ROMAN : AUGUST

Callan Wink


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#ÉtatsUnis #Montana #GrandsEspaces #Adolescence #Séparation #Famille #Apprentissage #Violence #Ranch 


Et au milieu coule une rivière pas si tranquille


August  #ÉtatsUnis #Montana #GrandsEspaces #Adolescence #Séparation #Famille #Apprentissage #Violence #Ranch  Callan Wink



Introduction


Callan Wink s’est distingué avec un recueil de nouvelles remarqué par Jim Harrison et Ron Rash (rien que ça !). Il a fait sensation, en 2011, en étant le plus jeune auteur à publier une nouvelle dans le New Yorker, avec son recueil de nouvelles intitulé Courir au clair de lune avec un chien volé (Albin Michel, 2017. Le Livre de poche, 2019). Tout y était. Une plume originale, malgré des thèmes battus et rebattus, aux Etats-Unis : la pêche à la mouche, les grands espaces, la violence issue des pires heures du far West.


Seulement âgé de 28 ans, il fait montre d’une sacrée maturité et d’une grande sensibilité. Sauf que passer des « short-stories » au roman, c’est comme passer du sprint au marathon, il faut avoir du souffle et une vision. 

 

Le grand Ernest Hemingway en avait, comme Big Jim Harrison, mais un grand talent comme Raymond Carver, qui connaissant ses limites, s’y est à peine essayé. Tout ça pour dire qu’on reste sur sa fin au bout de la lecture de August, premier roman du énième petit génie précoce de la littérature américaine.

 

Aussi étrange que cela puisse paraître, August est un prénom. L’action (si l’on peut employer ce mot) se passe peu après les attentats du 11 septembre 2001. Comme beaucoup d’adolescents, August aime les chiens et la nature. Comme beaucoup d’entre eux aussi, il vit mal la séparation de ses parents. Loin de Kramer contre Kramer, qui se passait à New York, ici on est dans une ferme du Michigan, où sa mère, fumeuse de cigarillos et aux idées de gauche, préfère vivre dans une autre maison située en face, tandis que son père se tape la petite venue donner un coup de main. Le garçon se partage entre les deux, jusqu’au jour sa mère décide de déménager dans le Montana. August y tombe amoureux des paysages de l’Ouest, découvre le football (américain) et la pêche à la mouche mais peine à se faire des amis. On s’attend à ce qu’il se passe quelque chose de grave, comme dans un roman noir de James Crumley, mais à part des bagarres rien ne se passe. August est plutôt du genre taiseux et peu souriant. C’est un solitaire introspectif. Un fils unique.

 

Il finit par se faire embaucher dans un ranch isolé de la région, où il sympathise avec le boss et le fils de son ennemi intime. Il apprend à danser. Il boit de l’alcool. Livré à lui-même, dans un pays gangréné par les thèses complotistes et racistes, il n’aura d’autre choix que de faire face aux contradictions de l’adulte qu’il est en passe de devenir. Reprendre des études ou travailler manuellement ? Se battre ou accepter de passer pour un lâche ? Se placer du côté de son père, brave mais limité, ou de sa mère en pleine émancipation, et qui s’est aussi trouvé un compagnon ?

 

Callan Wink dépeint avec finesse les atermoiements du passage à l’âge adulte. C’est ce qu’on appelle communément un roman d’apprentissage. Le personnage d’August est attachant. Ça se laisse lire, parce qu’il sait éviter les scènes convenues. Mais on a hâte qu’il devienne adulte et s’engage dans la vie, comme son créateur littéraire d’ailleurs. Il manque quelque chose. Et ça s’appelle la vie. L’expérience. Le vécu. Dans une dizaine d’années il faudra compter sur lui. Callan Wink écrit avec un style de l’Est des livres qui se passe à l’Ouest. C’est peut-être ça qui provoque une sensation de décalage. On croit lire un roman noir mais il s’agit d’une confession intime.

 

Guillaume Chérel

 

August, de Callan Wink, traduit de l’américain 

 

par Michel Lederer, 379 p, 22, 90 €, Albin Michel.






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