BD : SORTIE D'USINE

Les GM&S, la désindustrialisation et moi.

Benjamin Carle, David Lopez


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Les broyés du système

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© Steinkis éditions




Introduction


Comme beaucoup de français, Benjamin Carle, auteur de Sortie d’Usine entend parler de la GM&S pour la première fois, en 2017, quand il voit, à la télé, les salariés, menacer de faire sauter leur usine de sous-traitance automobile, parce qu’il luttent contre sa fermeture. Journaliste et documentariste, il décide de retracer en BD, avec David Lopez, leur histoire, et le destin de la plus grande entreprise de la Creuse, installée à la « Souterraine », depuis 1963.


A cette date, le général De Gaulle rejette le Royaume-Uni du Marché Unique ; Jacques Anquetil gagne son quatrième Tour de France ; la durée du service militaire est ramenée à 16 mois ; le premier hypermarché est ouvert ; au cinéma, ils donnent Le Mépris et Les tontons Flingueurs… et la SOCOMEC est créée. 

 

Cinquante-sept ans après, et une dizaine de repreneurs (et de redressements judiciaires) la Souterraine Industrie (LSI, dernier nom de ce site industriel) ne compte plus que 120 employés, soit près de quatre fois moins que dans les années 1980.

 

A travers les voix de cinq personnages, hauts en couleur, leaders de la lutte, connus sous le nom « L'Agence tout risque », du nom de la série TV, Benjamin Carle est revenu à la base – c’est le cas de le dire -, en évoquant le premier patron, paternaliste mais humain, et nous raconte les combats, les succès et les échecs, de ces hommes qui se sont battus pour maintenir leur outil de travail : leur gagne-pain. A travers eux, il s’agit, plus généralement, d’évoquer un ancien bastion industriel (un de plus) qui n'en finit pas de disparaître, malgré les promesses, non tenues, des politiques qui se succèdent au pouvoir.  


Planche BD 1

© Steinkis éditions


Cette BD, sous forme de reportage in situ, raconte le combat d’ouvriers, syndiqués CGT, pour la plupart, en replongeant dans les archives et les données économiques. Ça ne parait pas sexy, dit comme ça, mais l’auteur a de l’humour. Comme les derniers employés en lutte, il rit malgré tout… il déteste les trottinettes électriques, par exemple. Et les ouvriers qui occupent leur usine déconnent avec le micro, quand il faut s’en servir en réunion. Ces derniers vont aussi se ressourcer à la Fête de l’Huma. Ils sont solidaires et fraternels et aussi bruts de décoffrage mais francs du collier.

 

Les deux auteurs jouent les faux naïfs, mais ils reprennent leur sérieux quand il s’agit d’écouter l’avocate, défenseuse du droit du travail, évoquer les stratagèmes pour contrer les pièges de la délocalisation, pour sous-traiter, par exemple, et quand ils comprennent, comme nous, comment nous en sommes arrivés là. Concrètement. On leur ment depuis le début. 


Planche BD 2

© Steinkis éditions


Cette BD (pour « adultes ») fait les comptes de la désindustrialisation, dont les conséquences continuent de se faire sentir aujourd’hui (on l’a vu avec les masque), dans la chair des employés, qui ont cru à leur mission. La plupart sont entrés à l’usine par hasard, à une époque où on embauchait, mais ils ne veulent plus en sortir… alors que le boulot est dur et mal payé. C’est qu’ils ont fini par l’aimer, leur usine, comme les mineurs et des sidérurgistes autrefois. Ils savent que le chômage les guette… surtout après trente ans d’ancienneté. Les voilà réduits à compter les semestres de cotisation pour atteindre la retraite.

 


Planche BD

© Steinkis éditions


« Sortie d'usine », c’est le moment même de la sortie, la débauche, cette bousculade, mais c’est aussi la sortie définitive : la mort, au quotidien de l'usine, ou l'accident, la déprime, une fois isolé, parce qu'on envoie un jour sa lettre de démission, sur un coup de tête, longtemps retardé, et qu'une fois parti se révèle la peur. Jusque dans ses rêves : persiste cette peur de la machine, de l'usine-maison, de l'enfermement dans un temps figé. 

 

Sortie d'usine n’oublie pas de rappeler comment le jeune président Macron leur a suggéré, méprisant et arrogant, d’aller chercher du travail à deux heures de route de chez eux. Ce roman graphique n’est pas une fiction, c’est une réalité quotidienne pour des milliers d’ouvriers qu’on a pris, et continuent de prendre pour des cons. Ce qui n’est pas le cas, une fois de plus, des éditions Steinkis.

 

Guillaume Chérel

 

Sortie d’usine : les GM&S, la désindustrialisation et moi, 

de Benjamin Carle et David Lopez, 115 p, 18 €, Steinkis éditions.


Usine GM&S
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Sortie d’usine - les GM&S, la désindust
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