Patricia Darré
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Les médiums sont des gens comme vous et... moi ?
Ou Patricia Darré et son ange-gardien ex-nazi.
Introduction
Jusqu’en 1995, Patricia Darré, journaliste à France Bleu Berry, considérait le monde de la médiumnité comme un milieu de charlatans. Elle menait une vie heureuse, cartésienne et rationnelle. Tout a commencé par une série de rêves tellement dérangeants qu’elle se demandait si ce n’était pas la conséquence d’une sorte de baby blues sévère ! Une nuit, une voix forte l’a réveillée et lui a dit : « Lève-toi et écris. » Elle a essayé de se rendormir, en vain. Elle a fini par prendre un stylo et un papier, et elle a vu sa main écrire des mots reliés entre eux.
Quand cela a cessé, elle a déchiffré ce message : « Tu es maintenant connectée à nous, tes guides, tu seras contactée quand ce sera utile pour aider. Si tu cherches à en faire commerce ou à manipuler, cela te sera retiré immédiatement. » Elle pense devenir folle. Consulte un psychiatre… qui lui a dit qu’elle n’était pas seule dans ce cas de figure : elle a des capacités de « médiumnité », un peu comme les chamans. Pourtant, elle, la cartésienne, qui ne voulait pas intégrer ce microcosme nébuleux.
Patricia Darré trouve les prétendus médiums souvent faux, éthérés, de manière outrancière, dans la démonstration de leur pouvoir, dans le calcul (le business), doués pour dire aux gens ce qu’ils veulent entendre… Sans parler de la connotation religieuse qui lui faisait horreur. Pendant des années, elle a cherché vainement des gens qui lui correspondent. Elle a fini par en rencontrer.
Patricia Darré raconte son expérience dans un récit intitulé Un souffle vers l’éternité (2012). Depuis, elle a quitté son travail de journaliste radio et vit de ses livres et de ses conférences. Elle ne se fait pas payer pour ses « consultations ». Or donc, au cœur du confinement de mars 2020, elle dit être entrée en contact avec son ange gardien. Sa surprise fut totale lorsqu’elle apprit l'identité de son visiteur : Walter Höffer, né en 1902, mort en 1982, ayant partagé sa vie entre l'Allemagne (nazie) et l'Argentine, pays refuge où il finit ses jours comme viticulteur.
Au début, elle qui est d’une famille de résistants, ne voulait pas communiquer avec ce « protecteur », un peu « spécial », missionné pour « veiller sur elle », temporairement (en CDD quoi, lequel a fini – à force de patience - par lui raconter non seulement ses aventures post mortem, mais aussi comment il a pu rejoindre la « Lumière », malgré ses choix criminels pendant la Seconde Guerre mondiale).
L’autrice raconte tout ça avec humour et concision. Elle passe parfois par la colère et la perplexité : ça sonne juste et vrai.
Qu’on la croit ou pas (même ses nombreuses fans sont interloquées). Le message est clair et lumineux (forcément). Walter. H lui a parlé du « travail » sur nous-mêmes auquel les bouleversements terrestres actuels nous poussent. Et il l'a invitée à réfléchir sur le « pardon », non tel que nous le concevons, mais comme une énergie qui calme les souffrances, en libérant de l'emprise de la haine, ou du ressentiment. « Il est temps pour l'humanité d'avancer, lui a-t-il dit, et pour soulager notre monde, il faut définitivement soigner les plaies de son histoire. ».
Même l’immonde A.H - qu’elle n’ose pas nommer, comme Voldemort, dans Harry Potter - , ferait ce fameux travail dans « l’au-delà ». Le dit Adolphe passe par un banquier médium italien, féru de musique classique, qui n’en demandait pas tant (la charge est non ne peut plus lourde), pour communiquer son lent parcours vers l’amour et la paix… Et là, on se dit : elle y va un peu fort, la Médium, quand même ! Mais pourquoi pas… Ce serait logique, après tout. Souhaitable. N’a-t-elle pas vu, dans un documentaire, une rescapée de l’holocauste embrasser son bourreau ? Evidemment, ça n’est possible que si le dit persécuteur criminel a fait son mea-culpa.
Cette surprenante rencontre, Patricia Darré la partage avec nous dans un récit sobrement titré : Mes rendez-vous avec Walter Höffer. Alors, ou bien cette femme est géniale, car il faut oser l’inventer une histoire pareille ! Ou bien c’est vrai. Authentique. Sincère. Et seul le message compte : il faut pardonner, aimer, car cela nous entraîne sur le chemin de la bienveillance (et de la Lumière). Amen ! Ta fraise, ma sorcière bien-aimée… moi aussi je veux parler à mon ange-gardienne. Ne serait-ce pas la littérature ? Car ce livre se lit d’une traite, tant ça coule. Ce qui ne gâche rien.
Mes rendez-vous avec Walter Höffer,
de Patricia Darré, 188 p, 17, 95 €, Michel Lafon.
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