ROMAN : LE SILENCE

Dennis Lehane


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Le grand roman noir de l’Amérique


Le Silence #Thriller #Noir #ÉtatsUnis #Boston #MafiaIrlandaise #Mère #Disparition #Fille #Cauchemar #Déségrégation #Communautarisme #TensionsSociales #Combat #Vérité de Dennis Lehane


Introduction


« On ne peut pas se couper de ses semblables, écrivait Joseph Conrad. Il faut être un saint pour vivre dans un désert ». L’exergue choisie par Dennis Lehane à son nouveau roman, très attendu, donne le ton. L’action se passe en 1974, dans la banlieue irlandaise de South Boston (« Southie »). Cet été, il y a cinquante ans, déjà, Mary Pat (Fennessey) vit sa vie routinière de labeur, luttant pour élever seule sa fille de dix-sept ans, Julie, alias « Jules » (son fils, Noël, est mort d’une overdose en rentrant de la guerre du Vietnam). Son deuxième mari (un bon gars, le premier la battait) l’a quitté pour une femme plus jeune… et Noire. Un soir, Jules part avec son petit ami présumé et ne rentre pas à la maison. Ses « ami.e.s » du quartier ont perdu sa trace dans la chaleur moite de la nuit bostonienne.


Cette même nuit, un jeune Noir est mort soi-disant après avoir été percuté par une rame de métro. Sauf qu’il s’était retrouvé seul, dans un quartier Blanc, suite à une panne de voiture. On l’a retrouvé sur la voie avec une blessure suspecte derrière le crâne. Ces deux événements, sans lien apparent, vont plonger cette battante, une vraie guerrière, dans un cauchemar éveillé. Le contexte social est tendu. La récente politique de « déségrégation », mise en oeuvre par la ville aux idées progressistes, provoque des tensions raciales. Une grande manifestation se prépare, à laquelle Mary Pat comptait se joindre… Elle y sera. Mais pas de la manière qu’elle s’imaginait. Dans sa recherche effrénée de sa fille, elle va voir sa « communauté », qu’elle croyait unie, et solidaire, lui tourner le dos à cause de la peur du parrain local. Un mur de silence semble s’être érigé face à elle, contre elle. Loin de se débiner, cette femme en colère va se battre pour faire éclater la vérité, si violente et choquante soit-elle.

 

Une fois encore, Dennis Lehane a le don de savoir mettre à nu le coeur sombre de l’humanité. Capable du pire comme du meilleur. Point de manichéisme, ni de sectarisme, au contraire. Il nous pousse à nous interroger sur nous-même. Que ferions-nous si nous avions le coeur déchiré ? Jusqu’où sommes-nous capable d’aller pour nous venger, à défaut de réparer une injustice ? Outre Mary Pat, il y a Bobby, un flic à la Serpico, qui ne demande qu’à l’aider. Mais, un peu comme Harvey Keitel, dans « Thelma et Louise », il lui tend la main pour la sauver elle, personnellement, opposée à la mafia irlandaise, un peu comme « Gloria », cette fois, filmée par son mari John Cassavetes. Mais elle s’en fiche, elle n’a plus le goût à vivre. Plus rien ne la retient dans cette cité, donc sur terre, car c’est tout ce qu’elle connait. Il y a des scènes de violence d’anthologie, dans ce polar haletant, mais pas racoleuses. Rien de gratuitement spectaculaire. Que de l’authentique. Du réaliste.

 

 

Mystic RiverGone Baby GoneShuter Island et j’en passe, pas étonnant que le cinéma américain, et de grands réalisateurs comme Martin Scorsese se soient intéressés aux romans noirs de Dennis Lehane (58 ans). Il prouve une fois encore son talent avec Small Mercies (s’estimer heureux, petites miséricordes), étrangement transformé en « Le Silence » par Gallmeister (son heureux éditeur français), et François Happe, le traducteur exempt de tout reproche, a priori. Car, une fois encore, ce nouveau livre est riche, autant pour ses qualités littéraires (la narration, le rythme successivement lent puis rapide, suivant un crescendo prenant), mais aussi son fond socio-politique, bref tout ce qui fait la quintessence d’un bon roman noir. Pas banalement policier, ni « thriller » formaté pour divertir le grand public de la Société du Spectacle.

 

Dennis Lehane bouscule les neurones. Ses livres stimulent le cerveau. Il n’écrit pas par loisir, pour le plaisir de son prochain, il donne à réfléchir, ouvre des brèches dans son cœur ; quitte à provoquer malaise et colère. Tous ses romans, comme ceux des meilleurs auteurs de romans noirs modernes (James Ellroy, George Pellecanos, James Crumley, etc) sont basés sur des faits réels ayant pour cadre une ville qu’il connait bien (Los Angeles pour le premier, Washington pour le second, Missoula…), Boston ici. Avec un personnage féminin très fort. Il faudra un excellent réalisateur, une fois encore, du genre Ridley Scott, pour adapter cette bombe romanesque à l’écran. Le genre de livre qui se détache des autres. Un grand roman américain, tour court.

Guillaume Chérel

 

« Le Silence », de Dennis Lehane,

traduit de l’américain par François Happe, 444 p, 25, 40 €, Gallmeister.





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