Tom Chatfield - Prix Douglas Kennedy -
- Smartphones : orientez votre appareil à l'horizontale pour bénéficier d'un confort de lecture optimisé -
#Polar #Noir #TechnoThriller #Suspense #Action #Underground #Internet #Identités #DarkWeb #Hacker #Espionnage #Manipulation #Horreur #Terrorisme
Dans les bas fonds du Darknet
Introduction
J’avoue que le sujet du livre « Bienvenue à Gomorrhe », de l’anglais Tom Chatfield, me rebutait, a priori. Une histoire de hackers ? Très peu pour moi, pensais-je. Puis, la mère de ma fille l’a lu en deux, ou trois jours, à peine (alors que c’est un pavé de 475 pages). Et elle m’en a parlé avec passion. J’ai donc enfin lu (vieux motard javanais…) ce roman noir, avec une couverture noire, qui traînait sur ma table de chevet depuis des semaines. Et je n’ai pas été déçu du voyage. Vous avez aimé la série 24 h, le film Matrix ? Le sort des lanceurs d’alerte, comme Julian Assange, le fondateur de Wikileaks, vous inquiète ? Vous avez un bon antivirus ?
Attachez vos ceintures. « Gomorrhe », comme Voldemort, est un nom murmuré dans les recoins les plus sombres des forums les plus zarbis du Net. Tout le monde sait comment on se divertissait à Sodome, mais de quelle nature étaient les mœurs de Gomorrhe pour mériter d'être aussi détruite par « une pluie de soufre et de feu ? ». Gomorrhe est une excroissance du Darknet, dès lors on s’attend à tout trouver dans ce supermarché de l’horreur en ligne. S’y côtoient le plus glauque de l’humanité virtuelle et les hackers redresseurs de torts, justiciers de notre monde digital.
Ainsi le héros, Azi attire notre sympathie car il affiche la vertu au point de créer de fausses identités capables de rallier les plus infâmes idéologies comme le néo-nazisme, afin de mieux les combattre. Bien sûr les hackers les plus doués sont sous surveillance des divers services secrets de la planète, le temps de leur utilité.
Gomorrhe est un endroit que les pirates du « Darknet » rêvent de visiter. Un mot prononcé sur un ton ironique, quand on plaisante sur ce qu'aucun darknet ne vous vendra jamais. Infiltrer des néo-nazis occupés à faire de notre planète un endroit infréquentable suffisait largement à remplir la vie d'Azi Bello, et à lui permettre de faire la démonstration de ses talents de hackeur. Mais lorsque la mystérieuse Anna s'invite dans l'abri de jardin qui lui sert de bureau, l’existence d'Azi (dit Az) prend une toute autre tournure. (…).
Bref, j’ai été pris par le suspense et je me suis attaché aux personnages. Cet Azi, qui se définit lui-même comme un « branleur » évolue tout au long du récit. Loin du cliché du geek boutonneux et obèse, AZI vit en ermite dans la cabane au fond de son jardin, mais il fait du jogging et a une éthique, sans être militant. Il va dévier de ses principes de base (neutralité engagée), quand il est contacté par une « amie » (Sigma) qui l’appelle à l’aide, pour déjouer un complot djihadiste.
Tout ne se passera pas au mieux et va provoquer une fuite en avant, vers Berlin, Athènes puis San Francisco où il pourra trouver des alliés, ou des ennemis. Il y est aussi question d'un jeune djihadiste, Kabir, que rien ne prédestinait à cela.
C’est fascinant de découvrir cet underground des hackeurs et du fameux Darknet. Ce plongeon dans le monde digital est addictif. Les termes informatiques sont omniprésents mais non rébarbatifs. L'aventure dans laquelle plonge Azi Bello est inattendue car elle frise entre l'espionnage et le terrorisme. La dissuasion et la manipulation. On ne sait plus qui est qui, ni pourquoi, ni comment.
C’est un thriller écrit de main de maître par un débutant qui n’est pas n’importe qui. Le Dr Tom Chatfield (@TomChatfield) est un écrivain, diffuseur, philosophe de la technologie et éducateur britannique. Il souhaite améliorer nos expériences et notre compréhension de la technologie numérique. Les sujets sur lesquels écrit incluent l'éthique de l'IA, ce que signifie bien penser la technologie dans le temps « profond » et la philosophie des fausses nouvelles. Pour un coup d’essai, c’est un coup de maître.
Bienvenue à Gomorrhe, de Tom Chatfield,
traduit de l’anglais par Valérie Lameignère,
475 p, 19, 95 €, Hugo Thriller.
Vous aimez cette chronique littéraire ? Ne manquez pas de contribuer en cliquant sur l'image située à gauche.
Même modeste, un don sera toujours apprécié !
Écrire commentaire