BIOGRAPHIE : ANDY WARHOL, LE RENARD BLANC

Jean-Noël Liaut


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Andy Warhol, ce renard argenté

ou l'homme qui voulait être la star des arts


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Introduction


On croyait tout savoir d’Andy Warhol. Le pape du Pop-Art, l’albinos de la « Factory » (l’usine), le roi du marketing publicitaire, mais Jean-Noël Liaut, déjà auteur d’une biographie d’Edmonde Charles-Roux, réussit à nous passionner encore avec ce personnage qui a réussi le tour de force de mener une carrière ultra médiatisée, tout en restant mystérieux. Le surnom de « Renard Blanc » (sous-titre à l’ouvrage), que lui a donné l’actrice Paulette Godard, lui allait très bien. 


Car ce fils d'immigrés slovaques pauvres, ayant grandi à Pittsburgh, dans un milieu ouvrier et catholique, était non seulement doué avec ses mains, mais très malin avec son cerveau. Ce, malgré des handicaps physiques, et/ou de santé (problèmes de peau et de vue : il était myope comme une taupe et perdait ses cheveux).

 

Tel un Rastignac, rêvant de conquérir Paris, il n’avait d’autre but que de réussir à New York. Rappelons que ce freluquet, homosexuel, mal dans sa peau, né le 6 août 1928, a commencé comme illustrateur publicitaire. Une grande partie de son succès vient de là. Il a appris le métier sur le tas, à la base. Manuellement, quasi artisanalement. Les mains dans le pétrin. Tel un pigiste, un intermittent du spectacle, un intello précaire, on dirait aujourd’hui, il arpentait les rédactions et savaient se vendre. Il a appris à faire sa promo, en utilisant les autres, et a fini par publier dans de grands magazines papier, comme Vogue et Harper’s Bazaar.

 

Les pages les plus intéressantes sont peut-être celles des débuts (il n’y que les débuts qui sont intéressants). Elles décrivent un jeune Andrew Warhola, son vrai nom, fasciné par les stars de cinéma. Après ses études d’art, il harcèle Truman Capote, autre olibrius de génie, qui n’aura de cesse de fuir cet étrange groupie qui lui écrivait des missives sibyllines, décorée bizarrement. Ce n’est pas Capote qui l’intéressait, c’est sa célébrité. Warhol était carriériste et opportuniste. Il sentait venir le vent, imaginait les futures tendances. Comme Picasso, il volait ce qu’il y avait à voler… Et surtout il était habité par son art, sa passion, son obsession de la notoriété et la richesse, à l’instar de Gatsby, en moins magnifique... 

Peintures Warhol

Il ne se contentait pas de se pavaner dans les lieux branchés, il travaillait, sans cesse, produisait, dormant peu, ne parlant quasiment pas, agissant. Il cultivait le mystère. Laissait dire les pires horreurs, du moment qu’on parlait de lui. Evidemment, il est question de sa série de boites de soupes Campbell, de ses bouteilles de Coca-Cola, et du portrait de Marylin, Liz Taylor, Elvis, Jacqueline Kennedy (devenus cultes), et de sa furtive rencontre avec Jean-Michel Basquiat, mais tout ça on le savait déjà.  

 

Jean-Noël Liaut aura attendu plus de trente ans pour écrire la sienne, de longue lettre. Car il a croisé Warhol, le 19 janvier 1987, alors qu’il était en khâgne. Il avait vingt ans et assistait à une expo à Beaubourg. Son souvenir est avant tout olfactif : l’artiste, reconnaissable à sa perruque blanche, et sa voix de fausset, célébré dans le monde entier, empestait le parfum Shalimar, dont il s’aspergeait, dit-on, pour masquer l’odeur d’ail persistante, qu’il dévorait pour préserver sa santé. Andy Warhol est mort un mois plus tard, le 22 février, à l’âge de 58 ans. Depuis, son biographe français a pris le temps d’interroger celles et ceux qui l’ont approché de près. Tous sont décédés récemment, comme Pierre Bergé, Lou Reed, l’égérie Ultra Violet (Isabelle Collin-Dufresne) 

Warhol Truman Capote et Elvis

La question est de savoir comment, et pourquoi, ce représentant phare du Pop art, a révolutionné l'art de la seconde moitié du XXe siècle, et influencé ses contemporains encore aujourd'hui (Jeff Koons, Banksy). Son travail artistique explore les relations entre la légende et la célébrité, l’expression artistique et la publicité, un style révolutionnaire qui a trouvé sa place pendant les années 60. Comment ce grand angoissé, à la santé fragile, a-t-il su se métamorphoser en une machine (son rêve) à fabriquer de l’art contemporain ? Comment a-t-il pu comprendre son époque, en la devançant, avant tout le monde ? N’oublions pas qu’il a aussi fait du cinéma expérimental, ne se contentait par de paraître excentrique, il l’était. Dans le contexte de l’époque, c’était très audacieux.


Pour éclairer le mystère Warhol, Jean-Noël Liaut a mené l'enquête, pendant plus de trente ans, recueillant les confidences inédites de nombreux critiques d'art, comme John Richardson et Stuart Preston, Lee Radziwill. Les femmes, à commencer par sa mère, l’ont protégé. Des acteurs, comme Dennis Hopper, ont cru en lui. Il vampirisait tous les talents, ou beautés qui l’approchaient. Mais Warhol n’est ni le Dracula du Pop-Art, encore moins un imposteur, c’est un génie du marketing, assurément, et le roi de la récupération. Il est l’artiste de son époque et de son pays, comme Salvador Dali fut celui de l’Espagne. Il est celui qui avait prophétisé que tout le monde aurait droit à ses cinq minutes de célébrité. 

 

Warhol Nico Coca Cola

Sa biographie, très bien écrite, sans un mot de trop, est très agréable à lire. Elle n’est pas bouffie de détails scabreux, et inutiles, comme les font trop souvent les américains spécialistes du genre. Il ne « déconstruit » pas le mythe « warholien », il le rend humain. Compréhensible. Touchable, comme le fameux soir où il aurait pu frôler du bras le mythe, au centre Pompidou ; comme on disait avant. Car c’est aussi le sujet du livre. A travers la vie et l’œuvre d’Andy Warhol, c’est les années 60-70-80 qui resurgissent. Avec sa cohorte de personnalités comme Nico, le Velvet Underground, le Chelsea Hôtel, les années sex, drug and rock and roll. Le portrait est subtil. Pas manichéen. 

 

Jean-Noël Liaut a rendu touchant cet être diaphane, a priori froid, au point de nous faire sentir son haleine chaude, et parfois fétide, comme l’odeur de litière de ses nombreux chats, et les produits chimiques de ses sérigraphies. Il est probable que c’est l’air malsain de la Factory argentée qui l’a tué prématurément. Comme un ouvrier bousillé par son usine. Warhol ne s’est pas contenté de faire de sa vie une œuvre d’art, tel un dandy, il a donné sa vie à l’art.

 

Guillaume Chérel

 

Andy Warhol : le Renard Blanc, 

 

de Jean-Noël Liaut, 360 p, 21 €, Allary Editions






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