors qu’il se préparait à devenir cordonnier, il est incarcéré au bagne de Toulon, puis quasiment envoyé aux galères pour huit ans. Le début de son calvaire pénitentiaire commence. Jusqu’à sa rencontre avec Léopold Lebeau (qui porte bien son nom), un prisonnier communard, idéaliste et indomptable, avec qui il se lie d’amitié. Voire plus si affinités… C’est d’ailleurs l’une des bonnes surprises de ce récit historique, étonnamment bien maîtrisé, pour un débutant. 

 


Communards Paris
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Carte 1774 de la nouvelle calédonie


En effet, lorsqu’on aborde la question des bagnards, difficile d’éviter l’écueil de la violence entre prisonniers, et la question du viol. Sans parler de l’ombre tutélaire du grand Victor… Hugo, et de ses Misérables, difficile de ne pas penser à « Papillon », donc aux clichés (pourtant réels, mais déjà vus, déjà lus) inhérents à la question des bagnards. Un des derniers vestiges de la sauvagerie humaine, avec l’esclavage, les camps de concentration, et la peine de mort… Tout cela n’est pas si vieux.

 

Franck Chanloup ne s’appesantit pas sur la question des tortionnaires sadiques, mais il les décrit avec soin. Il est plus dans la sensation, que dans le sensationnalisme morbide. D’autant plus que nous ne sommes pas en Guyane, sur l’ile du Diable, mais en Nouvelle Calédonie (on dit « La Nouvelle » à l’époque). 

 

Les communards viennent de se faire exterminer, en Mai 1871. Le bateau qui transporte l’ingénu Victor arrive à destination en 1872, avec à son bord des « frères » francs-maçons et communards, donc, lettrés et altruistes, partageux. Il n’y a donc pas que des tueurs… mais aussi des innocents, et/ou des révoltés.  C’est le peuple de l’abîme. Les damnés de la terre. Les forçats sont harcelés, brisés, décimés, mais ils restent dignes et résistent jusqu’au bout. 

 

Malgré la cruauté des gardiens, alcooliques, incultes et sans pitié (sauf quelques exceptions), malgré les privations, ils prouvent que la solidarité et l’humanité entre les hommes peut tout vaincre… au péril de sa vie. Quitte à se sacrifier. Les survivants auront appris. Une fois libérés, ils seront plus forts, plus justes ; du moins on peut l’espérer, comme on l’a vu après la Shoah. Au moins pour garder sa dignité, à défaut de survivre. Ils restent dans la mémoire.

 


violence bagne nouvelle caledonie
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Déportés de La Commune 1871
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En abordant la grande, et petite histoire personnelle, des bagnards en Nouvelle-Calédonie, Franck Chanloup s’est montré ambitieux. Au moment où nous commémorons les 150 ans de la fin de la Commune de Paris (et de Marseille… plus courte), il a su reproduire le langage de l’époque, cet argot des gens de peu. « Les enchaînés » se lit d’une traite, ça veut tout dire. 

 

On s’identifie à ce jeune homme qui se retrouve dans une galère, alors qu’il ne rêvait que de vivre une petite vie normale, tranquille. Dans la difficulté, il va se surpasser. Chanloup réussit le tour de force de donner une note d’espoir à une histoire a priori plombante, déprimante. Ce n’est pas une mince affaire. Moralité : l’amour, comme l’amitié, est plus fort que la mort.

 

Guillaume Chérel

Les Enchaînés, de Franck Chanloup, 

221 p, 16 €, Au vent des îles.


Mur des Fédérés au cimetière du Père-Lachaise, à Paris, érigé à la mémoire des communards tués lors de la semaine sanglante. Mémoires d’Humanité/Archives départementales de la Seine-Saint-Denis
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