BD : TATI ET LE FILM SANS FIN

Arnaud Le Gouëfflec, Olivier Supiot


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Tati, notre tonton d’antan


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Introduction


Une BD sur la carrière de Jacques Tati ! Comment n’y a-t-on pas pensé plus tôt ? Il faut dire que son œuvre est clivante, comme on dit : il y a celles et ceux qui entrent dans son univers… et les autres. Les pauvres ! Car ça veut dire qu’ils ne sont pas observateurs. Qu’ils ne voient pas la poésie insolite de la comédie humaine, en arrière-plan. François Truffaut, le Robespierre des Cahiers du Cinéma, ne s’y était pas trompé. Les œuvres de Tati sont résolument visuelles, cinématographiques, et pensées comme telles. 


Jacques Tati découpait des gags dessinés dans les magazines, pour en faire des story-boards, comme Alfred Hitchcock. Il a une dimension intemporelle et universelle. Tout le monde, à défaut de s’y reconnaître, peut y retrouver quelque chose de familier.

 

Les éditions Glénat ont eu l’heureuse idée de commander l’ouvrage à Arnaud Le Gouëfflec et Olivier Suppiot. Le scénario du premier s’accorde parfaitement aux dessins du second. L’ouvrage est très complet. On y apprend l’essentiel. Notamment qu’il a bien fallu faire confiance à une script, pour réaliser ses films, qu’il produisait quasiment seul, au point de se ruiner, comme ce fut le cas d’Orson Welles, autre génie incompris du 7e art. Et ses débuts, dans les cabarets, la manière dont il a créé son personnage, en se servant de son physique, grand escogriffe, dégingandé, avec parapluie et pipe, au contraire de Charlot, petit diable aux jambes arquées, à la canne et chapeau melon. Ce n’est pas un hasard si avant de se destiner au cinéma, il rêva d’être clown. Comme son facteur, qui préfigure « Monsieur Hulot » et « Mon oncle », il a une gestuelle de mime.

 


Planche BD 1

Dès « Jour de fête » (qui met en scène le fameux facteur) - qu’il avait prévu de filmer en couleur - , il montre sa patte hors norme, au point de déstabiliser tout le monde, car il n’y a pas vraiment d’histoire, et si c’est en noir et blanc (pour des raisons techniques, à l’époque, 1947), et sans réels dialogues, ce n’est pas un film muet. Loin de là, la bande son est même primordiale.

 

« Les vacances de Mr Hulot » (1953), ensuite, est un film hors du temps, tout en étant contemporain. Comme une carte postale des jours heureux, envoyée aux acteurs actuels du monde dit moderne. Le cinéma de Tati, sous ses faux airs de légèreté, est très ambitieux au contraire, puisqu’il entend embrasser toutes les dimensions de la condition humaine, avec ses bons et mauvais penchants (gentillesse, prétention, ridicule…). Tati a une place à part dans l'histoire du cinéma. C’est une œuvre inclassable, car singulière, faite de poésie, d'humour, et aussi d'une certaine forme de critique sur une société qui change dans le mauvais sens, en général. Comme dans « Mon oncle », où l’on voit des êtres humains de plus en plus incapables de communiquer entre eux, et céder au monde du paraitre et du clinquant. L’oncle, comme son créateur, n’arrive pas à habiter ce monde.

 


Planche BD 2

Son grand-père était « encadreur » (pas au cinéma, il réalisait des cadres). De ce dernier, dont il fut l’apprenti, il apprit que moins on le remarque, ce cadre, plus il est réussi, car c’est la toile, le tableau qui compte. Résultat, tout ce qui est intéressant, chez Tati, est aussi hors cadre. Il a passé sa vie (d’artiste) à sortir du cadre, comme l’illustre très bien une superbe planche, sur fond bleu et sable ocre, page 125. Pas étonnant que tous les plus grands cinéastes lui ai rendu hommage, lui qui fut inspiré par Buster Keaton, entre autres : Steven Spielberg, Woody Allen, David Lynch… Il faut avoir « l’œil » pour saisir les situations burlesques du quotidien. Donc les subtilités du cinéma de Tati. Un regard large sur le monde étriqué des petitesses du quotidien. 


Affiches de films Jacques Tati

En découvrant Tati sur scène, l’écrivaine Colette dira qu’il a créé « quelque chose qui participe du sport, de la danse, de la satire et du tableau vivant ». Il aimait s’entourer d’amateurs pour leur fraicheur. C’est ainsi qu’il préféra éviter les requins d’Hollywood, et préfère se lancer seul dans Playtime (1967), un projet titanesque, donquichottesque, puisqu’il fait construire une ville-décor. Arnaud Le Gouëfflec et Olivier Supiot ont saisi l’homme autant que le cinéaste. Leur roman graphique est à la hauteur du personnage. A la fois une leçon de cinéma et de vie hors norme, hors cadre, répétons-le. L’apanage des vrais artistes.

 

Guillaume Chérel

 

« Tati et le film sans fin », de Arnaud Le Gouëfflec et Olivier Supiot, 

 

134 p, 22, 50 €, Glénat.






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