ROMAN : LA PARADE

Dave Eggers


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La route noire de Dave Eggers

ou la nouvelle oeuvre déchirante d'un génie renversant


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Introduction


Entre deux « gros » romans, tels Le Cercle, ou Le Moine de Moka, récemment, Dave Eggers (le plus imaginatif des écrivains américains vivants, l’enfant prodige de sa génération) écrit de cours récits en forme de fables « dystopiques » (quand il n’écrit pas aussi des livres pour la jeunesse !). Peu après avoir publié, directement en Folio, Le capitaine et la gloire (une métaphore savoureuse de la prise de pouvoir d’un crétin comme Donald Trump, à bord d’un bateau de croisière), les éditions Gallimard publient La Parade, court roman où l’auteur D’une œuvre déchirante d’un génie renversant (son premier livre) imagine la construction d’une immense route ralliant le Nord au Sud d’un (grand) pays en guerre (civile). 


On pense tout de suite aux Etats-Unis, évidemment, un pays qui adore « parader ». Entendez par-là que la fameuse route à asphalter en un temps record (une quarantaine de jours) est censée servir à une parade de la paix. Comme le mur qu’entendait bâtir l’ancien président des Etats-Unis à la frontière de son pays (riche) et du Mexique (plus pauvre). Le dit pays (non nommé, précisons-le) se relève avec peine d’une décennie de batailles sanglantes. La nation est exsangue. Le peuple vit dans la misère et la peur… de l’autre.  

 

Deux entrepreneurs étrangers – qui se font appeler « numéro 4 » et numéro 9 » - ont pour mission de goudronner en quelques jours, au moyen de la « RS-80 » (un engin ultramoderne, un mastodonte) cette route, long de centaines de kilomètres, afin de commémorer, répétons-le, l’armistice, tant attendu. Elle est censée relier le Sud dévasté à la capitale du Nord victorieuse. Là encore, on pense à la guerre de Sécession… La cohabitation entre ces deux hommes, que tout oppose (manière d’être, de s’habiller, de penser), ne sera pas simple. A l’image de la nouvelle alliance entre les deux parties de la nation reliée, mais pas rassemblée, par cette liaison artificielle, conçue à la va-vite avec du bitume. Comme toujours, avec cet écrivain prolixe, il est impossible de deviner ce qui va arriver. On the road again

Romans divers

 

Au début du récit, on pense à la série Le prisonnier, avec Patrick McGoohan, dans le rôle du « numéro 6 », puis à La Route, de Cormac McCarthy ; enfin à La Peste Ecarlate, de Jack London (originaire de San Francisco / Oakland, également). Nouvelle géniale, et prophétique, qui annonçait (au début du XXe siècle) l’apocalypse due à un virus mystérieux (numéro 9 va également souffrir de maladie). Dave Eggers n’est pas moins talentueux que l’auteur de Martin Eden, et dans un autre genre, que Jack Kerouac (Sur la route). Décidément, San Francisco, et la Californie, plus généralement, engendrent des génies littéraires…

 

Avec La parade, Dave Eggers questionne, à nouveau brillamment, et avec finesse, la valeur des tentatives de reconstruction par ceux-là mêmes qui sont responsable des destructions. J’ai nommé le capitalisme (ou libéralisme sauvage). On sait comment ça se passe dans la réalité objective… 

Logo McSweeneys

Rappelons que Dave Eggers est le fondateur de McSweeneys, la revue et maison d’édition, basée à San Francisco (of course !), qui révéla bien des talents, comme Zadie Smith, entre autres. Et surtout 826 Valencia, toujours à « Frisco, une association qui vient en aide aux enfants en difficulté (aide aux devoirs, etc…). Avant de s’en prendre, avec talent, aux GAFFA, avec Le Cercle, il avait raconté le destin tragique d’un réfugié soudanais (Le Grand quoi), puis raconté l’injustice subit par un citoyen américain musulman, accusé de pillage, après la catastrophe de l’ouragan « Katrina », en Louisiane (Zeitoun), et la dictature des pétrodollars (Un hologramme pour le roi). 


Couvertures Le Cercle, Le grand Quoi _ Zeitoun, Un hologramme pour le roi

Ce type est un génie renversant. Son œuvre déchirante n’est qu’à mi-chemin. Il n’a qu’une cinquantaine d’années. Longue vie à Dave Eggers ! Pourvu qu’il vive jusqu’à cent ans. Si vous n’avez encore lu aucun de ses livres, des heures de plaisir et d’intelligence s’ouvrent à vous. Ses livres sont tout en nuance, sans manichéisme (ici l’affreux numéro 4 va s’avérer plus humain qu’il n’y parait). Ce qui n’est pas l’apanage de notre époque, vous en conviendrez… Avec des auteurs tels Colum McCann (Apeirogon), il est l’honneur de la littérature américaine moderne. En effet, ses livres disent le monde dans lequel nous vivons, de manière engagée, avec une vision progressiste. Mais ils provoquent la réflexion, tout en étant divertissant, sans imposer de point de vue. Il expose les faits et propose d’autres paradigmes. 

 

Dave Eggers n’a pas le succès qu’il mérite en France. C’est tout à l’honneur des éditions Gallimard de le publier depuis ses débuts, même s’il est adulé par un « club de fans », de plus en plus large, qui attend chacun de ses nouveaux romans avec impatience. Nous en faisons partie, vous l’aurez compris.   

 

Guillaume Chérel

 

La parade, traduit de l’anglais (Etats-Unis) par Juliette Bourdin,

183 p, 16, 50 €, Gallimard, et  Le Capitaine et la Gloire (Folio), (même traductrice) 136 p, 7 €.  






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