BIOGRAPHIE : LE MOINE DE MOKA

Dave Eggers


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L'histoire du garçon qui vaut moins qu'un âne

ou le génie renversant de Dave Eggers a encore (café) frappé !


Couverture récit Le Moinde de Moka de Dave Eggers #Auteur #Bibliographie #Récit #Autobiographie #Café #Aventure #Noblesse #Yémen #GuerreCivile guillaume cherel
© Gallimard
James Frey
© sous réserve de droits




Introduction


 

Dave Eggers est mon écrivain préféré. Et ce n’est pas parce qu’il est américain, ni parce qu’il est le fondateur du magazine littéraire ‘The Believer’ (sa femme, l’écrivaine Vendela Vida, en est la rédactrice en chef), et la maison d'édition McSweeney's ; encore moins parce qu’il a créé une association fantastique (Valencia 826), d’aide au devoir dans les quartiers défavorisés de San Francisco, il y a 20 ans, devenue un atelier d’écriture (d’anciens « aidés » sont devenus écrivains encadrants) décliné en différents endroits du monde


… ni parce qu’il est meilleur écrivain que moi


 

...bien qu’étant plus jeune (49 ans) – je devrais le détester pour ça ! -, mais parce qu’il me surprend à chacun de ses nouveaux livres. 

 

Ça a commencé dès son premier roman : A Heartbreaking Work of Staggering Genius, traduit : « Une oeuvre déchirante d’un génie renversant » (basé sur sa vraie vie, ou comment il est devenu le tuteur de son jeune frère après la mort, dans un accident de voiture, de ses parents… et c’est drôle !), paru en 2001, aux Éditions Balland (collector), en même temps que mes « Enfants rouges » (Flammarion). 

 

Ce type sait tout faire et ses livres ont du sensIls disent le monde dans lequel nous vivons, avec une cruelle ironie, une acuité mordante, un humour caustique jamais blessant, ni lourdingue. 

 

C’est toujours finsubtil, d’une grande intelligence, d’une clairvoyance bienveillante. 

 

Dave Eggers ne joue pas les gourous, ni les visionnaires, il témoigne, donne sa voix aux gens de peu et tire les sonnettes d’alarme. Sans tomber dans le pathos et le démonstratif, ni la dénonce pure et simple, j’insiste : ce n’est pas un donneur de leçons. Il expose, sans démontrer, s’efface derrière le sujet.  

 

Il y a deux sortes de livres dans son travail d’écrivain : les reportages littéraires, ou biographies romancées, comme What Is the What : The Autobiography of Valentino Achak Deng (« Le Grand Quoi » : Autobiographie de Valentino Achak Deng), qui racontait le périple d’un jeune survivant du Darfourpublié en 2009, aux éditions Gallimard.

 

Ou Zeitoun (Gallimard), où il narre comment un bon citoyen américainmusulman, se retrouve emprisonné pour avoir voulu aider ses concitoyens après les ravages du cyclone Katrina, en Louisiane (USA). 

 

Et ses romans, comme You Shall Know Our Velocity (« Suive qui peut »), How We Are Hungry (« Pourquoi nous avons faim »), et « Le Cercle », plus récemment, adapté au cinéma, avec Tom Hanks. 

 

Dans chacun de ses livresDave Eggers dit l’absurdité du monde, et de la difficulté de vivre dans laquelle nous survivons (le rôle de l’argent et du charity-business, des Gafas, de l’Etat policier, etc…), quand le bon sens nous habite 


Couverture roman Dave Eggers  Une oeuvre déchirante d’un génie renversant
@J'AI LU
Couverture récit Le grand quoi Dave Eggers
@Folio
Couverture roman Le Cercle Dave Eggers
@Gallimard


 

Après un roman que j’ai moins apprécié (« Les héros de la frontières », Gallimard 2018), il revient au meilleur de sa forme avec « Le moine de Moka », où il raconte l’histoire vraie de Mokhtar Alkhanshali, jeune Américano-Yéménite, qui va tenter l’impossible pour redonner ses lettres de noblesse au café du Yémen

 

Oui du café… que vous aimiez ou non ce breuvage, son récit va vous passionner. 

 

Mokhtar a vingt-quatre ans et travaille comme portier dans un prestigieux immeuble de San Francisco (L’infinity), puis vendeur de voitures, lorsqu’il découvre l’histoire fascinante de l’invention du café, et la place centrale que le Yémen y occupe. 

 

Jeune homme brillant, autodidacte et particulièrement débrouillard, il quitte alors sa famille et les États-Unis pour retourner sur la terre de ses ancêtres, afin de rencontrer cultivateurs, cueilleurs et trieuses aux quatre coins des régions les plus reculées du pays. 

 

Mais en 2015, alors que son ambitieux projet d’améliorer les conditions de travail et de changer l’image du Yémen aux yeux du monde commence à prendre forme, la guerre civile éclate (l’Arabie Saoudite s’en mêle). 

 

Les bombes pleuvent et l’ambassade américaine ferme ses portes. 

 

Mokhtar va devoir trouver un moyen de sortir du Yémen sans pour autant sacrifier ses rêves ni abandonner ceux qui croient en lui. C’est la partie aventures et miracles de la survie, grâce à sa tchatche, du livre. 


Avec son inimitable talent de conteur, Dave Eggers livre un récit de formation intime et bouleversant. 

 

Grand roman d’aventures contemporain, ‘Le moine de Moka’ entrelace l’histoire du café (on apprend beaucoup sur ce fruit, cette « cerise »…), celle d’un pays pris dans la tourmente de la guerre et l’incroyable voyage d’un jeune Américain musulman, courageux et fier de ses origines. 

 

Ou comment un jeune Américano-Yéménite, qui dormait par terre, chez ses parents, et était considéré comme « valant encore moins qu’un âne », est devenu le roi du café. 

 

Un rêve américain, again, mais comme un pied de nez à la politique de Donald Trump. Certains passages sont moins passionnants mais la fin du livre est terriblement efficace et paradoxalement drôle.

 

L’année dernière, la très prestigieuse Coffee Review a donné la meilleure note jamais attribuée à son arabica yéménite. Et aujourd’hui, une tasse de son trésor noir s’arrache à plus de seize dollars dans les bistrots branchés du monde entier. 

 

Mais pour ça, Mokhtar a risqué sa vie. Et son greffier, Dave Eggers, a encore prêté sa plume à une légende emblématique du genre humain. 

 


Mokhtar Alkhanshali , Yémen. Crédit © CBS NEWS
Mokhtar Alkhanshali, Yémen. Crédit © CBS NEWS

Ou comment le commun des mortels peut se comporter en super héros, pour le bien commun ; car une partie des fonds du livre, et du café vendus sert à l’amélioration de la vie de centaines, voire de milliers de yéménites restés au pays dans un pays régulièrement en guerre. 

 

J’ai eu l’occasion de rencontrer Dave Eggers, en tournée de promotion, à Paris, pour la promotion de son livre, mais… je n’ai pas osé : que dire à son écrivain (vivant) préféré ?

 

Lui qui vit à San Francisco, la ville de Jack London et Kerouac… 

 

le mieux est de lire ses livres et de donner envie de le découvrir. Lire Dave Eggers ça rend plus intelligent, à défaut d’être meilleur. Vivement le prochain Dave Eggers ! 

 

Guillaume Chérel

 

Le Moine de Moka, de Dave Eggers, 378 p, 22 €, Gallimard.

Traduit de l’anglais (Etats-Unis) par Juliette Bourdin.





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