ROMAN : CIMETIÈRE D'ÉTOILES

Richard Morgiève


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Morgiève se prend toujours pour un américain


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© Joëlle Losfeld Editions
Richard Morgiève
© F. Mantovani




Introduction


Richard Morgiève n’est pas un perdreau de l’année. Il est sur le pont depuis 1995 ("Sex vox dominam", Calmann-Lévy). Depuis, il a écrit vingt-neuf romans et trois pièces de théâtre, « bien d’chez nous », en littérature dite « générale », édités chez Ramsay, Robert-Laffont, Carnets Nord, Pauvert, Denoël, puis un jour, il a rencontré Joëlle Losfeld. Une grande et belle éditrice indépendante, aux reins solides (Gallimard), qui porta un temps de superbes cuissardes en cuir noir… Il a dû avoir un déclic, à défaut de coup de foudre, et se dire : « Dorénavant, je vais écrire des histoires de cow-boys modernes… à l’américaine ». 


Et ça a donné « Le Cherokee », prix Mystère de la critique 2020 et Grand Prix de la littérature policière 2019. D’habitude, c’est l’inverse : les auteurs de polar délaissent le « Noir » et passent à la « Blanche », pour être (enfin ?) reconnu, et avoir des prix.

 

Morgiève a réussi le tour de force contraire. Tout ça pour dire qu’il pourrait être publié en Série Noire ou à La Noire. Pour rappel, son précédent roman commençait en 1954, aux USA, donc. Alors qu'il fait sa tournée de nuit à la première neige, sur les hauts plateaux désertiques du comté de Garfield, dans l'Utah, le shérif Nick Corey découvre une voiture abandonnée. Au même moment, il voit atterrir un avion de chasse, sans aucune lumière ; et sans pilote. Disparu comme par enchantement. 

 

L'armée et le FBI sont sur les dents. Quant à Corey, il se retrouve confronté à son propre passé : le tueur en série (surnommé « le Dindon ») qui a assassiné ses parents et gâché sa vie réapparaît. Le shérif Corey se lance à sa poursuite. Mais les cauchemars ont la dent dure…

 

Dans son nouveau polar, nous sommes cette fois en 1963, à El Paso (Texas). Huit ans après la disparition du fameux « Dindon » serial-killer. Rollie Fletcher et Will Drake, agents de police corrompus, mais au flair de chien de chasse, se lancent aux trousses de l’assassin d’un Marine. Ce ne sont pas des modèles de vertu, on le sait mais, au fur et à mesure de leur progression (émaillée de guerre du Viêtnam, d’assassinat de Kennedy, de Dexamyl et d’alcool), les protagonistes découvrent une affaire (d’État) aux multiples facettes. L’enquête devient à la fois sauvage, comme dans un western (c’est la loi du talion), mais également métaphysique : 

 

« Il avait longtemps prié Dieu et Dieu ne lui avait pas répondu. »

 

Œil pour œil, dent pour dent, et prends ça dans ta gueule ! On se croirait dans « No Country for old men", de Cormac MacCarthy, superbement adapté par les frères Cohen, sur une Bande sonore country de Johnny Cash. D’ailleurs Richard Morgiève cite les « Sept Mercenaires », Hemingway (« En avoir ou pas »), « Le Gaucher" (film avec Paul Newman), et « 3h10 pour Yuma », encore un western, issu de la légende de l’Ouest ; sans oublier « Davy Crocket » et « Pancho Villa ». 

 

Tous les codes du genre sont là : des crotales aux santiags, des flingues plus ou moins modernes, à la Cadillac des familles, sur fond de Ray Charles (Well, I got a woman, way over town / That’s good to m, oh yeah / Said I got a woman, way over town / Good t me, oh yeah…). 

 

Car les femmes comptent les points, comme d’habitude ou presque (ici, on est chez les machos, latinos, chicanos, et yankees hard-boiled). Il est aussi question de Cercueil et de Mafia, forcément. Ça picole, ça cogne et ça rit jaune, comme dans un polar de James Crumley, de Craig Johnson, ou de James Lee Burke : On the road-trip again !

 

Il faut oublier qu’il n’est pas américain et se laisser prendre par la plume de Richard Morgiève dans les bas-fonds d’une frontière, entre le Mexique et les Etats-Unis, où il faut plus qu’un mur pour ne pas être entraîné dans la mort. L’essentiel n’est pas là. L’intrigue n’a ni vrai début, ni fin : 

 

« (…) les jours et les heures, les semaines se confondaient au point que souvent Fletcher se réveillait en ne sachant pas quel jour on était (…) Et la vie allait, si c’était une vie… ». 

 

Tout est dans sa langue, son style, son art de la narration, ponctué de clins d’œil (comprenne qui pourra) et de citations latines, voire bibliques (on l’a vu plus haut), et d’allusions cinématographiques, qui font partie de notre culture, à la fois visuelle, auditive, inconsciente et collective. 

 

Avec cette vraie/fausse suite au « Cherokee », Richard Morgiève, mélange à nouveau les genres, comme le fit en son temps Jean Vautrin, ou Pierre Pelot et Pierre Lemaître aujourd’hui, et maintient ainsi ses lettres de noblesse au grand roman noir (« franco-américain »).

 

Guillaume Chérel

 

Cimetière d’étoiles, de Richard Morgiève, 

465 p, 22 €, Joëlle Losfeld Editions.

 

 

Hypnotisant et parfaitement maîtrisé, de bout en bout.


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© Joëlle Losfeld Editions





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