Hugues Serraf
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#Marseille #Populaire #Galériens #Exclus #Invisibles #Humour #Désespoir #Humanité
Ça, c’est Marseille, bébé !

Introduction
Il faudrait obligatoirement lire à haute voix le cinquième roman d’Hugues Serraf, « La Vie, au fond », avé l’accent de Marseille. Et ce n’est pas un cliché. Il l’a dit, la décrit si bien, cette ville, qui s’écoute au moins autant qu’elle s’admire, qu’on sent qu’il la connaît profondément. La quatrième de couv’ croyait bien faire en décrivant Rico comme « l'Alain Delon marseillais, les dents en moins, la bedaine en plus ». Sauf qu’il y a erreur de casting, comme ce fut le cas pour l’adaptation de la trilogie policière de Jean-Claude Izzo (Total Khéops, Soléa, Chourmo). Delon en Fabio Montale, ça ne le faisait pas. Il manquait non seulement l’accent mais la faconde, la tchatche.
Tant qu’à céder à la comparaison, citons plutôt Vittorio Gassman dans « Le Fanfaron », ou « Le Pigeon », bref une comédie italienne. Ou alors, version BD à la Margerin : santiag, perfecto et bécane rétro. Voire certains films de Robert Guédiguian, version « Poulpe »… Bref, du Audiard « Pagnolisé », plus que « pignolé ». Serraf ne se la joue pas provençal, il décrit le Marseille populaire du centre-ville, pas trop des quartiers Nord, ni des quartiers Sud, très bourgeois. Plutôt boulevard National, de Strasbourg, la Belle de Mai, gare saint-Charles, pas loin de la Porte d’Aix, pour ceux qui connaissent…
Rico galère. Rico gagne sa croute en refourguant du mauvais shit. Il se prend la tête avec son daron et tape la discute avec le rat qui le squatte dans son appart-cagibi. Rico est un autodidacte qui se cultive grâce à France Culture. C’est un ancien tombeur, devenu vieux beau dégarni du ciboulot, qui n’en cherche pas vraiment, du boulot. Il fait partie de la cohorte de « gagnepetits » qui, en attendent le 5 pour toucher son RSA, font des « affaires ». Sa seule compagne est une pétrolette, grâce à laquelle il prend la tangente sur Paname où vit le grand amour de sa jeunesse. Rico ne se plaint pas, il endure grâce à l’humour. Il sait prendre de la distance grâce à l’amour des mots. Il a le sens de la répartie. Il s’écoute autant parler qu’il se regarde en train de se battre pour ne pas perdre pied.
« La vie, au fond » n’est pas un livre sur les mineurs du Ch’Nord. C’est un roman sur les galériens du quotidien. Sous couvert de légèreté (« l’humour est la politesse du désespoir »), Hugues Serraf décrit la réalité d’exclus du système (capitaliste) qui n’ont qu’une peur, devenir SDF (pas « clochard céleste », façon Kerouac, aucun romantisme ici, plutôt Macadam Cowboy). Des invisibles… Alors ils s’agitent, se débattent, font le plus de bruit possible, avec l’énergie du désespoir, pour qu’on s’intéresse un peu à eux. C’est fait ici.
« La vie, au fond », de Hugues Serraf, 178 p, 17 €, Intervalles.
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