ROMAN : LAISSEZ-NOUS LA NUIT

Pauline Claviere


- Smartphones : orientez votre appareil à l'horizontale pour bénéficier d'un confort de lecture optimisé -


#Justice #Avocats #Prison #Gardiens #Administration #Drame #Humanité #Dignité #Amitié #Amour #Violence #Drogue #Sexe #Maladie


Prison (sans) break


Couverture roman Laissez-nous la nuit Pauline Claviere #Roman #Justice #Avocats #Prison #Gardiens #Administration #Drame #Humanité #Dignité #Amitié #Amour #Violence #Drogue #Sexe #Maladie Guillaume Cherel bis
© éditions Grasset



Introduction


Pauline Claviere (chroniqueuse culturelle sur France 5) n’a pas choisi la facilité pour son premier roman. Inspiré d’une histoire vraie, avec audace, elle a choisi de raconter le cauchemar vécu par le dénommé Max (vous, moi… lui c’est Nedelec), un homme d’affaire, jeté en prison pour une sombre histoire de virement d’argent non répertorié par un organisme froid et sans empathie, comme la prison. 

 

Au début, il ne croit pas que cela puisse lui arriver à lui – ça n’arrive qu’aux autres -, d’être incarcéré. Avec de vrais voyous, en plus, des moins que rien. Et pas dans un centre pénitencier pour V.I.P, comme un certain Balkany, récemment, sorti aussi vite qu’il y était rentré… en prison pour tous, en quelque sorte.


La prison. Rien que le mot fait peur et/ou fantasmer. 

Tout a été dit et montré, pense-t-on. Et bien non. 

 

A petites touches, comme « les rayons filtrent à travers les branches du vieux cèdre » (début du livre), Pauline Clavière décrit le mécanisme judiciaire qui peut entraîner un homme lambda (malheureux en affaires ici) dans l’enfer carcéral, un système kafkaïen. 

 

Elle est parfois « injuste, capricieuse, irrévocable », la Justice (avec un grand J), comme la nature. La nature humaine, comme dirait Serge Joncour (le titre de son nouveau roman, voir chronique précédente).

 

Or donc, nous assistons à l’incarcération de Max, qui n’en peut plus mais… il pense que la juge d’instruction ne peut pas l’envoyer derrière les barreaux, que le procureur exagère, puis que sa fille, Mélodie, va le sortir de cette fâcheuse situation (un malentendu, forcément), grâce à un bon avocat : 

 

« Qu’est-ce que je fais là ? Comment j’ai pu arriver là ? ». 

 

Mais le piège se referme inexorablement. L’ogre judiciaire est implacable, et un peu comme les hôpitaux, une fois que ses mâchoires se sont refermées, il est très difficile d’en sortir indemne.

 

Nous n’allons pas « spoiler » ici. L’intérêt principal de ce gros roman (600 pages) est sa galerie de personnages attachants. 

 

On s’identifie à Max, un quinquagénaire bienveillant avec son prochain. Il tente de prendre sous son aile le jeune « Bambi », mais comme il est novice dans ce milieu hostile, et trop gentil, sa protection paternelle ne suffira pas. 

 

Il est protégé lui-même par Marcos, le gitan, vieux briscard à qui on ne la fait pas, mais trop isolé pour ne pas se faire avoir par le gang de « Sarko », lequel règne, en silence, l’air de rien, lors de la « promenade ». 

 

Dangereuse, la promenade qui porte mal son nom, car les fauves sont lâchés… 

 

Il y a aussi Françoise, la doctoresse indifférente, qui distribue les « bonbons », ces cachets qui font dormir et rêver les hommes, et Redouane Bouta, colosse d’1,90 m, sans oublier le Serbe, le Portos… 

 

Chacun doit gagner sa place. 

C’est la lutte des crasses.

 

Difficile de croire que c’est cette jolie blonde (un physique avantageux peut desservir en littérature), au visage angélique, en photo sur le bandeau des éditions Grasset, qui est l’autrice de certains passages on ne peut plus couillus et violents : 

 

« Ils se traitent tous de sales pédés, va te faire enculer ! Mais au fond hein… ». 

