ROMAN : LE SOLEIL NE BRILLE PAS POUR TOUT LE MONDE

Audrey Sabardeil


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C'est beau Marseille la nuit, ou ça va barder

avec Sabardeil, la Izzo au féminin


Le soleil ne brille pas pour tout le monde #Marseille #Style #Polar #Noir #Haletant #Authentique #QuartiersNord #Cités #Réalité #Social #Survie #violence #Politique #Fric #Drogue Audrey Sabardeil



Introduction


Après « Le soleil ne brille pas pour tout le monde » (2022), plein de bonnes intentions, la marseillaise (pur jus, ça se sent, s’entend) Audrey Sabardeil a enchainé avec un récit plus maîtrisé : « Les naufragés » (2023). Chaque fois, cette prof de Français s’est mise dans la peau d’un homme du peuple, un vrai, avec ses failles, ses doutes et ses valeurs morales. 


Dans le premier, Stéphane a une quarantaine d’années. Il traine au bar de Frédo, où sert la belle Kahina. Il s’y sent comme chez lui, parce que ça tchate, ça charre, ça vit au rythme de la cité phocéenne : tranquillement le matin, pas trop vite l’après-midi et on verra bien ce soir… Du moment qu’il fait beau (autant dire tout le temps) et que la mer est à proximité. « Stèph » n'attend rien de particulier de la vie, qu’il parcourt au jour le jour, pas très loin du quartier où il a grandi. Et ça lui va bien comme ça, du moment qu’il trouve une « gâche » quelque part, pour payer son loyer et de quoi manger. Comme ce job, en intérim, dans une pizzeria sur la Canebière. Le pied ! Mais, sous le soleil implacable de la Méditerranée, les emmerdes ne tardent pas à débarquer, sous la forme de caïds de bacs à sable, qui le frappent pour une raison qu’il met du temps à comprendre.

 

L’éditeur lyonnais, M+ nous vend ce premier roman comme une « cavalcade haletante à travers les rues et les quartiers de la cité phocéenne », mais il ne se passe pas grand-chose, ça traîne un peu. Les scènes de violence ne sont très réalistes. Cependant, les soliloques du narrateur montrent une belle sensibilité, et une poésie « populaire », des bars-tabacs, entre autres, ambiance de la rue, quoi, sans effets de plume, qui rappellent Jean-Claude Izzo : « J’ai observé ce spectacle immuable. Toujours ces rires graves et ces discussions viriles. Le sport, la politique, le patron, la femme, les gosses. Avant ce jour, je n’avais jamais réalisé que ce lieu était presque exclusivement masculin ». Comme Fabio Montale, dans la fameuse trilogie de polars marseillais (« Total Kheops », « Chourmo », Solea »), amateur de femmes et des pastis, Stéph’/Audrey sait apprécier la beauté féminine : « démarche, hanches, rondeurs, mouvements ». Et surtout, il est question de la « vraie vie », celle où il faut réfléchir chaque jour pour savoir comment finir le mois, à partir du 15. Sabardeil connaît bien sa ville – pas seulement la face Nord – et celles et ceux qui y (sur)vivent. Elle la sait parfois violente, cette cité, mais tellement solidaire aussi, en décrivant sa beauté unique au monde. 

 

Ce qu’elle montre et démontre avec « Les Naufragés » d’un tout autre niveau littéraire.  Hugo est un quinquagénaire déjà à la retraite (le veinard !) qui, lors d’une balade en bateau (comme Montale, aux Goudes), du côté des îles du Frioul, repêche ce qu’il croit être le corps d’un noyé…

 

[Attention, SPOIL] Or, il s’agit d’un algérien vivant, un « blédard » pas très causant, forcément, puisqu’il maîtrise mal la langue de Molière. Hugo décide de l’aider, en l’hébergeant, l’habillant, et s’adressant à des associations comme S.O.S Méditerranée, et Caravelle, ce qui suscite une dispute avec sa femme et sa fille. Lesquelles se méfient de ces « profiteurs » qui viennent manger le pain des français [Fin du SPOIL] .

 

Jusque-là, on se dit : que de bons sentiments ! Un peu ce que soutiennent les mauvaises langues, qui ne lui arrivent pas à la cheville, reprochent aujourd’hui à Izzo, vingt ans après sa mort, sans autre argument que l’aigreur, et/ou la bêtise. Passons. 

 

Audrey Sabardeil prend la relève et embarque ses lecteurs (en plus de balades dans les rues et quartiers de la ville) là où on ne l’attend pas, et c’est très bien comme ça. Le « sad-end » (contraire du « happy-end ») est pour le moins surprenant, voire déstabilisant. Elle livre ici un roman noir social « engagé », au bon sens du terme, car chacun se fera son opinion. Il y a encore quelques facilités stylistiques, quelques naïvetés, mais c’est frais, revigorant et toujours positif. Petit scarabée apprend vite. Elle sait déjà écrire de bons roman populaires, pas populistes. Être comparée à Izzo vaut tous les compliments, n’en déplaisent aux pisse-vinaigres et autres demeurés manichéens (bis repetita). La plume d’Audrey Sabardeil est lumineuse et flamboyante, comme son ample chevelure catalane. Vivement son troisième roman, qui sera encore meilleur, et sans doute pas le dernier.

 

Guillaume Chérel

 

« Le soleil ne brille pas pour tout le monde », 167 p, 15, 80 €, et « Les Naufragés », 176 p, 17, 90 € (M+ Editions), d’Audrey Sabardeil.





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