BD : MAUVAIS MONSTRE

Enzo Berkati


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#Adolescence #Transition #Choix #Individuation #Métaphore #Monstres #Âmes #PouvoirsMagiques #Société #Groupes #Parentalité #Amour


Deux versions BD pour l'âge ingrat


Mauvais Monstre #Adolescence #Transition #Choix #Individuation #Métaphore #Monstres #Âmes #PouvoirsMagiques #Société #Groupes #Parentalité #Amour Enzo Berkati



Introduction


Dans sa première bande dessinée en solo, Mauvais monstre (T. 1), Enzo Berkati aborde le passage délicat de la puberté. Lorsque l’adolescent boutonneux découvre que pour passer à l’âge adulte, il va falloir choisir : se fondre dans le moule, ou au contraire, se distinguer par sa différence, au risque de s’attirer des inimités ; mais aussi et surtout de solides amitiés. C’est l’époque de la recherche de la « popularité », du culte de l’apparence, décuplée à l’heure des réseaux sociaux. D’où découle le phénomène de harcèlement, qui existait déjà mais qui s’est développé de manière exponentielle.


Sur thème de la difficulté de s’accepter, le jeune auteur a choisi la légèreté et l’humour. Peu soucieuse de son apparence, Éloïse prend le risque de se marginaliser. Elle a conscience de sa différence mais assume, avec courage. Surtout depuis que Célie, la coqueluche de la classe, vient d’obtenir Pandou, le « monstre » le plus mignon de tout le collège. Éloïse va, elle, se retrouver affublée d’un « mauvais monstre » pas mignon du tout, que l’on associe généralement aux personnalités maléfiques, prétendument doté de dangereux pouvoirs paranormaux. Ces « monstres » (comme le petit diable de Tex Avery en dessin animé) sont le reflet de l’âme de leur humain. Alors lorsqu’Eloïse découvre que le sien est un affreux, c’est la panique. Eloïse est-elle une mauvaise personne ? Tout vert, au poil batracien, la bestiole n’est pas mignonne du tout, et comble de l’effroi, il possède des pouvoirs de télékinésie. Au secours ! Elle est en P.L.S.

 

Eloïse décide de changer son comportement : peut-être que son monstre deviendra normal… N’empêche, grâce à lui, elle n’est pas seule L’air de rien, « Machin », qu’elle cache aux autres, veille sur elle. Il s’avère une petite entité dotée de pouvoirs largement insoupçonnés. C’est son redresseur de torts, son body-Guard. Il fait peur mais gentiment. Son soutien n’est pas négligeable. Éloïse va-t-elle réussir à gérer le phénomène ? Pourra-t-elle cacher longtemps son secret ? Et surtout, usera-t-elle des pouvoirs de son mauvais monstre pour de bonnes raisons ? Au risque de voir sa réputation, déjà pas au top, entachée…


Illustrations BD Mauvais monstre

Enzo Berkati a préféré surfer sur l’absurde et le fantastique, dans un style somme toute classique mais efficace. Le dessin est rond, le scénario carré. Chaque individu est associé à un monstre, dont l’œuf éclot à la puberté. La métaphore est belle. Cette seconde nature est une manière de sursignifier la transition vers l’âge adulte (normé, genré, formaté), on l’aura compris. Il déconstruit l’adolescence. En abordant les dynamiques de groupe, la dualité, la parentalité, ou l’amour, il place ses personnages dans le concret. Mais sans pathos, sans violence.


Friday

Ed Brubaker, Marcos Martin, Muntsa Vincente


Illustration 1 Friday

Ce qui n’est pas le cas de Friday (Tome 1), créée par Ed Brubaker, Marcos Martin, avec Muntsa Vicente (traduction Basile Béguerie), publiée par le même éditeur (Glénat). Des pontes de la BD, parait-il… Les aficionados de la vignette et de la petite bulle apprécieront. C’est efficace, drôlement bien foutu, mais franchement ça sent le déjà vu, le déjà lu. On se croirait dans une série Netflix. Tous les ingrédient sont là. Il s‘agit d’une enquête aux frontières du réel… ta ta tiiin ! Lorsque Friday Fitzugh (déjà, le nom… de la la joueuse de hockey sur glace, à lunettes d’intello) revient à Kings Hill (raaaahh le blaze du bled !), pour les vacances de Noel (trop tard… c’est passé), la neige tombe à gros flocons (brrrr, limite ça fait peur). Elle qui a passé toute son enfance dans cette petite ville, où tout le monde se connait, a déjà élucidé des mystères en tout genre, quand ils étaient enfants, avec son ami Lancelot Jones (gniark gniark, le joke Table ronde), lunetteux à écharpe, lui aussi, mais sans bonnet de laine. La voilà étudiante… Lancelot est respecté du shérif local, Bixby (faut pas faire compliqué) mais les non-dits sont tenaces (mazette !), ce ne sont plus des enfants (on l’aura compris). Une étrange apparition débarque dans les bois… La bave aux lèvres. Bon, moi j’ai arrêté là, désolé.

 

 


Illustration 2 Friday

Les références à l’univers de Stranger Things, Stefen Kings et Twilight sont trop bateau à mon goût. Je sais bien que je ne suis plus un ado, mais je sais reconnaître le talent (ils ont, les dessins du catalan Marcos sont superbes, le graphisme magnifique, le découpage télévisuel) mais les scénarii formatés pour être bankable (le californien prend les « young adults » pour des veaux). Le premier volume mêle prétendues légendes, énigmes et romances teenagers. Ça se veut fantastique, onirique, gothique, mystérieux, tout plein de créatures maléfiques. C’est cousu de fil blanc, alors que Ed Brubaker dit avoir lu Jim Thompson, Raymond Chandler, Lovecraft. Il ferait mieux de lire Nos vies en flamme, de son compatriote David Joy (Ed. 10/18 »), l’un des auteurs de roman noir les plus intéressants de sa génération (il décrit notamment les ravages de la drogue dans les bleds reculés des Etats-Unis abrutis par les fake-news). Même pas peur… C’est gratuitement gore. Sanguinolent. Sans recul. Un BD à l’image de la société américaine ultra-violente. C’est ça qui fait peur. La réalité est bien plus effrayante, comme toujours. Bref, je vote pour la poésie et l’humour d’Enzo Berkati. Sinon, les tomes 2 de la BD US sont annoncés pour septembre prochains. Ta ta tiiin !!

 

Guillaume Chérel

 

Mauvais monstre, de Enzo Berkati, 80 p, 15, 50 €, Glénat. 

 

Chez le même éditeur, Friday, de Ed Brubaker, Marcos Martin, Muntsa Vincente, 105 p, 19 €.


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