 

J’en passe et des meilleures. Le cul, le sexe est tabou. La nuit, la prison des hommes se transforme en verge géante. Ça bande, ça se branle et ça abuse des plus faibles. 

 

Le récit est entrecoupé d’extraits du règlement intérieur. Ce qui donne du recul, remet les choses en perspective. On n’est pas là pour rigoler. 

 

Ce règlement procédurier se double de la loi intérieure. On peut tout se procurer en prison, à condition d’être malin et d’avoir des aides extérieures.

 

Journaliste de formation, Pauline Claviere ne juge pas. 

Elle expose les faits. 

 

Il y a parfois trop d’infos et de chiffres sur la fin, mais ce sont de rares erreurs de jeunesse, et surtout le travail de l’éditeur de suggérer des coupes qui peuvent alourdir le propos. 

 

Mais, dans l’ensemble, ce premier roman est une bonne surprise, parce qu’il est surprenant, écrit sans fioritures ni effets de plume gratuit. 

 

C’est efficace. Elle en dit plus que de longs rapports sur la vétusté de nos prisons et la froideur de la Justice, qui manque de moyens, comme chacun sait. 

 

 

On le savait aussi, la prison est une jungle, où la drogue et la violence sévissent, mais Pauline Claviere rappelle l’essentiel : il y a surtout l’humanité tout entière dans ses murs, des individualités, des personnalités qui ont chacune leur propre histoire. Des personnages de roman, en un mot. 

 

Touchants, sensibles, avec leurs tocs et manies, leur paranoïa. 

Leur destin… 

 

Ils sont à la fois pathétiques et poétiques. Dignes d’être mis en exergue. En leur donnant la parole, une épaisseur, elle joue parfaitement son rôle d’écrivaine. Elle a su leur redonner vie et surtout une dignité. 

 

Cela ferait une bonne série TV à la Dumas, façon conte de Monte Cristo. 

Ce qui n’est pas un mince compliment.  

 

Guillaume Chérel

 

  

Laissez-nous la nuit, de Pauline Claviere, 

616 p, 21, 50 €, Grasset.          

 

 

Le Pitch

 

Le destin donne parfois d'étranges rendez-vous. 

Pour Max Nedelec, la cinquantaine, patron d'une imprimerie en difficulté, tout bascule un matin d'avril , quand des policiers viennent sonner à sa porte. 

 

C'est le printemps, une douce lumière embrasse son jardin. 

 

Un bordereau perdu, des dettes non honorées, beaucoup de malchance et un peu de triche. La justice frappe, impitoyable. 

 

Max Nedelec quitte le tribunal et ne rentrera pas chez lui.
Vingt-quatre mois de prison ferme : il s'enfonce dans la nuit. 

 

Là-bas, le bruit des grilles qui s'ouvrent et se ferment marquent les heures ; là-bas, on vit à deux dans 9m2 ; là-bas, les hommes changent de nom et se déforment : il y a Marcos, une montagne au coeur tendre avec qui Max partage sa cellule ; Sarko, inquiétant maître qui règne sur la promenade... ; le Serbe qui trafique et corrompt tout ; Bambi, le jeune syrien sous la coupe des puissants ; le trio indomptable qui s'est fait baptiser " la bête " ; et tous celles et ceux qui traversent cet univers parallèle, Françoise, la médecin, les gardiens, l'aumônier puni et le directeur.


Dans la nuit se révèlent les âmes : 

ce premier roman d'une incroyable maitrise nous plonge dans les arcanes d'un monde inversé, avec ses lois propres. 

 

Mais il y a aussi une lumière, une tendresse, des passions : un livre saisi entre deux portes, une messe aux lourds trafics, un jeune cousin devenu avocat, Mélodie la petite fille grandie d'un coup, le souvenir doux de l'ancienne passion... 

 

Bienvenue aux âmes perdues et retrouvées.





Télécharger
Prison (sans) break
Télécharger et imprimer l'intégralité du texte.
Laissez-nous la nuit.pdf
Document Adobe Acrobat 426.2 KB


icône don Paypal

Vous aimez cette chronique littéraire ? Ne manquez pas de contribuer en cliquant sur l'image située à gauche

 

Même modeste, un don sera toujours apprécié !



Écrire commentaire

Commentaires: 0