BD : LE JOUR OÙ J'AI RENCONTRÉ BEN LADEN

Jérémie Dres, Mourad Benchellali, Nizar Sassi


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Les paumés du Djihad en bd


Le jour où j’ai rencontré Ben Laden   #Récit #Témoignage #France #Quartiers #Radicalisme #Périple #Afghanistan #Djihad #BenLaden #CampsEntraînement #11septembre #Guantanamo #Fleury #Traumatismes #ÉtatsUnis Jérémie Dres



Introduction


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© Éditions Delcourt

En été 2001, quelques semaines avant les attentats de New-York sur le World Trade Center, deux lyonnais du quartier des Minguettes, Nizar Sassi et Mourad Benchellali, partent la fleur au fusil pour « voir du pays », et vivre des « aventures », davantage que dans le but de participer au Djihad contre les Etats-Unis. Ils vont néanmoins réussir à rejoindre l’Afghanistan - à leur grande surprise -, au cours d’un périple plutôt bien organisé. Tout démarre à Vénissieux, où ils ne tiennent même pas les murs, comme on dit des « hitistes » (en Algérie), au pied des quartiers. Ils se sont fait monter le bourrichon par des grands-frères (le père de l’un d’eux est Imam), alors qu’ils ont à peine lu le Coran et ne comprennent pas l’arabe ; hormis les formules de politesse (As salam aleikoum).


 

Après une escale obligée à Londres, à Finsbury Park, « capitale de l’islam radical », où un certain Toufik leur donne de faux passeports, ils atterrissent à Islamabad, dans un premier temps, au Pakistan. Au début, ils font du tourisme, complètement dépaysés, chez leurs « frères » musulmans. Bientôt, ils seront bloqués à Jalalabad, sous les bombardements américains, et vont fuir, avec d'autres combattants dans les montagnes de Tora Bora.

 

Avant cela, Nizar et Mourad ont dû passer par un camp d’entrainement militaire (là, ça ne rigole plus), à Kandahar, financé par al-Qaida. D’où la visite d’un certain Oussama Ben Laden… géant saoudien qui impressionne beaucoup nos petits Pieds-Nickelés apeurés. Ils ont des raisons. Les attentats du 11 septembre font virer leur « aventure » en cauchemar. Alors qu'ils rejoignent le Pakistan, croyant mourir dans la montagne enneigée, ils sont vendus à l'armée pakistanaise qui les remet aux Américains, puis envoyés à Guantanamo (camp de prisonniers US, à Cuba). 

 

De retour en France, ils passeront un an à Fleury, pour « suspicion de terrorisme ». Mais n’allons pas trop vite. Il ne s’agit que du tome 1 du « Jour où j’ai rencontré Ben Laden »…

 



Jérémie Dès, qui est juif (lire « Nous n’irons pas voir Auschwitz » et « Si je t’oublie Alexandrie »), rappelons-le, les a rencontrés, chez eux, dans la banlieue lyonnaises, où ils sont revenus à la case départ (où l’un d’eux y tient une boucherie, Halal, évidemment). Vivants mais traumatisés à vie. Au point que l’un d’eux participe à des rencontres avec les lycéens - comme font les anciens résistants et autres survivants des chambres à gaz du nazisme -, pour leur expliquer les dangers du radicalisme religieux. 

 

Comme à son habitude, l’auteur se met en scène avec humour, se moquant de lui-même, quand il confesse qu’il a la trouille. Mais, sous couvert de rigolade, ses entretiens avec Mourad et Nizar, sur le terrain, combinés avec l’expertise d’un certain Ali Soufan, et de « Mister X » (en anglais), spécialiste du radicalisme islamique, nous en disent plus sur la question, et le contexte, que bien des rapports de sociologues, journalistes, et autres « agents secrets », ou politiciens idéologues, d’un autre extrême radical. En BD, tout est clair.

 



Jérémie Dres… dresse l’historique des prémisses du grand chaos généralisé, en partant de la guerre menée par les russes, au début des années 80 (et l’assassinat du progressiste commandant Massoud), sans oublier de rappeler que ce sont les américains qui ont armés les Talibans, pour contrer les communistes. On a vu le résultat, vingt ans plus tard, de cette énième ingérence de l’impérialisme occidental (en schématisant). En réalité, pour être concret, il faudrait remonter au colonialisme anglais et à Lawrence d’Arabie ! Voire aux guerres tribales ancestrales, voire au trafic de drogue (le pavot est une plante largement cultivée et vendue clandestinement en vue d’alimenter le trafic de drogue). 

 

Mais ça nous éloignerait de nos combattants de pacotille, qui n’étaient que des jeunes paumés de banlieue, tiraillés entre deux cultures. Vaste sujet et terrain glissant. Le trait des dessins de Jérémie Dres reste fluide, épuré, sans scories, ou effets inutiles. Les cadrages sont parfaits, comme au ciné, et les dialogues épurés, concis, mais complets. Que demander de plus ? Le scénario était déjà écrit. Il n’y avait « plus qu’à » le mettre en scène. C’est fait main de maitre, une fois de plus. Vivement le tome 2. 

 

Guillaume Chérel

 

« Le jour où j’ai rencontré Ben Laden : d’après les souvenirs de Mourad Benchellali & Nizar Sassi, Tome 1 », de Jérémie Dres, 204 p, 24, 95 €, Delcourt/Encrages  


Fawad Andarabi, poète et musicien afghan, assassiné par les talibans





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