ROMAN : CE QU'IL FAUT DE NUIT

Laurent Petitmangin


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Fort et limpide comme une mirabelle de Moselle


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© La Manufacture de Livres
Laurent Petitmangin
© sous réserve de droits




Introduction


Pierre Fourniaud, l’éditeur de La manufacture de livre, a dit avoir été touché par la sensibilité pudique du court premier roman de Laurent Petitmangin (55 ans), Ce qu’il faut de nuit. 

 

Le bouche à oreille fut tellement élogieux, ensuite, que j’ai eu envie de le lire derechef. Une fois reçu, j’ai découvert une couverture grise montrant deux enfants qui courent sur un pont… pentu. 


Au début, j’ai été déçu (tout ça pour ça ?), je n’ai pas été convaincu. Je trouvais banale cette histoire de père, prolo et courageux, en Moselle, qui perd sa femme (il l’appelle « moman » même après sa mort), fauchée par un cancer « sans se  battre », dit-on. 

 

Bien obligé de s’occuper tout seul de ses deux fils, Frédéric, l’aîné, dit « Fus », rapport au Fusball, et Gillou, son cadet, le jeune veuf les emmène au foot, voir le FC Metz. 

 

Il se trouve que je connais Metz et la Moselle, et même Hayange, ancien bastion coco gagné par le Front National. Je connais aussi la vallée de la Fensch, ce bassin sidérurgique ravagé par la logique ultralibérale, et la proximité du Luxembourg, ses banques et ses casinos. 

 

Du coup, je me suis laissé prendre. 

 

J’ai pensé à mon propre père, syndicaliste à la SFP (l’ex ORTF démantelée), qui m’emmenait aux entraînements, et à la période déprimante où je me suis retrouvé en tête à tête avec lui, quand sa femme (ma mère) est partie, le laissant déprimé. 

 

J’avais pris sur moi pour lui remonter le moral. 

Passons. Un bon roman semble n’avoir été écrit que pour vous-même.  

 

Le style de Petitmangin m’apparut de moins en moins simple, voire simpliste (ce « môman » ne passait toujours pas pour autant). 

 

Je me suis laissé prendre par la pudeur de l’auteur, qui m’a rappelé les films de Ken Loach, sur le milieu ouvrier anglais, ou Billy Elliot, de Stephen Daldry. 

 

J’ai été gagné par le fond de l’histoire, en oubliant la forme ou, au contraire, grâce à sa forme. 

 

Le style, rien que le style « c’est l’homme », disait Buffon (pas le gardien de but italien, l’académicien français !). 

 

Laurent Petitmangin, qui travaille toujours à Air France, sait de quoi il parle. 

 

Il n’use effectivement pas d’effets de plume pour décrire les non-dits entre un père, ex-militant de gauche (cégétiste ?), et ses fils en pleine adolescence, ou devenant adulte. 

 

Il connait ces pudeurs masculines, d’un certain milieu (populaire ici, mais ça existe dans la bourgeoisie et l’aristocratie). 

 

Cette génération de « taiseux » qui illustre parfaitement la « théorie de l’iceberg », chère à Ernest Hemingway, selon laquelle la partie immergée (sous l’eau, enfoui dans la psyché pseudo virile) est plus importante que celle émergée. 

 

Autrement dit, l’important est entre les lignes, dans l’ambiance, le contexte général (psycho-historico-social).

 

Sans trop déflorer l’histoire, la force de ce roman noir (sans enquête policière ni flingues) est de décrire, sans juger (il expose les faits, raconte) la manière dont une frange de la société, de la jeunesse, entre autres, peut se laisser séduire par des idées radicales (fascisantes pour le coup), sans que l’entourage proche ne s’en rende compte, et n’y puisse rien. 

 

En ce sens, Ce qu’il faut de nuit est un livre non pas politique mais engagé. Il dit le monde (la France en l’occurrence) et ses régions ravagées par la « crise » (la « mondialisation », dit-on poliment, alors qu’il s’agit du bon vieux capitalisme, répétons-le), qui basculent dans la violence et le nationalisme. 

 

Le père Schmaltz a beau être un type bien, il a beau faire ce qu’il peut, rien ne pourra arrêter le sinistre destin qui attend Fus. 

 

C’est ce caractère inéluctable de ce premier roman qui devrait en appeler d’autres. 

 

Ça fait du bien de constater que la relève est là. 

 

Laurent Petitmangin n’écrit pas sur son nombril (cette rentrée littéraire 2020 met à nouveau en exergue ces écrivaillons à la mode germanopratine). 

 

Laurent Petitmangin ne se prend pas pour Cormac McCarthy ou Faulkner (suivez mon regard..), il ne produit pas un énième livre boursouflée de prétention (regardez comme j’écris bien !). 

 

Il n’exploite pas le thème du drame, de la tragédie, en racolant les amateurs (et « trices ») de mélos à l’irlandaise. 

 

Son texte est sans fioritures. 

Il va à l’essentiel. 

 

On dirait presque un conte moderne dégraissé jusqu’à l’os. 

 

Il aurait pu appeler son livre Les jeunes hommes et leur père, en clin d’œil au Vieil Homme et la mer de « papa ». Je viens de lui faire un grand compliment.

 

Guillaume Chérel

 

Ce qu’il faut de la nuit, de Laurent Petitmangin, 

187 p, 16, 90 €, La Manufacture de Livres.    

 

Le pitch

 

C'est l'histoire d'un père qui élève seul ses deux fils. Les années passent, et les enfants grandissent. Ils choisissent ce qui a de l'importance à leurs yeux, ceux qu'ils sont en train de devenir. Ils agissent comme des hommes. Et pourtant, ce ne sont encore que des gosses. C'est une histoire de famille et de convictions, de choix et de sentiments ébranlés, une plongée dans le cœur de trois hommes.


Laurent Petitmangin, dans ce premier roman fulgurant, dénoue avec une sensibilité et une finesse infinies le fil des destinées d'hommes en devenir.

 

 





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